jeudi 16 août 2012

Mauritanie: déficit en eau potable à Atar "depuis l'époque coloniale" (Maire)

La Ville Atar, capitale de la Wilaya d'Adrar, souffre d'un déficit en eau potable qui remonte à "l'époque coloniale", selon le Maire de la ville Sid'Ahmed Ould Hmeimed. Interviewé par Alakhbar, en marge de "La rencontre avec le peuple", le maire a affirmé que "les puits qui approvisionnent actuellement la ville en eau ont dépassé leur durée de vie, 15 ans, selon des études scientifiques". Mais, le ministère de l'Hydraulique avait déjà acheminé du matériel sur place pour creuser d'avantage de puits en vue d'atténuer ce problème". En ce qui concerne l'électricité, le maire a indiqué qu'en début de son mandat en 2008, "il y avait un manque cruel en matière des services publics surtout l'électricité. Maintenant, grâce aux efforts consentis dans ce sens, il n'ya plus de quartier populaire sans électricité". En réponse à une question relative à "La rencontre avec le Peuple", le maire a souligné qu'il s'agit "d'un évènement qui a ses dimensions politiques et économiques et qui se tient, pour la première fois hors Nouakchott". Il ajouté au passage que l'Adrar ne dispose de revenues d'autres que touristiques qui d'ailleurs a connu un fort ralentissement ces dernières années., ce qui s'est répercuté significativement sur les villes d'Atar, Wadan et Chinghitti". Enfin pour le maire, "La visite permet au président Ould Abdel Aziz de juger sa réelle popularité dans la wilaya". ALAKHBAR (Atar) –

Hommage a Mame N’Diack Kane : Mame N’Diack Kane et la tradition du rassembleur.

