mardi 7 janvier 2014

Election: La Cour suprême rejette le recours de l'UPR contre les résultats de la commune de Néma

Election: La Cour suprême rejette le recours de l'UPR contre les résultats de la commune de Néma La Cour suprême a rejeté le recours déposé par le parti Union Pour la République (UPR) contre les résultats du second tour des élections législatives et municipales à la commune de Néma, capitale de la wilaya de Hod E-Chargui.

La cour a, également, ordonné le recomptage des voix dans certains bureaux relevant de la moughataa de Wad Nagha, dans la wilaya du Trarza.





Départ de Chami du Rallye Africa Eco Race

Départ de Chami du Rallye Africa Eco Race Le Rallye Eco Race, arrivée depuis hier à Chami en provenance du Maroc, a quitté cette localité, mardi matin en direction de l’Inchiri.

369 concurrents issus de 23 pays ont passé la journée du lundi au mardi pour cette étape de repos de Chami. Ils doivent arriver aujourd’hui à Tenadi (route de l’espoir, pk 90) pour continuer la course en direction de Dakar.

Les participants à cette 9ème édition du Rallye Eco Race ont exprimé leur joie en rencontrant la chaleur de l’accueil dont ils ont fait l’objet en Mauritanie.



Implantation des Maires nouvellement élus

Implantation des Maires nouvellement élus Le vendredi 10 Janvier devraient commencer sur toute l'étendue du territoire national l'implantation des conseils municipaux et des maires élus au cours du scrutin du 23 Novembre dernier.

Dans les capitales départementales ce seront les Wali qui superviseront et les communs rurales seront supervisée par les Hakem.

Par ailleurs on apprend que les autorités n'ont pas pris la précaution de se procurer les écharpes des Maires aussi ont demandé aux anciens maires de rendre celles qui étaient en leur possession pour les donner aux nouveaux.



Lettre ouverte à l'ensemble des ulémas, imams de mosquées de la Mauritanie et à la Uma islamique : Les damnés de Donnaye

Lettre ouverte à l'ensemble des ulémas, imams de mosquées de la Mauritanie et à la Uma islamique :  Les damnés de Donnaye [PhotoReportage] - Messieurs !Je reviens de Donnaye dans le département de Boghe. Donnaye qui est situé au bord du fleuve Sénégal, en face d'un autre qui porte le même nom, existe, de la mémoire de Mr Amadou Moctar Wane ( 00 222 41 49 43 27 ) son chef de village, depuis au plus tôt, avant la naissance de son grand père, en 1880. Allah Soubhanahou wa Ta ala, indique aux musulmans dans son saint Coran, les vraies lignes rouges à ne point franchir.

1/ ne pas humilier l'Homme
2/ ne pas verser le sang de l'Homme
3/ ne pas à´ter à l'Homme sa dignité c.a.d , prohibition totale de lui extorquer ses moyens de subsistance et de survie, de surcroît , si celui-ci est son coreligionnaire .

Le saint coran nous prévient : ... gare à ceux qui ne croient qu'à une partie du livre et en rejettent une autre ; leur sanction ici bas sera l'ignominie et refoulé au plus dur châtiment le jour de la résurrection . Sourate baghara versets 83 à 85.

Pourtant , toutes ces lignes rouges ont été piétinées et franchies allègrement à  Donnaye par l'autorité mauritanienne.

Vous avez certainement souvenance des protestations et de l'indignation des populations européennes , non musulmanes - pourtant - à  chaque fois que des individus sans foi profanent les cimetières où sont enterrés des musulmans . Ces incrédules , sans foi ni à¢mes , issus de groupuscules racistes , néo-nazis , troublent le repos de nos morts enterrés chez eux en inscrivant des graffitis sur les murs des cimetières, en aspergeant de la peinture sur les épitaphes de leurs tombes ou même en ouvrant celles-ci..

Vous avez également à  l'esprit le tollé provoqué, en Tunisie par le geste des femmes qui s' étaient enchaînées sur les grilles des cimetières de Tunis pour soutenir celle qui avait peint le mot femme sur le mur d'un cimetière de Kairouan; elles avaient été condamnées à  quatre (4) mois de prison .

Tenez-vous bien , à  Donnaye , dans la région du Brakna et à  quelques encablures de Boghe donc, bel et bien en République dit-on Islamique de Mauritanie , il s'est passé pire , c'est à  dire de plus immoral , de plus blasphématoire, de plus abjecte et de plus indicible parce qu'inhumain.

