jeudi 11 juillet 2013

L’intérieur dans tous ses états

Il faut sortir de Nouakchott pour se rendre compte de la diversité de la Mauritanie. De la diversité de ses problèmes, je veux dire. Un long parcours, à la fois étrange et instructif (Nouakchott – Rosso – Boghé – Bababé – M’bagne – Bababé- Boghé – Aleg – Maghta – Lahjar – Guérou – Kiffa) permet de voir la Mauritanie noire et blanche comme on n’en parle jamais ; celle où les populations partagent la même misère, les mêmes joies. Malgré tout ce qui se dit à Nouakchott sur le développement d’un pays qu’on ne voit et entend que dans les médias officiels, l’intérieur du pays vit le calvaire. Pour autant, est-ce que quelqu’un s’est demandé une seule fois pourquoi on lance des projets de nouvelles routes (R’Kiz-Méderdra, entre autres) alors qu’on peine, depuis quatre ans, à finir le tronçon de 48 km reliant la localité de Mbombry à Rosso ? Qu’est ce qui empêche la « nouvelle » ville de Rosso de vivre ? Alors que son nouvel hôpital situé au PK 7 a été inauguré récemment par le président Aziz, lors de sa visite au Trarza, les populations pour lesquelles il a été construit font de la « résistance » pour ne pas quitter la vieille ville ! Une stratégie de développement qui pousse à s’interroger sur d’autres projets de villes à Chami et à Nbeiket Lahwach. Entre Rosso et Boghé, le paysage et l’activité qui y règne font oublier les ratés d’un développement de l’intérieur que personne ne voit. La route, longue de 193 km, et bien qu’étant un vieux projet de Ould Taya, est incontestablement l’une des plus belle réalisations après la route de l’Espoir. Elle permet à des populations jusque-là marginalisées de s’ouvrir sur le monde, de circuler facilement et de pouvoir acheminer vers les grands centres urbains de Rosso et de Boghé le produit de leur labeur. Paradoxalement, la situation est différente sur le tronçon Boghé-Bababé-M’Bagne. Certes, le goudron permet de circuler plus facilement mais il ne semble pas avoir créé de réelles opportunités de développement. Même le vieux casier pilote de Boghé ne donne plus l’image de ce début des années 80 où l’on pensait que toute la Mauritanie allait pouvoir manger le riz et les légumes de la Vallée en lieu et place de ceux importés, à grands frais, de Thaïlande, du Sénégal ou du Maroc. C’est là l’exemple le plus frappant de l’échec de nos politique agricoles, même si l’on tente aujourd’hui, à renfort de milliards d’ouguiyas, à relancer une agriculture irriguée sans réelle perspective de développement. Comparées à celles du fleuve, les localités de l’Aftout, s’étalant sur plus de trois cents kilomètres, entre Maghta-Lahjar et Kiffa, ne justifient réellement leur présence que par cet amour du terroir. C’est comme si les habitants vous disent : on était là avant le goudron, on reste. Ce sont les saisons (hivernage, été) qui rythment la vie de ces populations qui vivent, pour la plupart, avec l’Espoir qui a donné son nom à la route longue de 1200 KM qui relie Nouakchott à Néma.
Sneiba

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