Le souvenir des choses, des biens et des personnes, est devenu fort éphémère en notre continent africain. C’est, soit dit en passant, l’une des raisons du surprenant appauvrissement d’un continent qui dispose de tant d’atouts et de potentialités… Les nouvelles générations se suffisent des événements et des personnes encore présents dans l’immédiate actualité. Le passé est souvent, aujourd’hui, toujours bien mort et bien enterré. Les personnages qui ont fait l’histoire sont, sans pudeur ni raison, jetés dans les oubliettes, cette corbeille de la mémoire. En Mauritanie, c’est même un quasi délit qu’évoquer les acteurs politiques ou économiques ou associatifs de la décade qui a précédée. Ce sont forcément des « subversifs » parce qu’ils peuvent diminuer les mérites de l’oracle et du génie ou des génies qui président aux destinées du pays. Mame N’Diack Kane fait partie de ces générations et notabilités qu’il faut, pour rester « politiquement correct », effacer des livres d’écoliers et des émissions qui évoquent le passé du pays. Son cas est aggravé par son statut de chef de canton et de Torodo, donc représentant de « la réaction », des « oppresseurs et exploiteurs », même si tout cela veut dire bien peu de choses… Nonobstant tout, et comme le disait Galilée jusqu’au bûcher : « E pur si muove !.. » (et pourtant elle tourne !..) Pourtant il a été, avec d’autres, les symboles d’une Mauritanie qui avait, à côté de comportements élitistes, organisation et théories négatives, des qualités, des comportements, des valeurs et une authenticité qui a permis au pays de préserver ses précieuses identité et diversité tout en gardant, même malgré nos errements, une forte unité. Et il n’y avait aucune antinomie entre ces concepts. Ils constituent notre enviable richesse : une vraie et objective complémentarité entre nos spécificités. Alors, l’homme de droite que je suis, même si je n’abandonne à personne « le monopole du cœur » et de la compassion, a une terrible envie de ramer à contre courant, de saluer et d’exprimer sa gratitude à une des grandes notabilités morales et politiques du pays, un des artisans de ce miracle. En somme, je souhaiterai m’acquitter de ma part de la dette de ma génération, d’autant que c’est à l’occasion de la commémoration de la disparition, il y’ à trente ans exactement de cette personnalité. Ce Kane là s’appelait Souleymane (comme le prophète sur lui le salut et la paix). Il s’appelait Saïdou (comme moi).Il s’appelait Mame N’Diack en référence à son ascendance maternelle wolof apparentée aux Brak (rois) du Oualo. Ce N’Diack qui, dit-on, a fondé Podor, le village de N’Diack (Ouro N’Diack ou Dweyra en Hassaniya). Mame N’Diak y est né en 1894. Ancien élève de l’école primaire supérieure (EPS) de Saint-louis (établissement qui deviendra « école des otages » puis « école des fils de chefs »), il servit quelque temps comme interprète à Bafoulabé, au Soudan français, actuel Mali. Il devient chef de canton de Dar el Barka (au Brakna), en 1923, à la mort de son père. Et, après de longs et loyaux services, Mame N’Diack est décédé à Nouakchott en 1976. Mame N’Diack Kane est d’une génération de notables dont le rôle unificateur est important, car ils refusaient de prendre partie entre les communautés de leur environnement. S’il se sentait, à juste titre, héritier de la culture des Hal Poular et, socialement, entièrement un Torodo et un aristocrate, rien n’apparaissait en lui pouvant indiquer des signes de rejet des autres : quels que soient leur couleur, ethnie, caste ou autres conditions. Il restera le patriarche équitable et l’arbitre plein d’une égale attention pour ses « administrés » Hal poular ou hassanophones. De plus, au niveau de notre région, Mame N’Diack suivit un étonnant itinéraire. Né à Podor, Sénégal, ayant servi au Soudan français, il finit sa vie comme chef de canton, chez lui, en Mauritanie. C’est quasiment des signes du destin annonciateurs de la mission de sa vie : celle du rassembleur au niveau du pays et de notre sous -région. De ses enfants que je connais pratiquement tous, j’ai, personnellement, trois intimes : Elimane ; Aïssata ; Amadou Tidjane. Elimane Kane, professeur, ancien ministre, syndicaliste et fonctionnaire international. Il fut mon censeur l’année, 1961-1962, où j’ai fréquenté le Lycée des garçons. Nos itinéraires n’ont depuis jamais cessé de se rencontrer, se suivre et se croiser jusqu‘à son enterrement à Dar El Barka, où j’étais présent, après son décès subit en 1988, à Genève. Aïssata Kane, ancienne présidente du Conseil Supérieur des Femmes, ancienne ministre et actuelle Présidente de l’Association Internationale des Femmes Francophones (AIFF), aux côtés de qui j’ai milité au sein des mouvements parallèles du Parti du Peuple Mauritanien en 1968, et avons, depuis lors, conservé des fraternelles relations. Amadou Tidjane Kane mon ami depuis que nous avions dix ans, lorsque je l’ai connu à une colonie des vacances à M’Bour sur « la petite côte » sénégalaise. Nous serons, deux années plus tard, condisciples au Lycée Faidherbe de Saint-Louis du Sénégal. Abdoul Mame Kane, que je connais moins est pourtant celui qui a marqué le plus le terroir et est resté le gardien des traditions familiales, en étant leur plus fidèle gérant. Il fut adjoint de son père comme chef de canton et député à l’assemblée nationale en 1959. IL sera incontournable durant le « processus démocratique » de 1991, comme élu et comme secrétaire fédéral du PRDS au Brakna. Par fidélité à la vielle « complicité » (dans son sens le plus positif et le plus sain) entre nos familles et en raison de mes amitiés avec plusieurs fils et fille de Mame Diack Kane (Allah yarhamou), j’ai voulu apporter ce témoignage. Mais, aussi, je le verse à l’histoire, objectivement, par devoir de mémoire en particulier envers ceux, anciens et nouveaux, qui ont, comme lui, avec lui et avant lui, tissé ou renforcé les solides liens entre toutes les communautés nationales de Mauritanie les empêchant, plus d’une fois, de succomber à la terrible tentation de s’entre gorger. Nouakchott le 25 El Maouloud 1427/ 24 avril 2006. Ambassadeur Mohamed Saïd Ould-Hamody. www.cridem.org Source : Adrar-Info (Mauritanie)