Une profanation des plus méprisables , des plus cruelles sans que personne n'aie dit mot , ni ulémas , ni marabouts et ni imams ,encore moins les hommes politiques et ceux de la société civile, tous sont restés muets.

En 1989 , Mr Hamdou Saleck se présenta au village arguant qu'on lui avait accord é un espace de 20 ha pour y aménager un projet agricole , sans présenter à  qui que ce soit l'autorisation de l'autorité.

Un jour ,devant la demande insistante des villageois à  Mr Hamdou Saleck de leur montrer l'autorisation d'occuper, délivrée par l'autorité, le préfet de Boghe, Mohamed ould Moukhaitir - dont le fils Mohamed Cheikh ould Mohamed défraie la chronique pour avoir tenu des propos blasphématoires, ces jours-ci, à  Nouadhibou - leur rétorqua que Hamdou Saleck n'a aucun papier et qu'il a fait de la "gazra" comme tous les habitants du village, étant donné que personne parmi ceux-ci ne peut montrer un papier prouvant que c'est l'état mauritanien qui les a autorisés à  y habiter depuis avant 1880.

Au fil du temps et profitant des changements fréquents des préfets, Mr Hamdou Saleck usa des mêmes subterfuges pour agrandir son domaine jusqu'à  atteindre 720 ha, après la déportation de la quasi totalité des villageois .

Les champs cultivés par les ancêtres des villageois depuis des siècles, et l'espace vital du village , se virent confisqués et attribués au seul nouveau maître de la zone, Mr Hamdou Saleck. Les villageois (pères de famille et leurs progénitures) se retrouvent ainsi dépossédés de leur unique moyen de survie et ceinturés pour ne pas dire asphyxiés par le projet de Hamdou Saleck.

Seule une venelle permettra désormais aux villageois et à  leur bétail de sortir de ce No Man's land et d'accéder à  la terre ferme de Mauritanie. Gare au propriétaire de la chèvre ou du veau , qui sortirait de cette minuscule ruelle, attirés par l'envie de brouter l'herbe verte des prés!

Mr Hamdou Saleck poussa le rubicon jusqu'à  la confiscation des cimetières qui jouxtent le projet et se situent entre celui-ci et le village pour y faire passer ses tubes et canaux d'irrigation, quitte à  déterrer les ossements de ceux qui y sont ensevelis depuis la nuit des temps.

Le préfet, Ahmedna ould Sidi Abba, avait un jour estimé que ces tombes d'anciennes personnes et de jeunes enfants ne devraient plus bénéficier d'aucune compassion. De ce fait, il a été interdit aux villageois d'y inhumer de nouveaux corps et de ne plus venir se recueillir sur la tombe d'un proche, comme notre sainte religion nous le recommande .

Depuis, les populations enterrent leurs morts sur l'autre rive du fleuve, c.a.d sur les terres sénégalaises, après une travers périlleuse. Autre exercice, non moins humiliant, les pauvres villageoises encourent chaque jour la noyade, pour aller cueillir du bois mort dans les buissons situés du coté sénégalais , l'utilisation du gaz butane étant un signe extérieur d' évolution , de développement , qui ne leur ayant pas encore atteint à  ce 21 eme siècle .Ces femmes en sont encore à  l'âge néolithique .

Pauvre village de Donnaye ! Les multiples forages accordés gratuitement par les institutions internationales pour permettre d'obtenir de l'eau potable , disséminés dans tout le reste de la Mauritanie ne leur ayant pas atteint . Ce qui oblige les villageois à  s'alimenter en eau de fleuve impropre à  la consommation humaine, les exposant au choléra et à  toutes les autres maladies diarrhéiques . Leurs malades aussi , pour se soigner , se rendent au Sénégal pour y bénéficier des soins .

L'unique présence de l'autorité mauritanienne ne se voit que par le drapeau qui flotte au milieu de la cour de l' école qui n'a été construite qu'en 2009 , c.a.d , 49 ans après l'indépendance de leur pays.

Ce n'est pas tout . Dépossédés de leurs champs qui leur permettaient d'obtenir de quoi se nourrir , c'est encore du coté du Sénégal que les villageois , récemment rapatriés en Mauritanie par Mohamed ould Abdel Aziz , continuent de b én éficier de la grà¢ce des autorités sénégalaises , qui leur permettent de cultiver leurs anciennes parcelles de terre , que le gouvernement sénégalais leur avait accordées durant leur déportation .

