samedi 8 septembre 2012

Discours prononcé par le président du parti UD (union pour le développement) Mr Barro Mohamed à Sebkha ( Nouakchott) en présence des membres du parti.

Il y a un peu plus de cinquante ans, sous une tente ici à Nouakchott, un groupe d’hommes s’est réuni et, avec ces mots simples d’indépendance, a lancé la Mauritanie dans l’improbable expérience de la démocratie en signant l’acte de naissance de la Mauritanie. Le document a fini par être signé mais est demeuré inachevé. Il a été entaché par le problème communautaire, qui a failli diviser le pays et a conduit aux événements que nous connaissons tous, les pères fondateurs malgré leurs bonnes volontés n’ont pu résoudre ce problème, et laissé la résolution finale de la question aux générations futures. Bien entendu, la réponse à la question était déjà inscrite dans notre Constitution – une Constitution dont le cœur est l’idéal de l'égalité de tous les citoyens devant la loi ; une Constitution qui a promis à son peuple la liberté et la justice et une union qui pourrait et devrait être perfectionnée au fil du temps. Et pourtant les mots sur un parchemin ne seront pas suffisants pour délivrer les citoyens de leur asservissement ni pour assurer aux hommes et aux femmes de toute couleur et de toute croyance leurs pleins droits et leurs pleines obligations en tant que citoyens de La Mauritanie. Il faudra des générations successives de Mauritaniens qui seront prêts à s’engager –par la protestation et la lutte, dans la rue et devant les tribunaux, et toujours en prenant de grands risques – pour réduire le fossé entre la promesse portée par nos idéaux et la réalité de leur temps. C’est là, l’une des tâches que nous nous sommes assignée au sein de notre parti UD – de poursuivre la longue marche de ceux qui sont venus avant nous, une marche pour une Mauritanie plus juste, plus égale, plus libre, plus attentive et plus prospère. J’ai choisi de me présenter devant vous à ce moment précis de l’histoire parce que je crois profondément que nous ne pouvons pas affronter les défis de notre temps à moins de le faire ensemble - à moins que nous n’améliorions notre union en comprenant que nous pouvons avoir des histoires différentes, mais que nous portons les espoirs communs ; que nous pouvons ne pas avoir la même apparence et ne pas venir des mêmes endroits, mais que nous voulons tous aller dans la même direction – vers un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants. Cette croyance vient de ma foi inébranlable dans la décence et la générosité du peuple Mauritanien. Mais elle vient aussi de ma propre histoire Mauritanienne. La coexistence des différentes entités qui composent le pays est un sujet que, je crois, notre pays ne peut se permettre d’ignorer maintenant. Nous commettrions la même erreur que l’auteur des actes offensants à propos de la foi musulmane – de simplifier et de « stéréotyper » et d’amplifier le côté négatif des choses au point de distordre la réalité. Le fait est que les commentaires qui ont été faits et les problèmes qui sont remontés à la surface ces dernières semaines reflètent les complexités de la question communautaire dans notre pays sur laquelle nous ne nous sommes jamais vraiment penchés – une partie de notre union qui reste à améliorer. Et si nous ne les abordons pas maintenant, si nous nous retirerons dans nos coins respectifs, nous ne serons jamais capables de nous unir pour relever des défis tels que la santé, l’éducation, la nécessité de trouver de bons emplois pour chaque Mauritanien. Au lieu d’une évolution harmonieuse entre nos communautés, c’est une impasse dans laquelle nous sommes coincés depuis des années. Contrairement à ce que prétendent certains de nos critiques, nous ne sommes pas assez naïf pour croire que nous pourrions en finir avec nos divisions en notre seul présence ici et ailleurs. Mais nous avons toujours affirmé notre conviction profonde – une conviction qui prend racine dans notre foi en Dieu et dans notre foi dans le peuple mauritanien – qu’ensemble nous pouvons aller au-delà de certaines de nos blessures engendrées par la cohabitation, et qu’en fait nous n’avons pas d’autre choix si nous devons poursuivre notre voie vers une union plus parfaite. Cette voie signifie reconnaître le poids de notre passé, sans pour autant devenir victimes de ce passé. Elle signifie que nous devons insister pour que l’équité soit assurée dans tous les aspects de la vie mauritanienne. Mais elle signifie également que nous devons lier nos revendications particulières – meilleurs services de santé, meilleures écoles, meilleurs emplois – aux aspirations plus larges de tous les mauritaniens. Elle signifie aussi que nous devons assumer entièrement la responsabilité de nos propres vies : en exigeant davantage de nos pères, en passant plus de temps avec nos enfants, en leur lisant, en leur apprenant que, quand bien même ils seraient amenés à faire face aux défis et à une discrimination dans leur vie à eux, ils ne devront jamais se laisser aller au désespoir et au cynisme ; ils devront toujours croire qu’ils sont maîtres de leur destin. Mais nous savons – nous l’avons vu – que la Mauritanie peut changer. C’est là le vrai génie de ce pays et de son peuple. Ce que nous avons déjà réussi à accomplir nous remplit d’audace et nous permet d’espérer tout ce que nous pouvons et devons accomplir demain. Pour la communauté maure, la voie vers une union plus parfaite signifie de reconnaître que les maux qui tourmentent les autres communautés n’existent pas uniquement dans leurs esprit; que l’héritage de la discrimination – et les cas actuels de discrimination, bien que moins flagrants que par le passé – sont réels et méritent une réaction. Non seulement verbale, mais concrète : investir dans nos écoles et nos communautés ; appliquer nos lois sur les droits civiques et garantir l’équité de notre système pénal ; proposer à la nouvelle génération l’ascenseur social qui a été indisponible pour les générations précédentes. Cette voie implique que tous les mauritaniens comprennent que les rêves des uns ne se réalisent pas nécessairement au détriment de ceux des autres ; qu’en investissant dans la santé, et l’éducation des enfants de toutes les couleurs, nous allons, en bout de course, aider la Mauritanie toute entière à prospérer. Alors, en fin de compte, ce qu’il nous faut, ce n’est ni plus ni moins que ce que la religion musulmane demande : que nous agissions envers les autres comme nous voudrions qu’ils agissent envers nous. Soyons gardien de notre frère, nous enseigne l’Ecriture. Soyons gardien de notre sœur. Trouvons cet intérêt commun que nous avons les uns dans les autres, et que cet esprit-là soit également présent dans notre politique. Cette union ne sera peut-être jamais parfaite, mais les générations successives ont montré qu’elle peut toujours être améliorée. Et aujourd’hui, chaque fois que je doute et je suis cynique au sujet de cette possibilité, ce qui me donne le plus d’espoir est la génération suivante – les jeunes dont les attitudes et les croyances et l’ouverture au changement ont déjà fait l’histoire. Propos recueillis par Diop Mohamedou Abou dit Hbodiel CP le véridique. www.cridem.org Source : Albert camus Diop

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