lundi 10 octobre 2011
A propos des terres agricoles à Boghé : Qui berne qui à la présidence de la République ?
Une mission intercommunale de suivi de la question foncière dans le département de Boghé où l’Etat mauritanien compte mettre à disposition 40.000 ha de terres cultivables, au profit d’un investisseur saoudien, a récemment séjourné à Nouakchott.
Objectif : Rencontrer la communauté vivante à Nouakchott pour lui faire le point de la situation et les autorités en charge de ce dossier foncier, notamment le ministre du développement rural et le ministre des finances en vue de transmettre le message des populations.
Au cours d’un point de presse organisé samedi dernier, M. Djigo Moussa Abou a entretenu les journalistes de leur rencontre avec les ministres des finances et du développement rural.
Auparavant il a indiqué que la mission a eu à rendre une visite de courtoisie à certaines personnalités et notables du département comme le colonel Dia Amadou Mamadou, le colonel Dia El Haj Abderrahmane, Bâ El Haj sénateur de Boghé, Kebbad Ould N’Deya député de Boghé et le colonel Dia Adama Oumar. Le deuxième temps fort de cette visite a été la réunion tenue au domicile du colonel Dia Amadou Mamadou où toutes les communautés du département avaient été conviées.
Au cours de cette réunion, des voix se sont élevées pour proposer la mise en place d’une commission mixte devant rencontrer les ministres en question. Djigo Moussa Abou a tenu à relever que quand ils ont déposé leur dossier à Boghé, répondant au nouvel avis public, des cadres de la localité se sont constitués rapidement en commission technique et sont allés à la rencontre de l’autorité.
En fait même si M. Djigo s’est gardé de le dire, l’assistance à très vite compris l’objet de la manœuvre. Certains cadres et élus du département majoritairement ancrés à l’UPR, ne veulent laisser apparaître qu’ils sont ignorés des populations. C’est pourquoi la constitution de cette commission mixte n’a pas été facile à mettre en place. Histoire de sauver les apparences.
C’est ainsi que Bâ El Haj sénateur du département et le Colonel Sidi Ely accompagnés des mandataires légitimes des populations ont rencontré le ministre du développement rural vers 12 h 30. Notons que la commission technique montée en épingle, est présidée par Bâ El Haj sénateur du département. Au cours de cette rencontre avec le patron du développement rural, M. le ministre n’a pas manqué de faire les éloges de cette « commission technique ».
En vérité, pour tout dire, derrière cette manœuvre se profile l’ombre du Colonel Dia Adama Oumar chef d’Etat Major particulier du chef de l’Etat. Selon nos informations, M. Djigo Moussa Abou en qui les populations ont placé leur confiance, a déjà subit les foudres du régime.
Employé municipal de la commune de Boghé, les autorités locales instruites en haut lieu, ont fini par le mettre à la retraite. Bien avant, le chef d’Etat Major particulier du chef de l’Etat l’a déjà rencontré lors d’une visite éclair à Boghé, dans son ranch caché de Ari Haara, pour le dissuader de laisser tomber ce dossier. Il n’a jamais pu convaincre Djigo Moussa du bien fondé de sa plaidoirie de très mauvais goût.
La vallée gronde.
Il va sans dire que si l’Etat persiste à vouloir gérer avec qui il veut et comme il l’entend ce dossier hyper sensible des terres agricoles, il y’a fort à craindre que cela ne dégénère si jamais il reste sourd au message des populations. Des exemples sont légions par le passé. Des populations se sont révoltées contre l’accaparement de leurs terres (Sylla dans le département central de Kaédi, Dar El Barka dans le département de Boghé). « Un homme avertit en vaut deux », dit le vieux dicton.
D’autant que la grosse surprise pourrait venir du département de M’Bagne où les populations sont en alerte depuis que deux conventions de financement ont été signées pour le montage d’un complexe agro-industriel dans le cadre du projet sucrier du Brakna. On le sait qu’il va être mis à disposition au profit de l’investisseur soudanais plus de 11.000 ha de terres cultivables pour la production de cannes à sucre.
L’Etat cache ses intentions aux populations. Toutefois, plusieurs spécialistes de la question pensent qu’il compte faire main basse sur les terres cultivables situées à l’ouest du département de M’Bagne. Certains villages à l’exemple de Sorimalé en bordure du fleuve, MBotto, Tchila, Garlol et autres petits villages seraient menacés de déguerpissement. Après les émeutes sanglantes anti recensement, voilà le front du foncier qui menace.
Moussa Diop
Cridem
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