Chers musulmans ! N'est-ce pas là  une aberration ? Devrions-nous continuer à  observer ces privations sans broncher ? Notre chère religion ne nous empêche -t-elle pas de rester muets devant une aussi flagrante injustice?

Le village de Donnaye Mauritanie et ses campements avoisinants ( Oulad Mansour , Oulad Seyid et Mbeydiya ) , peuplés de plus de 2000 mauritaniens , ne b én éficient que de 25 ha aménagés par la Sonader plus 50 ha aménagés par un projet italien , c'est-à -dire un total de 75 ha , contre , tenez-vous bien , 720 ha , au seul Hamdou Saleck !

Est-ce équitable?

Et comme si tout cela ne suffisait pas , l'ensemble des adultes du village qui ont été recensés depuis juillet 2012 , ne parviennent toujours pas à  récupérer leurs cartes nationales d'identité . Ils sont alors des "sans papiers" chez eux .

Les notables du village ont adressé plusieurs correspondance aux autorités mauritaniennes , du Hakem de Boghe au Président de la république en passant par le Wali du Brakna et le Ministre de l'intérieur ; toutes ces complaintes sont restées sans suite.

Toutes ces aberrations , au nez et à  la barbe des hommes politiques du département de Boghe , des défenseurs des droits de l'homme , des cadres civils et militaires , et plus grave , de Mr l'ex- député de Zouerate , Wane Mamoudou , originaire de Donnaye qui n'a jamais pipé un mot à  l'assemblée nationale ( durant deux mandatures) . Ce dernier , prétextant qu'il était élu de Zouerate et qu'il ne devait parler que des cas concernant les électeurs de cette ville minière .

Arc-en-ciel , le parti mauritanien du concret , s'est rendu sur les lieux pour recueillir ces témoignages et documents . La moisson de notre visite se trouve gravée et immortalisée dans un documentaire filmé , réalisée par un jeune journaliste cinéaste mauritanien , rencontré fortuitement sur les lieux . Ce documentaire sera un legs réservé à  la postérité .

Arc-en-ciel , le parti mauritanien du concret , attire l'attention :

- du Président de la république , Mohamed ould Abdel Aziz , responsable et garant du respect du droit du citoyen ;

- de l'ensemble de son gouvernement , pour leur portion de responsabilité personnelle dans la solidarité gouvernementale .

- de la centaine de partis politiques existants , qu'ils soient satellites de l'UPR , qu'ils soient partis de connivence ou partis de complaisance ; et principalement aux partis qui se réclament islamistes ;

- de l'ensemble des citoyens mauritaniens ;

- des bonnes consciences , où qu'elles se trouvent .

Arc-en-ciel,Le PMC , se veut lanceur d'alertes et se verra obligé de recourir à  d'autres moyens si son S O S reste in entendu .

A savoir , alerter à  leur tour :

- Monsieur Macky Sall , président du Sénégal , voisin immédiat et séculaire de la Mauritanie.

- Monsieur Barack Houssein Obama , président des USA , premier gendarme du monde;

- Monsieur François Hollande , président de la France, mentor et tuteur de la Mauritanie;

- Monsieur Le Roi D'Arabie Saoudite , gardien des lieux saints de l'islam;

- Monsieur Le président de l'organisation de la conférence islamique (OCI);

Désormais ;

Avec Arc-en-ciel , le parti mauritanien du concret , le soleil brillera pour tous les mauritaniens .

In Cha'Allah ! !

Mr Balas
Président Arc-en-ciel,
le parti mauritanien du concret.
Contacts: + 222 46 02 92 95
36 32 15 26
22 02 51 70
e-mail: alassanehamadysomaba@gmail.com

e-mail: alassanehamadysomaba@gmail.com


Avec Cridem, comme si vous y étiez...


Assemblée générale du village de Donnaye.

Mr Balas s'entretenant avec Mr Amadou Moctar Wane, chef de village.


Quelques notables avec Mr Balas & Mr Wane.

Haratine, Frontiére, mobilité, cas du Hodh Charghi

Haratine, Frontiére, mobilité, cas du Hodh Charghi Si le tracé d’une ligne séparatrice entre deux espaces est souvent fruit de la volonté d’une supra-autorité; l’histoire de cette limite géographique, l’ interaction qu’elle produit, la néo-mobilité qu’elle engendre, le déni ou l’ appropriation qu’elle suscite sont quant à eux uniquement du ressort des populations vivant de part et d’autre de cette démarcation » imposée » ou » naturelle.

