mardi 28 septembre 2010

Rencontre des Chefs d’état-major à Tamanrasset: Sortir de l’immobilisme !




Les dernières attaques de l’Armée mauritanienne contre des bastions de l’Aqmi mettent fin à l’immobilisme dans lequel baignait la région soumise à la guérilla de l’Aqmi. Quatre pays, les plus touchés par l’activisme de la nébuleuse, Mauritanie, Niger, Mali et Algérie, amorcent une action commune. Ce noyau devrait être étendu à d’autres pays concernés par ce phénomène.

Jusqu’ici éparse et sans réelle incidence sur la reconstitution des bastions de la nébuleuse terroriste et sur sa menace contre la stabilité de la région, la lutte armée s’organise sur le terrain à la suite de la réunion de Tamanrasett (Sud de l’Algérie) à laquelle ont pris part les premiers responsables des armées en Mauritanie, au Niger, au Mali et en Algérie. Une réunion extraordinaire axée sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Selon les responsables algériens, s’exprimant à la télévision nationale de ce pays, dimanche, il y a urgence à «se concerter », « à mettre en commun les moyens » et « à favoriser les échanges d’informations».

Tels sont en tout cas les propos du Chef d’état-major de l’Armée algérien, le général Ahmed Gaïd Salah, devant ses pairs des quatre pays présents.

Etendre la lutte à d’autres pays concernés.

Depuis la Conférence d’Alger sur la sécurité dans la région sahélo-saharienne contre le terrorisme des évidences montrent bien que cet effort visant à endiguer le phénomène ne peut ignorer d’autres pays concernés par cette menace. Au nombre de sept (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Algérie, Burkina Faso et Libye) dont ne prennent part aujourd’hui que quatre à la rencontre extraordinaire de Tamarassett, la vision «intégrée coordonnée et solidaire» de la lutte devrait aussi prendre conscience de l’indispensable participation d’autres pays comme le Tchad, le Nigeria ou encore le Maroc.

Il y a à craindre, qu’à ce stade, les antagonismes entre Etats (Algérie-Maroc) n’aient des relents d’une lutte « chasse gardée ». C’est à l’aune des dépassements de ces clivages politiques entre pays voisins et menacés que la lutte contre Aqmi prendra tout son sens.

Les plus durement touchés.

Même si tout le Sahel n’est pas épargné par les actions parfois spectaculaires de l’organisation terroriste de Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi), l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie offrent aujourd’hui le terrain de prédilection pour l’action de cette organisation. Ce phénomène transfrontalier crée d’ailleurs une véritable suspicion sur ses origines et enfonce toute la sous-région dans une ambiance d’instabilité délétère. Après donc évaluation des dangers que fait courir cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de tous les pays de la sous-région, le temps est aujourd’hui à la riposte.

Attaques armées et séries de prises d’otages européens dont les rançons alimentent les caisses de l’organisation terroriste, les pays prennent conscience de la gravité de la situation. Les Chefs d’état-major des quatre pays ont donc eu l’occasion d’évaluer à Tamaransett la menace et les moyens à mettre en œuvre pour y faire face. Ce nouveau conseil de guerre n’a pas pourtant établi de calendrier sur le déploiement des armées sur le terrain encore moins sur les moyens dont chaque pays fera montre.

Mais le premier acte de cette riposte semble être une occupation de l’espace laissé depuis longtemps aux mains de l’organisation terroriste et des bandits de grand chemin qui s’adonnaient aux trafics en tous genres (drogues, cigarettes, armes…). C’est là probablement un premier acquis notamment pour le pays hôte, l’Algérie, qui en invitant à «compter sur nos propres moyens» émettait «diplomatiquement » ses réserves sur la participation directe des français à cet effort de lutte l’Aqmi notamment aux côtés des autorités mauritaniennes, au nom de la souveraineté des Etats.

Il faut néanmoins rappeler que dans le sillage de la stratégie de lutte contre l’Aqmi dans le Sahel, adoptée lors de la réunion d’Alger, le Commandement de ses forces disséminées dans le désert à la traque des activistes terroristes, sera dirigé, à tour de rôle, par chacun des état-major.

Cette opérationnalité suppose également un quadrillage par les forces des pays de leurs propres frontières afin d’éviter des renforts logistiques notamment et des incursions transfrontalières venant d’autres pays non encore impliqués dans cette lutte commune. Alors, un pour tous et tous pour un? Wait and see !

Jedna Deida


Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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