mardi 2 juin 2015

Visite présidentielle a l’intérieur du pays : Rosso veut éviter les dérapages d’Aleg

Visite présidentielle a l’intérieur du pays : Rosso veut éviter les dérapages d’Aleg
Une véritable mobilisation de tout le sécuritaire au niveau du Trarza est mise en branle pour contenir tout dérapage pouvant perturber la visite du président Mohamed Ould Abdel Aziz dans la région. En effet, les évènements d’Aleg, caractérisés par une percée spectaculaire des militants d’IRA qui étaient parvenus à gâcher la fête, pourraient se répéter, selon les autorités régionales, dans cette zone fief de l’organisation antiesclavagiste et dont les principaux leaders sont actuellement en prison.

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, en tournée depuis jeudi 28 mai dernier dans le Brakna, se prépare à être l’hôte du Trarza. Si les cadres de la région ont terminé les dernières répétitions avec leurs troupes, aux termes d’une mobilisation de plusieurs jours au cours desquels tous les aspects de l’organisation ont été revus, côté administration, c’est le cauchemar.

Autorités administratives et responsables de l’appareil sécuritaire vivent l’angoisse d’une tournée qui risque de ne pas échapper à l’afflux massif des militants d’IRA, déterminés à faire entendre leurs voix et leurs revendications. Il s’agira aussi pour les populations de confisquer la parole aux cadres qu’ils accusent de privilégier leurs intérêts égoïstes à ceux de la collectivité.

« Aidez-nous Monsieur le président à faire accepter les aliments à nos bétails ! » L’une des revendications phares des éleveurs, qu’ils soient du Trarza, du Brakna ou de tout autre région pastorale du pays, c’est bien la qualité des aliments du bétail. A ce propos, une passe d’arme autant passionnante pour les observateurs qu’irritante pour les autorités aurait opposé les éleveurs du Brakna au président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Plusieurs d’entre eux, ont en effet demandé au président de convaincre leurs bêtes que les aliments mis à leur disposition sont consommables, car le bétail refuse catégoriquement de les consommer à cause d’une très mauvaise facture. Un constat que le président Aziz apparemment plus disposé à défendre ses ministres se refuse d’entériner.

Selon lui, si les animaux refusent de consommer les aliments de bétail, « en bonne qualité » selon lui, c’est qu’ils ne sont pas habitués. Un dialogue de sourds que la réunion des cadres à Aleg n’est pas parvenu cependant à circonscrire.

Pas plus qu’il n’a voulu rien comprendre quand les éleveurs se sont plaint sur les prix excessifs des aliments de bétail et la mauvaise qualité, ce qui visait son ministre de l’Elevage, son Commissaire à la Sécurité Alimentaire ainsi que son ami, l’ADG de la SNIM. Pour Ould Abdel Aziz, le point de vue soulevé par les éleveurs relève de la rhétorique des opposants. Selon lui, le gouvernement a certifié que les produits cédés pour la consommation du bétail sont de bonne facture.

Mais le séjour de Mohamed Abdel Aziz a été fortement perturbé dès l’étape d’Aleg. A la place des courtisans et des foules d’applaudisseurs, il tombera sur des centaines de militants d’IRA qui accompagneront son cortège par des huées, déchirant ses photos géantes et les piétinant tout en brandissant à leur place les effigies grandeur nature de Birame Dah Abeid, président du mouvement, emprisonné depuis plus de cinq mois en compagnie de son vice-président Brahim Bilal, dans la prison centrale de la ville.

Résultat, après le départ du cortège présidentiel, la visite habituellement allégée des prisonniers a été corsée. Il faut dorénavant une autorisation écrite du parquet au lieu de la simple présentation de la carte d’identité à l’entrée de la prison. Dans plusieurs localités visitées, Djonaba, Bourrat et dans seize autres localités du Brakna, les populations ont brandi des bidons vides pour dénoncer le manque d’eau.

Etat de siège à Rosso

Des unités de la gendarmerie, de la garde nationale, de l’armée et de la garde présidentielle venus de Nouakchott et de Ouad Naga ont été dépêché à Rosso ces jours-ci. L’objectif est d’éviter le désagrément qu’a connu la ville d’Aleg. Les partisans du leader abolitionniste Birame Dah Abeid avaient attaqué le convoi présidentiel à coups de pierres et d’œufs, avec des accrochages avec la garde rapprochée du président.

Les autorités craignent de forts dérapages à Jidr El Mohguen, le fief du président d’IRA dont les partisans accusent le président Mohamed Abdel Aziz de raciste et d’esclavagiste. Il faut dire que comme le Brakna, le Trarza connaît plusieurs conflits liés à la terre.

Dans ce cas précis, l’affaire de Tiambène pourrait constituer une épine dans le pied de l’administration locale. Aussi, le Wali dans un souci d’étouffer cette affaire avant l’arrivée de Mohamed Abdel Aziz se serait réuni avec les différents protagonistes. Il faut dire que quatorze habitants du village Wolofs de Tiambène ont été arrêtés il y a quelques jours par la gendarmerie pour avoir cueilli des mangues dans un champ situé dans leur périmètre.

Or, ces champs de manguiers ont été rétrocédés par l’Etat mauritanien à une dame après la déportation des habitants. A leur retour dans leur village ils n’ont pas pu entériner une telle confiscation de fait. Le combat des populations de Tiambène plus la libération de leurs dirigeants emprisonnés à Aleg, constituent ces jours-ci les thèmes sur lesquels le mouvement IRA compte surfer pour la mobilisation des opprimés.
L'Authentique 
Cheikh Aïdara

Keur Macène:Boidiel affûte ses bras pour applaudir Aziz et Ould Boilil se fait chasser

Keur Macène:Boidiel affûte ses bras pour applaudir Aziz et Ould Boilil se fait chasser Le président du parti El Wiam, Boidiel Ould Houmeïd, opposant atypique car fervent supporter du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, est depuis des jours sur le pied de guerre à Keur Macène pour mobiliser ses troupes. L’objectif est de réserver au président Aziz un accueil inoubliable.

Par ce geste, Boidiel envoie plusieurs signaux, aux thuriféraires du pouvoir à qui il démontre qu’on peut être opposant et fervent laudateur du régime en place, à l’opposition dite radicale en leur disant qu’ils perdent leur temps, à son principal adversaire politique, Mohamed Ould Boilil, que Keur Macène est son fief.

Enfin, un dernier message à Mohamed Ould Abdel Aziz, pour lui dire que si ses partisans le trahissent, il pourra trouver dans le parti El Wiam et dans son président, une armée encore plus fidèle.

Quant à Mohamed Ould Boilil qui a coupé tous les ponts avec sa base depuis qu’il a été nommé président de l’Assemblée nationale, il a été pratiquement chassé de Keur Macène. Venu pour organiser la visite du président sur les lieux, il s’est fait hué par les habitants qui l’ont déclaré persona no grata. Ils lui reprochent de n’avoir jamais rien fait pour eux et de ne penser qu’à sa propre personne.

Mais pour Ould Boilil qui a été élu sur la liste de l’UPR au niveau de Nouakchott, les populations de Keur Macène peuvent aller se faire voir ailleurs, l’essentiel pour lui est qu’il jouit de la confiance du président Aziz.

Il faut dire que Mohamed Ould Boilil serait perdu si, lors des législatives de novembre 2012, l’UPR, parti au pouvoir l’avait envoyé gagner ses galons de député chez lui. Il n’y aurait récolté la moindre voix, même de ses plus proches parents, selon des sources locales.
L'Authentique 
Ahmed B.