En exagérant à peine on pourrait avancer que l’influence des décideurs d’un découpage spatiale va rarement au delà du geste de scindement, c’est adire que ce sont les populations qui subissent la frontière qui a elles seules vont lui confectionner son histoire. L’analyse qui suit se propose de voir en quoi la frontière tout en étant fermeture peut être aussi ouverture.

D’emblée, il apparaît qu’une limitation, en partageant un lieu en deux, produit automatiquement » l’ici » et » l’ailleurs ». En cela déjà elle force le positionnement par rapport a une présence géographique et humaine: l’altérite est mise en marche.

C’est sur cette nouvelle configuration spatiale et conceptuelle que vont aller se greffer de nouvelles représentations sociales et identitaires, tantôt latentes tantôt clairement affichées selon le mode relationnel inter groupe initialement établi (posture d’affiliation; antagonisme, dépendance, allégeance…)

En quoi la pose de frontières peut elle redéfinir les perceptions de soi et d autrui dans un système hiérarchisé ? Quelles mécanismes de rupture ou prolongement sont mis en jeux pour investir ce nouveau cadre géographique et ses répercutions sur les lignes de démarcation statutaires? Comment vit-on une restriction de mouvement quand on a un statut social déjà « restreint »?

Les attitudes sont elles dans l’évitement ou plutôt dans l’instrumentalisation? Quelques éléments de réponses peuvent être trouvés en suivant la trame narrative de harratines vivants dans des adwabas ou village d’esclave de la région du hodh echarghi, en zone frontalière entre la Mauritanie et le Mali.

Les localités ciblées se trouvent toutes dans la commune de Adel Bagrou dans la frange sud de la RIM à une dizaine de km de la frontière. Il s’agit de trois villages, Nebka, Jrana et Dellaha, habités par des groupes de haratines qui en se présentant, s’affilient directement aux tribus Mechdhouv et Oulad Bouhemed.

Une première observation menait à un tout premier constat: il y’ avait eu un avant et un après rectification de la ligne frontière entre la Mauritanie et le Mali pour ces harratine, qui n avait pas été sans une reformulation des structures relationnelles internes si ce n’est au niveau statutaires du moins au niveau de l’auto identification chez ces groupes. Pour une meilleure appréhension de ce phénomène un petit aperçu historique sur les enjeux de « remodelage » territorial ne saurait être superflu.

Dans les années 1930, une certaine agitation se fait sentir au sein de l’administration coloniale française, en rapport avec une réorganisation des frontières des colonies. La Mauritanie officiellement rattachée à l’AOF par le décret du 4 décembre 1920, allait devenir dés les années 1935-1937, un espace à redéfinir d’urgence du moins dans ces bordures avec le Soudan ou la politique sécuritaire, objectif premier de sa colonisation, tardait à donner ses fruits.

Les effets de la transhumance des tribus maures dans les cercles relevant du soudan ont très vite été perçus par les autorités coloniales comme facteurs de tension déstabilisant une géopolitique globale de « surveillance » plutôt que d’intendance.

Il fallait donc encadrer les, mouvements de ces population en les inscrivant dans le temps et dans l’espace. Les permis de nomadisation des années 40 allaient être une première mesure restrictive et « limitative », qui se révélera être insuffisante puisque les textes la réglementant non prohibitifs et non consacre dans les faits étaient considérés par les nomades comme des sanctions aux manquements de paiement d’impôt et autre taxes coloniales ;

d’ où un mécontentement indigène constant tout aussi perturbateur et donc contraire aux attentes de l’entreprise coloniale. Il était devenue nécessaire donc d’envisager une réorganisation territoriale avec une limite « séparante », injonctive, plus à même de sauvegarder une pacification encore tâtonnante.

Devait s’en suivre une certaine ébullition administrative autour du nouveau tracé qui allait cantonner des populations aux origines diversifiées et dont les relations entre elles ont toujours été une intermittence entre antagonisme et complémentarité. Les autorités coloniales mesuraient amplement le caractère inextricable des liens unissant les maures et les populations du soudan, tant sur le plan économique et politique que culturel et spirituel.

D’ailleurs l’une des plus grosses craintes coloniales était cristallisée autour de ce dernier aspect, l’emprise spirituelle du hamallisme mouvement confrérique doté de soubassements rebelles à l’intrusion coloniale. Or les hamallistes se trouvaient justement de part et d autre de la zone frontière entre les deux colonies, ce qui leur procurait une certaine liberté de, mouvance physique et une amplitude de circulation des idées qu’ils véhiculaient ; pas toujours au gout des colons.

Cet état des choses devait entraîner donc une certaine remise en cause du découpage coloniale dans la région du Hodh qui dés 1942 va connaitre des oscillations politiques tantôt dans le sens du maintien des lignes frontalières en renforçant la Chape sécuritaire ; tantôt en changeant radicalement l’interface coloniale dans une optique géostratégique.

Ce deuxième choix allait être adopté le 5 juillet 1944 avec la rectification de la frontière soudano-mauritanienne et le rattachement des hodhs à la Mauritanie. Mais cette décision coloniale ne se fera qu’après un long et houleux processus qui fut un le point de convergence de toutes sortes de contradictions administratives ; de dynamiques locales intergroupes. A l’instar de sa colonisation ; l’unification du pays maure sera faite donc dans la foulée d’un souci de sûreté d’une politique coloniale.

Sil est vrai qu’en parlant de frontières, le premier aspect qui revient est celui de la territorialité ; il n en est pas moins vrai que l élément population est simultanément interpellé. Ainsi ; les 288440km qui échurent a la Mauritanie étaient agrémentés de 118441 habitants.

Parmi eux une grande composante haratine ; terme générique pouvant designer à la fois esclaves et anciens esclaves vivant soit en cohabitation avec leurs maîtres ; soit lotis dans des villages localement appelés Adwaba et qui signifie littéralement village d’esclaves. Quelles ont été les conséquences dune telle décision sur ces harratines ; qui vivaient déjà une frontière spécifique, intra-sociale ?

Il est intéressant de préciser que ces groupes haratines en passant de l’autre coté de la frontière pouvaient avoir l opportunité d une réelle rupture, physique et géographique, avec leurs maîtres et de ce fait entrant dans un nouveau statut, celui de liberté; du moins dans la pratique. Ce choix fut très suivi par un grand nombre d’entre eux qui coupa les liens en s’inscrivant dans une nouvelle posture statutaire et identitaire.

Cependant d’autres choisirent de rester côté mauritanien. Eux aussi allaient entamer une reconstruction de leur affiliation sociale et leur auto perception. Une reformulation qu’ils engageront d’eux même, à une époque où les discours au label « droits de l’homme » n’existaient pas encore.

Ces haratine transformeront la norme sociale à leur avantage sans conflits ouverts avec leurs anciens maîtres. Mais avec une nette démarcation du lien habituel, sur la base d’un mode de vie nouveau, la sédentarisation. Avant la « rectification », le rapport maître esclave dans cette région du pays se déclinait dans sa forme la plus classique, avec le même code que l’on pouvait observer un peu partout dans le pays.

Un esclavage donc essentiellement domestique avec une forte activité pastorale. Il est utile de préciser que les esclaves et harratine étaient en surnombre par rapport au restant de la population ainsi remarquait-on une poussée de villages d’esclaves ça et là, plus ou moins en rupture avec les campements bydhan. La rectification de frontière influera de façon conséquente sur certains rapports sociaux comme le démontreront les récits de ces habitants d’adwabas.

Mais auparavant, fallait- il se demander quelle était la perception que ces groupes se faisaient de l’espace ? À travers leur discours ressortait aisément une perception méridienne de la spatialité en ce sens qu’ils se positionnaient toujours pars rapport à un axe nord/ sud. La superficie, l’étalement géographique n’était pas appréhendé en termes d’étendue en longueur et largeur mais selon une conception de descente et de remontée cyclique. Les migrations de types saisonnières se faisaient en un glissement vers les régions de Nara, Yelimane

Ces déplacements étaient entrepris par ces haratines en vue d offrir leurs services d’ouvriers agricoles aux propriétaires de champs maliens. A les écouter cette mobilité se faisait selon un ordre « naturel » et n’était pas pensée en terme de migration, même éphémère.

