vendredi 7 mai 2010

Campagne d’implantation de l’Union Pour La République: Mic-mac au Brakna




Après plus de trois semaines d’intenses et variées manœuvres, la campagne d’implantation de l’Union Pour la République (UPR) touche à sa fin. L’opération, qui constitue un véritable baromètre de l’audience de la formation politique de Mohamed Ould Abdel Aziz, n’a, malheureusement pas, permis à ses responsables d’éviter les travers que prirent, par le passé, d’autres «artisans» d’autres formations politiques, obsédés d’hégémonie. Les nombreuses transgressions, qui ont émaillé l’opération, au Brakna, ne sont, certainement, que le reflet de ce qui s’est passé à travers tout le pays, et les responsables nationaux de ce parti naissant dont le président de la République se targuait de faire l’élite démocratique du pays, doivent déchanter. Faute de mobiliser les populations, fatiguées par les mêmes discours véhiculés, depuis tant d’années, par les mêmes personnes, les mêmes opérateurs politiques locaux, en complicité avec les émissaires du parti, ont perpétué les mêmes fraudes, selon les mêmes combines, afin de paraître, aux yeux de la direction centrale, comme les serviteurs exemplaires d’une cause pas encore gagnée. Pratiquement dans toutes les moughataas du Brakna, c’est massacres, faux et usage du faux.
Partout la même obsession de faire comme si, subitement, toutes les populations adhéraient, inconditionnellement, aux idéaux et aux principes de la formation du président que, paradoxalement, certains responsables s’empressent de critiquer en privé. Le cas d’Aleg, par l’ampleur des atteintes et des manquements, illustre, à lui seul, le risque que certains responsables font courir à l’UPR de bâtir ses fondements sur des bases fausses.

Des chiffres qui parlent
De tout temps, la ville d’Aleg, malgré toutes les acrobaties comptables, affichait un peu plus de 4.000 électeurs. Aux dernières élections présidentielles, le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a recueilli 1.300 voix, un score très flatteur, dans une ville encore très en colère contre le tombeur de son enfant prodige, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Au temps de Maaouya, lorsque l’administration offrait toutes les facilités, quand l’argent coulait à flot, au temps où les diables adhéraient, s’inscrivaient et votaient, les gens du PRDS, beaucoup plus zélés qu’aujourd’hui, n’avaient jamais réussi à «inventer» plus de 35 comités de base. Comment ont-ils pu, aujourd’hui, alors que deux des plus populaires statures d’Aleg, Sidamine Ould Ahmed Challa et Cheikh Sidi El Moktar Ould Cheikh Abdallahi, sont encore membres de la coalition de l’opposition démocratique, mettre sur pied plus de 70 comités (71, exactement) dans cette seule ville? Un comité de base est constitué de 80 à 100 personnes. Un petit calcul permet de rendre compte de l’ampleur de la supercherie. Sur le plan purement arithmétique, les adhérents de l’UPR à Aleg seraient, au minimum, 5.600, c'est-à-dire plus que tous les électeurs de la ville, en juillet 2008!

Histoire de fratrie
Le principal reproche fait à l’un des principaux leaders politiques locaux de la ville, il y a quelques années, fut d’avoir placé son frère à la tête de la mairie. Mais décidément, il semble avoir fait des émules. Qui n’aime pas son frère? Les hommes politiques d’Aleg les aiment, manifestement, un peu trop, au point de leur réserver tout, au détriment des autres. Le responsable nouvellement désigné de la sous-section de l’UPR, à Aleg, est le frère de Sidi Ould Youma, un des premiers soutiens du coup six-aoûtard. Le ministre Mohamed Abdallahi Ould Oudaa préparerait son grand frère à briguer la section du parti, au niveau de la capitale du Brakna. Les deux hommes se sont beaucoup (trop?) investis dans la campagne d’implantation. Un groupe de cadres de la ville les accuse, même, d’avoir pesé, avec la complicité du coordinateur régional, de tout leur poids, pour marginaliser des porteurs de voix de plus de quatorze comités de base, au point de ne pas leur accorder un seul délégué. «Alors qu’ailleurs dans le Brakna, tout a été fait par consensus, ici, à Aleg», confie l’un de ces cadres, «la coordination, pour plaire à certains, à procédé de manière à mettre hors-jeu notre groupe». «Au lieu», renchérit un autre, «de chercher à concilier les gens de Bouhdida, le ministre des Mines aurait dû aplanir les divergences, ici». Paradoxalement, sur les 18 délégués d’Aleg, certains dépendent d’autres communes. Un travail en amont, en vue des prochaines empoignades pour la conquête de la section. Déjà, à travers toute la moughataa d’Aleg, les manœuvres ont commencé pour séduire les 104 délégués – 18 à Aleg, 12 à Agchorguitt, 20 à Bouhdida, 12 à Cheggar, et 42 entre Male et Dielwar – qui constituent le collège électoral du département. Une belle bagarre en perspective qui mettra aux prises Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, ministre de l’Industrie et des Mines, les députés Aminetou Mint Maouloud, El Houssein Ould Ahmed Hadi et son frère Zeini, Dah Ould Abdi l’ex-ministre et ambassadeur, le doyen Ismail Ould Amar, le directeur du cabinet du Premier ministre, Alioune Ould Issa, l’ancien député Sidi Ould Youma, entre autres, pour le contrôle d’une structure symbole d’une place au soleil. Bref, une poignée d’hommes politiques, bien connus de la scène politique locale, comme un réchauffé resservi au public. Comme quoi, la retraite politique dont le président Ould Abdel Aziz est un des chantres, n’est, manifestement pas, pour demain.
Sneiba El Kory depuis Aleg
sneibak@yahoo.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire