dimanche 22 juillet 2012

MS. Homody à propos de : Témoignage pour un barreau de qualité, serment d’Hippocrate justice impartiale.

Qu’est ce qui fait jaser notre Presse qui publie et republie cet invraisemblable feuilleton à épisodes à propos du renouvellement du bureau. On ne cesse depuis quelque temps, dans les principaux hebdomadaires indépendants de la place, de relater les prétendues tentatives d’inféoder l’ordre des avocats à la politique partisane. A priori, je n’accorde pas foi aux analyses, confidences et autres supputations prédisant une OPA du parti national majoritaire sur le barreau mauritanien. En effet, outre que cette action jure d’avec l’esprit et la lettre de notre constitution qui a opté pour les domaines bien limités d’Allah entre ceux de César et les autres,il n’est de l’intérêt de personne de voire l’émergence, le triomphe ou le retour d’un monolithisme absolu qui ne dit pas son nom. Et une justice indépendante et un Ordre des avocats autonomes garantissant entre citoyens leurs droits, sans distinction d’ethnie, religion, tribu, sexe ou condition sociale. Ils sont, en plus, deux piliers solides et indispensables du socle d’une démocratie véritable devant durer. Le pays a, surtout, tout à gagner, tant pour la qualité de sa justice et la confiance des citoyens en elle que pour sa récupération, son crédit, d’un bureau digne de ce nom, se caractérisant par le pluralisme des opinions, mais se prévalant d’une éthique rigoureusement homogène. L’intégrité morale, la rigueur déontologique et le professionnalisme sont à cet égard les paramètres de cette éthique. Et ce qui est vrai de l’Ordre des avocats, l’est aussi de l’Ordre des médecins et de leur obligatoire attachement au serment d’Hippocrate : des syndicats professionnels qui, tout en étant, pour des raisons objectives, proches de telle ou telle sensibilité politique particulière, devrait conserver une liberté d’action, disposer d’une marge de manœuvre de nature à les crédibiliser en tant que partenaires sociaux indépendants et pour défendre les droits des affiliés. Ceci est également vrai de la Centrale patronale qui, bien libre évidemment d’éprouver un penchant naturel pour une ligne politique donnée et des choix économiques et sociaux en accord avec ses intérêts, doit observer à l’égard du jeu politique partisan une attitude de neutralité quand elle est concernée en sa qualité d’Institution Nationale de rassemblement. L’Ordre National des Avocats, lui, a son rôle et une ambition dépassant largement ceux de tous ses groupes d’intérêt, somme, toute, étroits. Il ne peut, lui, prospérer qu’au sein d’une société où la loi est générale et respectée : où la justice est solidement (plus ou moins) établie. Il ne peut, lui, prospérer que dans un pays où les libertés politiques essentielles dans leur sens le plus large (l’expression, d’impression, de diffusion d’opinions, de propriété, d’association, de réunion etc…) sont formellement garanties. Un pays donc qui ne reconnaît pas seulement, mais qui se socialise, en même temps, le droit à l’opinion plurielle, le droit à la différence. Bien sûr, à l’image de l’Etat lui-même, des partis, des syndicats et des autres associations, notre Ordre des avocats n’est pas parfait, tant s’en faut. Et c’est la chose naturelle même en d’autres Etats, en d’autres sociétés où la pratique du métier d’avocat date déjà de plusieurs siècles et où la culture démocratique à l’occidentale, est solidement et anciennement implantée. Ceci dit, on est quand même obligé de reconnaître à notre Ordre des attitudes courageuses et des vertus qui ne sont pas monnaie courante chez nos frères du continent, encore mois chez ceux du monde arabe. Rappelons nous la défense des Collectifs des avocats consciencieux, appliquée et sérieux de cas, quelquefois difficiles en pratique à défendre subjectivement ou objectivement. Mais la justification est l’option de ces avocats pour une justice impartiale, et même froidement impersonnelle, et, surtout leur choix pour la primauté du droit inaliénable du justiciable, abstraction faite des sentiments personnels, des préjugés et des folies de son conseiller légal, à un jugement dans la règle de l’art, c’est-à-dire équitable. Pour ma part, je ne doute pas de l’existence d’un large consensus national pour la crédibilité de notre expérience démocratique en voie de sevrage et pour la consolidation de la culture démocratique au sein de toutes les franges de notre complexe société et dans toutes ses tranches d’âge. Pour cela, nous avons besoin d’une Presse indépendante honnête et performante et d’un Ordre des avocats indépendants honnête et compétent suscitant un renom rejaillissant sur le pays tout entier. Le bâtonnier en titre Me Mahfoud Ould Bettah et son équipe ont joué un rôle non négligeable pour graver à notre barreau national une belle et honorable statue, ils ont indiscutablement façonné une éthique et balisé une voie qui nous concernent tous, nous crédibilisent tous, et nous sécurisent tous, aujourd’hui, demain et après demain. Est-il utile de souligner que nous ne gagnerons à rien en banalisant notre Ordre des avocats ? Aidons-le, au contraire, en laissant ses membres, en toute liberté et en toute transparence pour choisir leurs collègues les plus représentatifs à leurs yeux, les plus méritants peut-être ! Toute autre attitude procèderait de la politique à courte vue, allant de surcroît à contre courant de nos acquis et à l’encontre de notre volonté nationale unanimement affichée de consolider, pour la stabilité et le progrès du pays, culture et pratiques démocratiques par monts, dunes, regs, oueds, dièri et chamama. Par Mohamed Saïd Ould Hamody Ecrivain-Journaliste - Ancien Secrétaire Général à la Présidence Ancien Représentant auprès de l’ONU – Ancien Ambassadeur à Washington Nouakchott, le 12 Juin 2002 Source : Adrar-Info (Mauritanie