En fait il ne s’agissait selon eux que d’un prolongement de leur espace et cela que ce soit avant ou après la « rectification ». D ailleurs à propos de cette dernière, ils répondaient avec de légères variations que pour eux le sens de la frontière nouvelle se cantonnait dans le fait que l’établissement des documents officiels s’en trouvait transféré à Nema. Pour le reste ni le Mali/Soudan, ni la Mauritanie dans leur grande territorialité n’avaient de sens palpable pour eux.

Leur « pays » était la zone couverte par leur migration en yo-yo. Ce déni de limites tranchait de façon spectaculaire avec l’usage des conséquences du tracé de cette frontière qui se révélera par la suite, à d’autres niveaux de la narration. En effet, cette nouvelle donne va modifier leur rapport au bydhan, non pas sur le plan de l’allégeance/obédience et du sentiment d’appartenances, mais se fera sentir plutôt dans de nouvelles attitudes ou posture par rapport à la dépendance économique.

Or le cordon matériel alimentant l’essentiel du rapport dominant/dominé, la résultante de ce changement sera un relâchement général de la structure relationnelle Bydhan/ Haratine dans cet espace. Il est utile de préciser que ce changement, à aucun moment ne fut présenté sous une rétractation par rapport aux repères statutaires initialement établis, les fixations de l’ossature sociale furent plusieurs fois abordées sans aucune forme de rébellion discursive.

L’auto définition comme Harratine revenait souvent et même les désignations « abid » ehel vlan par exemple. Cependant l’exercice même de cette « frontalité » nouvelle, aura pour première incidence l’expérience de l’Ailleurs comme lieu de rupture avec un mode traditionnel ou le travail était du, et attendu.

L’idée que l’on pourrait édifier est que la limitation de la mobilité dans l’espace a changé la nature des migrations qui obéira à d’autres impératifs qui n’ont plus rien à voir avec la recherche de puits et pâturage. En effet de par et d autre des deux bords, de nouveaux rattachements identitaires se sont mis en place, la surveillance sécuritaire est accrue, « l étrangéité » se glisse de plus en plus dans les interstices des représentations identitaires fictives ou fondées.

Les mouvements prennent un rythme cyclique, on ne se rend plus de l’autre coté juste pour vendre une vache ou acheter quelques sacs de mil, on rassemble les objectifs, on les périodise.

La notion de bouger dans l’espace rejoint celle de bouger dans le temps. Non pas que par le passé ces populations n’aient pas connu de migration saisonnière, mais la nouveauté est l’intégration de la « Frontière-Ailleurs » ou l’on se rend pour en revenir et devant la difficulté relative certes mais récente, de s’y rendre la nécessité d’y faire un « tir groupé »l.

Aussi viendra par la suite la nécessite de transférer certains activités auxquelles l’on s’adonnait périodiquement dans une autre sphère, vers le milieu d’origine. La sédentarisation partira de là pour les trois villages. Les savoir-faire et les compétences sont introduits dans les pratiques quotidiennes.

L’agriculture, la teinture, le stockage des grains…se feront dés lors localement. Ainsi les harratines deviennent producteurs des denrées et services que les maîtres et anciens maîtres allaient chercher au Sud. La dépendance n’est plus unilatérale. C’est aux haratine qu’on acheté le grain auparavant fourni par l’autre côté de la frontière.

A partir des années 50, les villages d’esclaves fleurissent, l’autonomie dans l’espace est soutenue par ces activités. Les anciens maîtres, s’ils continuent à se présenter encore au moment des récoltes avec un sac à la main, n’en sont pas moins convaincus que leur autorité s’est considérablement relâchée…petits à petits ces visites aux edebays s’espaceront.

Les villageois resteront seuls maîtres de leurs productions et de leur autonomie. De facto. La rectification aura été appropriée par les groupes haratines qui dans un mouvement plus ou moins volontaire vont investir l’espace et faire évoluer, de façon relative certes, mais nouvelle par ailleurs, le rapport de force qui prévalait entre eux et les fractions auxquelles ils étaient rattachés. les villages cités sont aujourd’hui des bourgades autonomes, avec une relative suffisance alimentaire.

Les maux dont ils souffrent encore sont avant tout le manque de plan éducatif réel prenant en compte leur particularité et la rareté des opportunités économiques dans leurs environs immédiats. Les haratines du Sud/Est ne sont pas la grande masse statique que l’on croît. Ce sont des individus et groupements extrêmement mobiles quant à l’investissement des moindres ouvertures de leur statut et condition sociales.

Mariem Mint Baba Ahmed