mercredi 9 septembre 2009

Politique: Gouverner autrement

Le gouvernement du Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf peine à trouver ses marques dans un contexte, faut-il le reconnaître, fait de crise économique aigue, de pénurie d’eau au quotidien, de coupures électriques intempestives interminables, le tout doublé de pluies diluviennes occasionnant des dégâts importants, partout dans le pays.
Face à cette situation, pour le moins ardu, les mesures prises par le pouvoir, pour peu qu’on y réfléchisse, sont tout simplement inefficaces et inappropriées parce que relevant plus du tâtonnement et de l’improvisation que d’une quelconque programmation.
Les Ministres de l’équipe d’Ould Laghdaf (des bleus pour la plupart) font montre plus de figuration que d’engagement et d’actes réels. Ils se soucient plus de leur propre image que des problèmes réels auxquels font face les populations victimes.
Pourtant plus d’un citoyen mauritanien espérait qu’une fois aux affaires, la nouvelle équipe fera preuve de dynamisme et qu’elle se singulariserait par les décisions qu’elle prendrait pour soulager les populations durement éprouvées. Certains avaient même poussé l’optimisme jusqu’à croire qu’au lendemain de l’investiture du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, les choses allaient changer comme par enchantement.

Trop beau pour être vrai
Mais le réveil a été brutal et le désenchantement à la hauteur du débordant espoir nourri par d’innocentes populations plongées dans l’indigence et la consternation. Partout c’est le même constat. Notre administration est toujours infestée de fonctionnaires véreux prêts à vendre leur âme pour s’enrichir. Les locaux des ministères sont devenus des lieux de courtage où des affaires louches se traitent à grand jour avec la complicité des directeurs et chefs de service. Les avancements, les promotions et les nominations ne s’acquièrent que par le truchement d’un «bras long» si ce n’est par des dessous de table. Les notes de service affectant des fonctionnaires (de l’éducation surtout) se font à tour de bras et les bénéficiaires sont souvent des paresseux rompus à des pratiques malsaines et prohibées. Au niveau des services ou établissements publics, c’est la même rengaine. Il faut casquer pour se faire servir ou bien prendre son mal en patience en prenant le risque de se faire oublier. Nos rues sont devenues des dépotoirs d’ordures et la circulation y est devenue tellement désordonnée qu’on croirait que le désordre est désormais érigé en règle. Les préfectures et les locaux des wilayas grouillent de monde (Tiebthiaba et Tevaye) spécialisé dans le faux et l’usage du faux. Les doubles emplois, c’est eux, les permis d’occuper contrefais c’est encore eux. Eux ce sont, la plupart du temps, des analphabètes venus du fin fond du pays pour sévir dans l’illicite et l’anarchie parce qu’un parent dans la haute administration leur facilite leur forfait, les couvre ou à défaut les fait sortir d’affaire si les choses tournaient mal. Ces Tiebthiab qui ne sont en réalité que des bandits de long chemin infestent actuellement tous les bureaux, tous les marchés et toutes les rues de Nouakchott et des autres grands centres urbains du pays avec pour seul objectif, s’enrichir sur le dos de l’Etat et des paisibles citoyens. Laisser cette bande de vaurien continuer à sévir c’est faire preuve de mal gouvernance.
Mais, la mal gouvernance c’est également la déconfiture de notre système éducatif plongé depuis des lustres dans un coma profond qu’il n’est pas prêt à quitter vu la nonchalance et le manque de professionnalisme avec lesquels on s’y prend de la part des nouvelles autorités éducatives.
Mais le grand hic, c’est surtout le silence radio du Président Mohamed Ould Abdel Aziz qu’on disait pourtant très proche de ses concitoyens. Beaucoup s’attendait à ce que le Président fasse un discours pour rassurer les populations sur les sujets de préoccupation tels que : les inondations, la pénurie d’eau, les délestages électriques et sur la crise économique de façon générale. Mais, il n’en fut rien. Le silence affiché par le Président a même commencé à peser lourd, lui qui était pourtant porteur de tous les espoirs.

Rompre d’avec le silence
Après les années de plomb du régime d’Ould Taya, après une transition pendant laquelle la plupart des dossiers épineux ont été escamotés et après une brève période de Sidioca faite de valse, d’hésitation et de forts moments de contestation, le pays, tel un bateau ivre au cœur de la vague, avait besoin d’un véritable Amiral pour le redresser et le mener à bon port. Beaucoup avait vu en la personne du Président Mohamed Ould Abdel Aziz le porteur de ce noble destin. Les pauvres, les laissés pour compte et tous les marginaux ont nourris l’espoir de vivre sous son règne dans la décence et à l’abri du besoin. C’est pourquoi le Président de la République ne devrait en aucun cas trahir cet espoir. Il est tenu de réussir son pari en s’intéressant davantage à ces couches sociales sans lesquelles son accession à la magistrature suprême allait être des plus difficiles. Pour cela, il est grand temps pour lui de rompre d’avec le silence à travers des sorties quotidiennes pour s’enquérir de la situation de ses concitoyens, à travers surtout des instructions claires et fermes qu’il donneraient à son administration et enfin à travers des adresses à la nation qui sont de moments forts permettant non seulement de rétablir le pont entre lui et la population mais surtout de rassurer sur ses bonnes intentions.
Le Président doit également traduire en acte toutes les promesses qu’il avait faites lors de la campagne électorale du scrutin du 18 juillet passé en commençant par l’augmentation des salaires des fonctionnaires, la création des conditions pour résorber le chômage, la lutte contre le terrorisme et l’insécurité ambiante et last but not lest la lutte contre la prévarication et les prévaricateurs, une opération déjà entamée mais qui doit être poursuivie et étendue.

Khalil sow