dimanche 2 juin 2013

Lettre ouverte à son excellence le président de la république : Kaédi, une ville en état de siège

Excellence
La ville de Kaédi est laissée à elle-même, abandonnée, délaissée, cette attitude de mépris a plongé sa jeunesse dans un désespoir profond sans précédant engendrant des conséquences dramatiques. La capitale du Gorgol connait une situation difficile depuis plus de deux décennies dans toutes les sphères de la vie politique, sociale et économique. Ce mal pèse lourdement sur sa jeunesse réputée pour son excellence et son attachement à la patrie Les autorités administratives en service sont souvent zélées et se permettent des abus de pouvoir que rien ne justifie. Nous tenterons à travers cette analyse de dresser un portait tout à fait exact de cette ville martyre qui a été jadis une cité phare qui a toujours contribué au développement du pays
1.1 -Administration :
L’administration est représentée par les beïdanes qui de surcroit s’expriment seulement en hassanya, c’est ce qui traduit une barrière linguistique et communicationnelle entre gouvernants et gouvernés au point que les populations conscientes de l’indifférence et de la négligence dont elles font l’objet, désertent l’administration qui symbolise la terreur et l’intimidation sans cesse voire une exclusion galopante à l’image d’une administration d’occupation qui sème la terreur et l’inquiétude. Le wali, le hakem, le hakem adjoint, le président du tribunal ,le procureur de la république ,le juge d’instruction, le cadi ,le directeur de la sureté ,le commissaire de police ; le commandant de la compagnie de gendarmerie le commandant de brigade de la gendarmerie ,le DRASS, le DREN ;le commandant de la garde, le commandant de région militaire ,les walis adjoints ,le directeur de la SOMELEC , le délégué représentant le ministère de la culture, le trésorier régional sont tous issus d’une seule ethnie celle arabo –berbère : c’est pourquoi les populations n’ont plus confiance à cette administration dont le souci primordial est d’instaurer une psychose et un traumatisme permanent chez elles . Pour rapprocher des populations, les autorités se doivent comprendre la langue de leur administré pour pouvoir avec une idée sur leurs valeurs culturelles et sociales en vue de les comprendre et connaitre leurs problèmes et leurs priorité, mais les représentants de l’administration ne comprenant pas le fonctionnement sociologique ’d’un milieu qui leur est étranger considèrent les autochtones comme étrangers : c’est ce qui explique souvent les divergences entre administrateurs et administrés à Kaédi. Cette administration contribue à l’officialisation de l’expropriation des terres des pauvres citoyens et distribuées à des commerçants maures venus d’ailleurs : ainsi toute la partie sise derrière l’aéroport qui était une propriété des kaédiens autochtones leur a été spoliée purement et simplement. Dans le même ordre d’idée un commerçant et affairiste se nommant Cheikhatou représentant l’UFP s’est accaparé de plus de 70 hectares appartenant aux populations de Kaédi. Les pauvres paysans sont soumis à des redevances surélevées et exorbitantes s’ils refusent de s’exécuter ils perdent leurs terres, alors que l’Etat ne prend pas les dispositions nécessaires pour que la campagne agricole démarre à temps. Les autorités administratives encouragent et favorisent la spoliation des terres des populations noires comme le hakem par exemple qui a nié catégoriquement que les rapatriés de Ganki Doumbodji puissent posséder des terres au niveau du PPG1, menaçant de les enfermer s’ils continuaient à revendiquer leurs terres pour le hakem toutes les terres appartiennent à l’Etat. Ce hakem montre une fermeté à travers des cas de spoliation. Il avait aussi refusé de trancher un autre cas de spoliation des terres de cultures appartenant à Moctar Ali Ndjim rapatrié installé dans le site de Patoukone. Cette administration manque de respect à ses administrés qu’elle est censée pourtant représentée, car toute administration sérieuse se doit de se mettre au service des administrés. Dans la zone se situant à l’ENFVA, sur l’axe Lexeiba, les walis qui se sont succédé ont spolié des terres appartenant aux populations de Kaédi, des lots de 1000 Mètre carré qu’ils revendent par la suite à des maures prétextant que ces terres relèvent du domaine de l’Etat.
2-La police :
C’est une police de répression qui se caractérise par l’excès de zèle à l’endroit des noirs qu’elle humilie quotidiennement. Les malheureux citoyens qui y séjournent subissent des répressions, des violences verbales et physiques. Elle recourt à la torture, les jeunes noirs durant leur séjour au commissariat de police sont menottés torturés même pour une accusation à la suite d’une banale affaire ne sont pas épargnés par le supplice infligé par les brigades spécialisées dans la répression constituées d’individus arrogants, indisciplinés sans aucune formation ni éthique. Une cellule de la police rédige des procès verbaux ou les aveux extorqués aux accusés y sont mentionnés. Banalement, le dossier transmis au parquet dans des conditions pareilles dramatiques débarque auprès du juge d’instruction aussi zélé et raciste que les éléments de la police qui ont rédigé le procès verbal ; confirme les charges contenant sur les fallacieux PV. L’accusé présenté devant le procureur qui ne parle que le hassanya comme le juge d’instruction des centaines d’accusés sont condamnés à des peines lourdes avec un motif très banal.
3-La jeunesse
