mardi 16 mars 2010

Grève largement suivie dans les établissements Secondaires et Techniques à Aleg et Boghé




Le mot d’ordre de grève d’une durée de 72 heures lancée par les centrales syndicales du pays a été mis en exécution par l’écrasante majorité des professeurs et formateurs des établissements secondaires et techniques. En cette matinée du 15 Mars 2010 à 8 heures, nous étions dans l’école 6 de Boghé (wélingara) où nous avons assisté à la levée des couleurs avant la rentrée en classe des élèves.

Dans cette école qui compte 6 enseignants, seuls dont une volontaire payé par les parents d’élèves, seuls 3 (la moitié) ont suivi le mot d’ordre de grève. Dans les écoles 3 (Boghé Dow) 4 (Niloy) et 5 (Boghé Dow) tous les maîtres et maîtresses ont fait faux bond à l’exception des directeurs. Par contre à l’école 7 du carrefour, aucun gréviste n’a été enregistré. A l’école 1 d’Escale, une seule institutrice est allée en grève.

A l’école II d’Escale toujours, le directeur nous signale qu’il n y’a pas de gréviste mais nous avons tout de même constaté que l’une des classes étaient tenue par un surveillant de l’établissement et un autre enseignant était absent sans qu’on sache le motif. A Houdallaye, deux institutrices ont grévé. Mais globalement, on note que dans le primaire, le mot d’ordre de grève a été très peu suivi.

Des tensions au collège

Au lycée et au collège de Boghé, le mot d’ordre de grève a été largement suivi par les professeurs. Au premier cycle du secondaire, toutes les classes étaient vides. D’ailleurs, quelques incidents se sont faits signalés lorsque la direction du collège a voulu retenir les élèves dans les salles de classes. Des élèves furieux ont non seulement refusé de rester dans les salles mais, ils se sont attaqués au personnel d’encadrement avec des jets de pierres et de cailloux.

Un professeur du nom de Kelly Baba a été touché par un projectile sur le crâne et qui a entraîné une blessure ouverte sur sa tête. Heureusement la police veillait au grain et a rapidement rétablit l’ordre en dispersant les élèves indisciplinés qui se livraient à ces actes. Hakem présent sur les lieux tentait en vain de faire revenir en classe certains élèves.


Sur 11 sections pédagogiques au lycée en cette journée de début de grève, seule 5 ont fonctionné mais la majorité des profs est partie en grève et la direction a fait appel à des membres du personnel d’encadrement pour combler le vide.


Avantages des grévistes remis en cause

Au Lycée de Formation Technique et Professionnelle de Boghé, c’est également le service minimum. Les formateurs ont dans leur grande majorité suivi le mot d’ordre de grève. D’ailleurs à la mi-journée, ils ont convoqué la presse pour dénoncer l’attitude de leur direction. Réunis dans l’enceinte de l’établissement, les formateurs par la voix de Abdarrahmane O Abdallahi o Mohamed, responsable de la section du syndical du SINAPET de Boghé ont élevé le ton contre la direction.

Le responsable syndical a déclaré en présence de ses collègues, je cite : « depuis une semaine, les syndicalistes s’activent pour que le mot d’ordre lancé par les syndicats soit respecté. Le directeur a tenu hier une réunion avec les profs et tenté d’exercer des pressions sur eux pour renoncer à la grève. Il a tenu des propos peu respectables à l’endroit de ses collègues. Il a dit que les grévistes seront privés de certains avantages ou même être suspendus. Ce n’est pas commode !

La grève ne vise pas une personne, ne perturbe pas les intérêts de quelqu’un ; elle vise à défendre les intérêts des travailleurs. C’est un droit légitime qu’exercent les travailleurs. Et je tiens à préciser que la majorité des profs du lycée technique sont en grève et deux profs réputés absentéistes ont été mobilisés pour casser la grève.

L’un d’eux, Sidi Mohamed O Mohamed Habib (prof de maintenance notamment) est suspendu. Ils ont présenté ce matin des cours qui n’étaient pas programmés dans l’emploi du temps. Les compositions étaient prévues le 18 Mars. Face à cette nouvelle situation, le directeur a demandé d’anticiper la composition. Pour ce qui est du taux de réussite de la grève, il se situe à 95%. Sur 30 profs, 28 sont grévistes ».

Le directeur de l’établissement rencontré dans son bureau a reconnu avoir convoqué les profs pour leur dire que « la grève est contre les intérêts de l’Etat ». Il nous a laissé entendre qu’il n’a pas le pouvoir de sanctionner les grévistes mais il va rendre compte à la tutelle qui est compétente en la matière. Il menacé de retirer les avantages accordés aux professeurs grévistes. D’ailleurs, il a même procédé au retrait du marché de production des tables bancs initialement confié à certains profs grévistes et qui a été cédé à un autre prestataire de la place.

Intimidations des grévistes

Par ailleurs, deux responsables syndicaux, à savoir M. Abdarrahmane O Abdallahi O Mohamed du SINAPET et Yahyé O Saleck du SIPES ont été conduits par la police devant le Hakem sur instruction de ce dernier vers 12 heures 30 minutes. Selon les deux activistes syndicaux, le Hakem les a mis en garde par rapport à la campagne de démobilisation qu’ils menaient au sein des établissements secondaires (lycée et collège).

Et les syndicalistes affirment avoir répondu au Hakem qu’ils exercent leurs droits syndicaux que leur confère la constitution. En faisant remarquer à la première autorité du département que la manière avec laquelle ils ont été conduits devant la police laisse croire qu’ils sont des criminels, Yahya a affirmé que le Hakem s’est aussitôt levé en déclarant que la séance est levée.

Défections au fondamental

Il faut signaler qu’à Bababé, seuls 6 profs ont grevé (2 à Aéré M’bar et 4 au lycée de Bababé. Dans les autres établissements, la grève n’a pas été suivie. En plus, dans l’après-midi, les instituteurs de l’école 5 et de l’école 3 ont signé une lettre d’excuse adressée au Hakem et dans laquelle ils s’engagent à reprendre les cours. Cette défection est mettre au compte de l’IDEN du département, Mohamedou O Mohameda qui œuvre sans relâche à faire échec à la grève en usant de ses propres méthodes.

Ce qu’il faut encore noter, c’est que les autorités exercent toutes sortes de pressions (tribales, familiales, politiques) sur les enseignants pour faire échouer la grève. Dans ce cadre, aucune pression n’est pas épargnée (intimidations, menaces d’affectation, de suspensions et même de radiation de la fonction publique).

Si la grève n’a pas été suivie dans le secteur du fondamentale, c’est à cause du déficit de communication entre le sommet et la base, le manque d’organisation et la peur de bon nombre d’instituteurs des représailles éventuelles qui pourraient en découler. Autre fait à signaler, l’attitude du SNEP qui a adopté une position très floue. Malgré cette attitude, Ould Younouss est resté seule dans son école 4.

Thièrno Souleymane (Brakna)


www.cridem.org


Info source :
Jules Diop