vendredi 16 mai 2014

J’ai suivi en direct depuis Aleg, l’allocution prononcée par l’ex-maire de Boghé, M. Adama Moussa Bâ devant ses centaines de sympathisants venus chez lui sur son invitation. Je vous livre la teneur :




« Citoyens et citoyennes de Boghé, je vous remercie d’avoir répondu massivement à mon appel destiné à vous apporter des éclaircissements sur les derniers développements de la situation nationale et locale. Je suis et je resterai un serviteur infatigable de la cause nationale en général, celle de Boghé en particulier. Bien qu’étant un élu de l’UFP, je ne suis plus un technocrate qu’un politique. Ainsi en depuis de cette fonction, je n’ai jamais appartenu aux instances de décision de ce parti que je respecte. Depuis 17 ans dont douze passées à la tête de notre commune, je n’ai pas obtenu de congé. Ce n’est qu’en décembre dernier que j’ai  quitté la fonction de maire, non pas par le verdict des urnes, mais pour me soumettre à la décision de boycott de mon parti. Je demeure cependant disposé à appuyer l’actuelle équipe municipale dans les efforts qu’elle mène pour poursuivre les actes que nous avions posés pour un développement communautaire durable. Durant ces quatre derniers mois, j’ai choisi de me reposer après de longues années de service. Je suis un cadre salarié de la SONADER et consultant. Je ne disposais que des indemnités à la commune (ce que beaucoup de personnes ignorent peut-être !).
Je n’ai pas démissionné de l’UFP, j’y reste sauf si on m’y exclut mais j’ai décidé d’appuyer la candidature du Président Aziz ! J’ai pris cette décision en mon âme et conscience et j’en assume l’entière responsabilité. Je ne suis guidé par aucune ambition personnelle égoïste. Si tel était le cas, j’allais rejoindre le PRDS sous l’ère Taya ou l’UPR. Durant les années que j’ai passées à la tête de la commune de Boghé, j’ai visité de nombreux pays des USA à la France en passant par le Maroc. Je suis même citoyen d’honneur d’une ville américaine. En plus, je suis sorti d’une prestigieuse école de machinisme agricole en Allemagne où je continue de disposer de droits au logement et à l’hébergement. En dépit de toutes ces facilités, j’ai toujours opté pour Boghé et pour les boghéens dont je resterai le soldat infatigable.
Avant de vous entretenir de ma dernière audience avec le Président, je tiens d’abord à vous rappeler qu’en tant qu’élu, je l’avais rencontré à Maghta Lahjar en novembre 2010 pour lui soumettre un certain nombre de problèmes récurrents tels que la réhabilitation de la station de pompage, l’extension du CPB et la construction de l’hôpital de Boghé. Il avait instruit sur le champ les ministres  concernés pour l’exécution de ces requêtes. La première requête a été immédiatement satisfaite et les autres sont en voie d’exécution.
Pour en revenir à l’objet de cette réunion, j’ai été contacté le dimanche 27 avril par le Secrétaire général du gouvernement, M. Diallo Mamadou Bathia à son domicile à Boghé. Il m’a fait part de sa volonté de travailler avec moi ainsi que celle du PM et du Chef de l’Etat. Je lui ai fait part de quelques réserves car je savais qu’il y a des gens qui ne voudraient pas me voir dans cette mouvance. Mardi soir, il me contacte par téléphone pour me dire que le Président était disposé à me recevoir le lendemain après le conseil des ministres. J’ai quitté Boghé précipitamment pour répondre au rendez-vous. C’est pourquoi, je n’ai pas eu le temps de prendre contact avec mes proches et j’ai dû même annuler un rendez-vous avec le guide spirituel Tidjane Thierno Madani que je devais accompagner à Kaédi de commun accord avec lui.
Le mercredi 30 avril, le Président m’a chaleureusement accueilli et m’a félicité pour mon action à la tête de la commune de Boghé. Je lui ai rappelé les promesses qu’il avait tenues à l’endroit des populations à savoir la construction du stade municipal (en cours d’exécution), l’extension du CPB et la construction de l’hôpital. Je lui ai demandé de se rendre à Boghé pour inaugurer ces deux derniers projets. C’est dans le souci d’apporter ma contribution à l’œuvre de construction nationale et locale que j’ai décidé de soutenir sa candidature à l’élection présidentielle du 21 juin prochain. Il m’a fait part de sa satisfaction et de ses remerciements. C’est alors que le lendemain, j’ai fait une déclaration de presse pour informer l’opinion nationale et locale y compris mes camarades de l’UFP que je respecte. C’est un parti de patriotes mais qui est déconnecté des réalités du pays.
Cette décision a été diversement appréciée; ce qui rentre dans l’ordre naturel des choses. D’aucuns ont dit que je cherche une place. Ce n’est nullement mon objectif car je suis à l’abri du besoin. Je demande votre appui et votre soutien. Je vous remercie encore une fois de votre présence massive qui traduit votre attachement à ma modeste personne ». 
Propos recueillis par Dia Abdoulaye

Problématique de l’eau à Boghé

Problématique de l’eau à Boghé Antoine de Saint – Exupéry disait : «l’eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni odeur ; on ne peut pas te définir ; on te goutte sans te connaître ; tu n’es pas nécessaire à la vie, tu es la vie ». C’est cette eau qui manque à Boghé en quantité et en qualité.

