vendredi 15 octobre 2010
SOMELEC/Retard dans la construction de la centrale de Nouadhibou: Les dessous de l’affaire! (Suite).
Suite à notre article (L’arnaqueur arnaqué relatif au retard d’exécution dans la construction de la centrale électrique de Nouadhibou Le QDN N°613 du 6 octobre 2010), nous avons été contactés par la Somelec via son chargé de communication. L’entrevue a été organisée dans les locaux de l’entreprise. L’objectif annoncé était de livrer les «bonnes informations» sur le sujet en faisant blackout sur l’objet de notre article centré sur le rôle de l’ingénieur conseil et un marché de gré-à-gré renouvelé avec lui.
Pour la Somelec, il n’y a jamais eu qu’un seul avenant au marché passé avec l’ingénieur conseil Lahmayer Iinternational (Janvier 2009). Ce dernier est pourtant notoirement connu pour être black listé pour sa pratique de corruption. La BM l’a suspendu de tous ses projets jusqu’en 2013. Mais il semble retrouver un autre champ en Mauritanie (Aftout Es-Sahili en 2007 et Centrale électrique de Nouadhibou en 2007 aussi) pour cultiver cette pratique. Mais qu’à cela ne tienne puisque la Somelec, même si elle reconnaît cet avenant, précise que le choix de l’ingénieur conseil est antérieur à la prise de fonction de la nouvelle direction. Le premier marché remporté par l’ingénieur conseil est d’une valeur de 680 milles euros, après un appel d’offres. De plus, l’entreprise lui a adjugé un avenant, qui ne devrait pas dépasser les 30% de la valeur de son marché, comme le stipule le code des marchés publics. Pourtant nous savons maintenant qu’après le refus de la commission des marchés de Somelec d’avaliser un autre avenant, un marché de gré-à-gré de 718 mille euros , donc supérieur au marché initial, lui a encore été attribué, sans autre forme de procès en Décembre 2009. De quoi susciter une avalanche de questions sur la nature des rapports entre cet ingénieur conseil, qui traine des casseroles, et la nouvelle équipe à la tête de la Somelec.
Choix cornéliens!?
Selon l’entreprise pour bien comprendre la situation, il faut remonter le temps. Le contexte politique post putsch a conduit le bailleur (FADES) a simplifié ses procédures afin de permettre à l’entreprise de continuer à exécuter le projet tout en restant lui-même en retrait sans renier ses engagements. C’est dans ce contexte, marqué par un fort différend entre l’Ingénieur Conseil et l’Entreprise , que l’actuel DG a pris fonction. Il prenait ainsi le train en marche et se serait fixé comme objectif d’accélérer l’exécution du projet de construction de la centrale de Nouadhibou tout en gardant le même ingénieur conseil. L’explication avancée par la Somelec est qu’ un nouvel appel d’offres pour choisir un autre ingénieur conseil lui ferait perdre encore du temps alors qu’elle n’était pas assurée que l’éventuel suppléant accepterait le travail déjà effectué avant lui.
Dans cette logique, la Somelec se retrouve otage de Lahmeyer international qui ne s’est pas privé de saisir une telle opportunité.
Pour la Somelec encore, le retard dans l’exécution de la construction de la centrale proviendrait à 80% de l’inexécution du volet génie-civil confié à la EGB. Ici, IMM a aisément trouvé remplaçant à l’exécutant, en l’occurrence MCE (groupe Ciment de Mauritanie). On remarquera que la Somelec ne parlera pas de la responsabilité de l’ingénieur conseil alors que les différentes phases d’exécution du génie civil étaient systématiquement bloquées par les retards d’approbation de Lahmeyer International, pendant que ses ingénieurs sont maintenus in situ et facturés à la Somelec probablement pour «faire de la pêche »…au fric ! D’où l’exacerbation de son conflit avec l’entreprise belge.
