dimanche 9 mai 2010

Qualité des eaux et morbidités dans les villes minierès du Tiris Zemmour.

Les sociétés minières sont connues pour le peu d’enthousiasme qu’elles mettent à se préoccuper d’environnement et de qualité de vie. Leur politique est simple : exploiter le gisement fossile au moindre coût et souvent au détriment des populations autochtones (dans le nord de la Mauritanie ce sont des éleveurs de camelins, ovins et caprins qui représentent la deuxième économie du pays).

En Afrique la presque totalité des exploitants miniers sont d’origine occidentale. Ils ne subissent pas comme en Europe la pression des associations locales ou régionales qui, agissant comme des gardiens de la qualité de vie, mettent en place des observatoires indépendants et exigent la transparence.

En Mauritanie, la situation est différente et cela permet aux sociétés minières d’agir en toute impunité en effectuant des prédations sur le milieu aussi bien humain que naturel : délitage du milieu socio-économique, pollution environnementale, augmentation de la morbidité…

Dans le Nord de la Mauritanie, au Tiris Zemmour, les éleveurs nomades (l’élevage représente16 % PIB mauritanien) sont priés de déguerpir pour laisser la place aux miniers qui s’intéressent au pactole ferroviaire. Le fer renaît de ses cendres avec le boom boursier de 2006. L’action remonte en flèche mais la satisfaction globale n’est pas au rendez vous. Des dizaines de milliers de réfugiés économiques viennent grossir les gazras (bidonvilles) des villes minières, vivant de leurs déchets.

L’eau distribuée par les compagnies minières n’est pas potable et l’état épidémiologique déplorable. Pourtant, le fer en Mauritanie ne représente que 12 % de PIB : soit une productivité beaucoup moindre que celle de l’élevage. Malgré cela, l’Etat mauritanien vise de passer d’énième à 1er fournisseur de la planète et distribue des concessions à vau-l’eau au détriment des populations locales actuelles et surtout à venir.

Ce problème social est en train de devenir un cauchemar pour les populations avec la nouvelle « ruée vers Le fer » en Mauritanie. Au niveau sanitaire, les compagnies sont incapables de démontrer l’innocuité des eaux de distribution. Mais en 2003, 2004 et 2005 des enquêtes menées par des bénévoles ont prouvé l’existence d’une importante pollution. En zone urbaine par exemple, l’eau dépasse 10 fois la norme admise de 0,1 m Sievert/an pour les eaux de boisson.

D’autre part, les aquifères sous-jacents ne sont pas protégés des pollutions générées par les activités de surface et : - les phosphates issus des détergents polluent la nappe des grès. - plus de la moitié des réserves en eau des nappes est hors norme quant aux nitrates. L’origine de la pollution doit être démontrée, car on soupçonne fortement les explosifs nitrés utilisés en tir de mine. Cette même situation se répète à Akjoujt, une autre ville minière de L’Inchiri. Avec un tel bilan, on est surpris d'apprendre que la SNIM veut obtenir, la certification ISO 14001 pour bonne gestion environnementale.

L’usine continue de procéder à des tirs de mines, de bruler des déchets et des stocks de pneus, au détriment des villes de Zouerate et de F’derick (voir les Aghzazirs à la sebkha d’Idjil, les R’Gueibatt à Tichla, les K’dadra à Bir et les Torchanes à Choum) sur lesquelles retombent les particules de carbone et… on ne sait quoi d'autres ? Mais les malversations ne s'arrêtent pas là. Les compagnies minières fournissent aux maraîchers de la région une eau non conforme aux normes d’irrigation.

Cette eau provient des lagunes d’épuration des eaux usées qui n’ont jamais été contrôlées depuis 20 ans. Elle est biologiquement et chimiquement fortement polluée : - Les teneurs en Coliformes fécaux dépassent 1000 fois celles requises par l’OMS. - les agents de la parasitose intestinale ne sont pas diagnostiqués. - La présence de Salmonella typha (l’agent de la typhoïde) est très préoccupante - La tuberculose, la pneumoconiose et l’asthme sont fortement présentes. Pourtant cette situation est connue depuis longtemps des services publics et des sociétés exploitantes.

Au temps de La MIFERMA, le Ministère de la Santé déclencha une alerte sanitaire pour juguler une importante épidémie dans la région. Malgré cela, tous les ans, les autorités sanitaires enregistrent toujours un fort pic de contamination inexplicable. Les rapports annuels de la Direction Départementale de la Santé montrent que l’ensemble des villes minières du Nord-Mauritanien présente des taux de morbidités élevés, Alors, devant de tels faits avérés, pourquoi la situation continue t’elle de se dégrader ?

Par mesure d’économie, les sociétés minières refusent d’assurer leurs obligations vis-à-vis des peuples autochtones et de l’environnement. Ceci ne peut se faire sans le silence des autorités politiques mauritaniennes, la neutralité de la France et l’aveuglement de l’Union européenne qui investit dans le secteur minier en Mauritanie.

S Professeur Sidi ould Bobba
D.E au Collège (3) Zouerate


www.cridem.org


Info source :
hathlele

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