De façon évolutive les populations se sont abreuvées à partir d’eaux stagnantes (mares, marigots, lacs), de puits traditionnels sans margelle, ni buse puis de puits améliorés à exhaure manuelle ou asine ou cameline. Ces eaux ont toujours engendré des maladies : onchocercose, bilharziose (urinaire et (ou) intestinale, dysenterie amibienne etc.…

Il ya de cela bientôt dix ans, la SNDE (Société Nationale des Eaux) s’est installée à Boghé en forant trois puits, en construisant un château d’eau et en mettant sur place un réseau de distribution.

L’espoir était que ce projet satisfasse les besoins en eau des populations ; mais cet optimisme s’est vite émoussé car l’eau est hyper calcique (ce qui a causé un problème de santé publique dont la prise en charge est impossible) et infraliminaire (deux des puits se sont taris engendrant des tours d’eau des différents quartiers.

En 2007 le réseau de la SNDE ne desservait que 946 branchements (soit 45% de la population). En 2011 on compte plus de 1500 abonnés pour un besoin de 1500 à 2000 m3 d’eau par jour. Le réseau hydraulique est inversement proportionnel à la taille d’une ville en plein expansion tant du point construction que démographie (le taux de croissance est de 2.3%).

Dans la zone desservie on compte aujourd’hui 2435 ménages pour 1604 concessions. Seul Boghé Dow, Escale, une partie de Touldé et de Nioly sont desservis par le réseau initial alors que différents quartiers demeurent à ce jour non couverts : c’est le cas de Bassine, Imarat, Bakaw,Balladji, Thienel … Même si cette eau suffisait il y a lieu de la disqualifier dès lors qu’elle pose un problème de santé publique.

L’ex-Directeur Général de la SNDE avait mené une lutte d’arrache-pied pour solutionner ce problème. C’est ainsi que la SNDE a récupéré le forage de la Sonader qui a convaincu par la qualité et la quantité de ses réserves hydriques. Là aussi se pose sur le plus ou moins long terme un problème de contamination de la nappe phréatique : depuis 1983, début d’exploitation du CPB (Casier Pilote de Boghé) des centaines de tonnes d’engrais (urée, phosphate, potasse) sont déversés pour augmenter les rendements rizicoles.

Si respectivement les éléments contenus dans ces intrants N (azote), P (Phosphore), K (potasse) sont indispensables pour le développement des plantes, ils sont également déconseillés pour la santé humaine.

Ces substances par phénomène d’infiltration contamineront la nappe phréatique. Pour le court terme le forage de Touldé contribue à l’esquisse de solution.

Des équipes d’hydrogéologues ont mis en évidence une nappe phréatique très aquifère qui solutionnera le problème de Boghé à 16 km à l’Est de Boghé, Ferouga.

En attendant, des centaines de femmes sont tenues de renoncer quotidiennement à leur repos nocturne pour se procurer le liquide précieux. Et à quand le démarrage d’un tel projet ? Se pose-t-il un problème de distance ou de prix de revient manométrique ? Et pourtant la ville de Nouadhibou a été alimentée à partir de Boulanouar ; Akjoujt à partir de Bennichab ; M’bout à partir de Foum Gleita ; l’Arabie Saoudite a remorqué des icebergs (montagnes de glace) depuis l’Océan Glacial Arctique pour les faire fondre sous le ciel du Sahara.

C’est connu que Boghé est dans la zone des Bassins sédimentaires secondaires, tertiaire contenant des nappes phréatiques datant de l’Eocène et du Maestrichtien ; et quartenaire séparés par le Continental terminal ; Bassin comparables à des livres où chaque page ou strate n’a pas encore livré son contenu. Mais ces réserves, ne peuvent-elles pas être laissées en jachère pour les générations futures ?

Si les USA importent du pétrole et conservent jalousement dans le sous-sol leurs hydrocarbures c’est pour assurer leur suprématie sempiternelle au moment où les énergies renouvelables ne sont pas aptes à supplanter totalement les autres énergies au moment où le nucléaire inquiète, hier avec Tchernobyl, aujourd’hui avec Fukushima au Japon qu’adviendrait-il de Nouakchott si le projet Aftout n’avait été mis en place eu égard à l’essor démographique de la ville et la remontée du biseau salé ? La solution qui consistera à pomper de l’eau à l’Est d’Idini, au PK 90 au lieu dit Tenadi est équivalent aujourd’hui à la solution Ferouga pour Boghé.

Pourquoi hésite-t-on de se tourner vers le fleuve ? Ce que vaut Nouakchott pour le fleuve (par l’énergie de Manantali, l’eau d’Aftout Es Saheli) Boghé le vaut pour ce même fleuve. D’autant plus que la station de pompage du CPB peut remplir cette fonction en l’équipant d’une station d’épuration.

Certains pays ont mis au point des techniques plus onéreuses pour solutionner le problème de l’eau en dessalant l’eau de la mer pas osmose inverse sous une forte de DDP (différence de potentiel). Pour Boghé ou ailleurs le développement humain durable est liée à l’eau qui sera à côté du réchauffement climatique la mère de la bataille du troisième millénaire ; et si la Mauritanie veut emprunter le TGV de la mondialisation, elle doit régler le problème de l’eau pour tous ses citoyens.

Al Housseynou Sy
Professeur, Directeur du lycée de Djéol