Abandonnée et placée dans de mauvaises conditions, elle s’adonne au banditisme, à la délinquance et à la drogue, ainsi la majorité des jeunes s’adonnent à la drogue et au vol. Cette situation engendre la mise en place d’un réseau mafieux au niveau du corps de la police, souvent accusés gratuitement par des policiers qui font partie de ces réseaux qui demandent des sommes faramineuses pour libérer les jeunes accusés ,sinon sur la base de simples accusations ils sont placés en détention préventive à la prison civile de Kaédi attendant leur procès dont la sentence est connue d’avance. Il faut savoir que le réseau constitué des policiers, des membres du parquet et les gardes pénitenciers travaillent ensemble pour réduire le noir au néant.
4-La justice
Un vaste réseau mafieux est présent au parquet constitué de policiers, des membres du parquet et des affairistes connus dans le milieu des renseignements. Les prévenus et détenus de la maison d’arrêt doivent sortir des montants exorbitants pour obtenir la liberté provisoire qu’ils achètent en fait. La maison d’arrêt est remplie de jeunes tous noirs issus de la communauté noire (Peulhs, Soninké et harratin) qui développent la délinquance dans le milieu carcéral. Les lourdes peines ne sont réservées qu’aux noirs. Ces jeunes sont –ils tous mauvais ? Pourquoi tous les détenus sont noirs ? Le secteur de la justice est connu par une corruption à grande échelle, plusieurs plaintes introduites au parquet sur la personne de Dr Mohamed Cheikhna, gynécologue en activité à l’époque au centre hospitalier de Kaédi, par insouciance il a occasionné plusieurs décès des femmes dont les noms suivent : 1-Kadia Amadou, hospitalisée le 09-02-2010 et décédée le 11-02-2010 2-Djeynaba Timéra, hospitalisée le 07-02-2010 et décédée le 08 -02-2010 3-Aissata kébé, hospitalisée le 14-02-2010 et décédée le 16-02-2010 4-Hapsa Ba, hospitalisée le 15 -02-2010 décédée le 16-02-2010 5-Minetou Mint Salem, hospitalisée le 23-03-2010 et décédée le même jour 6-Aminata Gueye, hospitalisée le 04-04-2010 et décédée le 14 -04-2010 7-Naguiba Mint Messaoud, hospitalisée le 08-05-2010 et décédée le 09-05-2010 8-Batouly Kane, hospitalisée le 26-04-2010et décédée le 02-05-2010 09-Benina Mint Alioune, hospitalisée le 08 -05-2010 décédée le même jour 10-Mariata Sow, hospitalisée le 10-05-2010 et décédée le même jour La liste n’est pas exhaustive. Après une telle forfaiture les sieurs Abdrahmane Samba Dia né en 1956 à Sayéne Gababé et Sall Mouhamadou Hamady ont introduit des plaintes les 17 et 18 Mai 2010 jusque là le parquet est resté muet par rapport à leur plainte classée sans suite après avoir été menacés par le procureur. Les populations attendent toujours que justice leur soit rendue. C’est pourquoi les populations ont perdu confiance à cette justice. Entre 2010 et 2012 le procureur de la république avait saisi quatre armes appartenant à des beïdanes, nous avons appris que les armes étaient sans autorisation et avaient été remises à leurs propriétaires alors que des noirs sont désarmés prétextant qu’ils ne possèdent pas une autorisation de port d’arme. Le 15 Avril 2013, Amadou Mamadou Sow, retraité de la SNIM ayant abattu un chameau qui avait détruit ses cultures sera placé en détention préventive une semaine durant et son arme lui sera retirée par le même procureur qui avait remis des armes à leurs propriétaires qui n’avaient aucune autorisation : ce qui signifie la volonté d’armer une communauté pour désarmer une autre .
5-L’état civil
Considérés comme étrangers les noirs candidats à l’enrôlement sont soumis à des conditions difficiles, ils sont humiliés avant d’être rejetés. En connivence avec le tribunal, les candidats à l’enrôlement dont les parents sont décédés peuvent passer plus d’un mois pour chercher à établir un certificat de décès mais le plus souvent le président du tribunal les soumet à de rudes épreuves les demandant de fournir des témoins. Plusieurs enfants dont les parents vivent à l’étranger ne pourront pas s’enrôler au registre d’état civil et des titres sécurisés ce qui va engendrer des conséquences dramatiques ; plusieurs mauritaniens deviendront apatrides dans leur propre pays.
6-L’Education
La conséquence de l’échec de la reforme en cours se traduit par la baisse des niveaux des élèves et le taux d’abandon élevé. L’école n’offre plus aux jeunes un enseignement de qualité capable de les garantir un avenir meilleur pouvant faciliter leur intégration futur dans la vie sociale. Le comble du mal est que les autorités ne proposent aucune alternative pouvant redonner espoir aux populations. Les principales causes ayant engendré cette situation sont : - Absence d’une de vision pour une politique éducative sérieuse - Absentéisme des enseignants - pléthorique des classes - Manque de formation des enseignants - Démission des APE - Inadaptation du contenu de l’enseignement par rapport aux besoins du marché. Cette situation inquiétante se traduit par des taux d’abandon élevés ; les nouveaux potentiels candidats dans le milieu du banditisme sont tous issus de l’école.
Absence de programme de développement :
La proportion de la population active qui vit le chômage est passée de 13 pour cent en 2000 à 31 pour cent en 2008 soit une progression de 241 pour cent .Actuellement le taux de chômage atteint plus de 50 pour cent. La prise en charge du développement régional sur le plan institutionnel ,reste l’apanage de l’administration territoriale, notamment par le biais du conseil régional de développement qui reste en réalité peu opérationnel et peu connu des acteurs régionaux du développement dans la mesure ou il n’est pas arrivé à promouvoir le développement. Cette situation catastrophique est le portrait réel de cette cité oubliée, négligée, bannie et marginalisée. Il est urgent d’entamer une réflexion dans le sens d’adopter des stratégies pour sortir Kaédi de l’enfer dont les autorités racistes et zélées le maintiennent.
Dia Mamadou Aly Infirmier à la retraite Résident à Kaédi 44 61 90 77
Source : Dia Mamadou Aly

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