Le même mutisme est observé par la Somelec sur la crise de confiance qui s’est installée à tous les niveaux de la structure portant préjudice à la coordination générale et notamment aux relations entre IMM et Lahmayer International alors que le bon sens et la recherche de célérité dans l’exécution du marché lui dictaient d’établir un diagnostic objectif de la situation et d’arbitrer, le cas échéant, le clivage entre l’entreprise et l’ingénieur conseil au lieu de se croire «rassurée par la mésentente» entre les deux parties en conflit ouvert. Pour justifier cette position, la Somelec cite en exemple le succès de la centrale d’Arafat qui avait été exécutée par Wartsila suivant les règles de l’art et dans les délais impartis. Pourtant le génie civil avait été réalisé par MCE (Groupe Ciment de Mauritanie) qui a encore repris celui de Nouadhibou depuis janvier 2010. Le montage avait été réalisé par IMM en charge de la centrale de Nouadhibou. Wartsila avait fourni les groupes électrogènes comme prévu pour Nouadhibou. Pourquoi donc ça ne marche pas aussi bien dans le cas de la centrale de notre capitale économique? La seule réponse plausible est que pour Arafat, il n’y avait pas un ingénieur conseil comme Lahmeyer.
Pas un sou de détourné et pourtant beaucoup de bruits
Excéptés le rôle de Lahmeyer et le marché de gré-à-gré à son profit , il est bien clair qu’aucun détournement n’a été enregistré. « Pas un sou de détourné et pourtant beaucoup de bruits » s’étonne le porte-parole de Somelec.
Cette dernière avait ouvert une lettre de crédit auprès de la Banque du bailleur assortie de deux conditions pour paiement : une autorisation d’expédition et un PV de réception en usine.
Sans doute désinformé lui-même par l’Ingénieur conseil, le DG de la Somelec semble avoir paniqué en constatant que 11 millions d’euros avaient été prélevés sur le crédoc.
L’affaire, puisque c’en est une maintenant, a été portée devant le président de la République. On le sait ce dernier ne badine pas avec les détournements de fonds publics. Le marché de construction de la centrale de Nouadhibou est réalisé pour un coût de 23 millions d’euros sur financement FADES. Instinctivement, après le constat de l’utilisation des 11 millions d’euros, le DG a envoyé des demandes d’explication à ses proches collaborateurs pour leur faire porter le chapeau. Mais après pointage avec IMM, il a été constaté que ce montant correspondait effectivement aux prestations réalisées sur le site hormis un prétendu excédent de 300 milles euros que la Somelec considérait comme dépassement. Et comme les cautions de bonne exécution venaient naturellement à échéance, du fait du retard du projet lui-même, Lahmayer International dans sa stratégie belliqueuse pour discréditer IMM a cherché à exploiter auprès du DG cette situation de fait (dépassement de 300 milles euros et validité de cautions expirée) arguant de la possibilité pour l’entreprise belge de se «défiler » et aller vers la voie de l’arbitrage avec Somelec; occultant volontairement que les groupes électrogènes avaient été déjà réceptionnés en usine (ex-work) depuis 2009 mais non encore livrés en attendant son feu-vert (approbation du site d’installation).
Paniquant devant une telle présentation de l’Ingénieur conseil, le DG a informé le FADES et les plus hautes autorités du pays de la version des faits suscitée par Lahmeyer International.
Selon la Somelec enfin, le FADES aurait pris contact avec l’entreprise belge qui s’est dit disposée à renouveler les cautions et à aller de l’avant dans l’exécution du projet. Ce qui suppose que cette dernière aurait été rassurée et Somelec aussi, en dépit de la cacophonie suscitée.
Mais le DG réalise-t-il qu’il a déchaîné du fait d’une information tendancieuse une tempête dans un verre d’eau? Puisque les responsables sanctionnés ont été blanchis va-t-il enfin payer le tribut du renouvellement du marché de Lahmeyer International par une procédure de gré-à-gré normalement caduque? Une affaire qui continuera à faire des vagues. Alors wait and see!
A suivre donc
Jedna DEIDA
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