Le
Tagant et l’
Adrar il
y a 9000 ans avant étaient entièrement dans la zone Sahélienne, donc
bien humide, avec des précipitations pluviométriques dépassant les 700
mm /an avec la présence de plusieurs lacs, marigots, gueltas, sources et
cours d’eau temporaires.
La limite Nord du
Sahel en cette période était au Nord de
Zoueirat qui
bénéficiait de 400mm /an de pluies. Toute cette zone était une savane
luxuriante, où prospérait une faune très variée d’éléphants, de
rhinocéros, d’hippopotames, de girafes, d’Autruches, d’oryx,
d’antilopes, d’oiseaux, et de poissons d’eau douces etc.…
Dans cette zone, aussi vivait une population sédentaire nombreuse,
venant à la fois du Nord et du Sud, dont le mode de vie était
essentiellement basé sur la chasse, la cueillette, la pêche,
l’agriculture et l’élevage de bovidés.
Vers 4000 ans la zone avait connu semble-t-il une sécheresse brutale qui
a eu des effets néfastes sur la faune et la population, mais ce n’est
qu’après 3000 ans que les conditions climatiques se sont complètement
dégradées jusqu’à nos jours.
De temps à autre, la pluviométrie enregistrait une amélioration non
durable qui n’avait pas modifié la tendance générale de la dégradation,
poussant toute la zone à devenir entièrement désertique avec de sévères
perturbations pluviométriques et un taux annuel ne dépassant plus
150mm/an dans les meilleures saisons.
Vers 2000, les populations et la faune ont glissé vers le Sud, la zone
s’est alors vidée presque entièrement de ses habitants, ce n’est
qu’après qu’une autre population cette fois nomade et moins nombreuse
venant du Nord et de l’Est a occupé partiellement et progressivement la
zone, introduisant l’élevage de chameaux, de chèvres, l’agriculture
oasienne et la chasse d’oryx et d’Autruches.
A partir du 15e, 16e et 17e siècles, une grande partie de cette
population a glissé elle aussi vers le Sud, comme transhumant, et s’est
fixée progressivement pour donner la configuration actuelle que nous
vivons aujourd’hui.
La sécheresse de 1970-1980, a poussé une grande partie de la population
de la zone à l’exode vers les régions du Sud, avec leurs animaux et un
autre exode vers les centres urbains pour la recherche de travail. A la
faveur de cette situation la zone a perdu plus des 2/3 de sa
population.
Le fondement économique des villages du
Tagant et l’
Adrar avant la colonisation était basé essentiellement sur l’élevage, l’agriculture oasienne et le commerce Trans- saharien.
Or aujourd’hui, de cette base, il ne reste plus que quelques Oasis,
fortement menacées par le manque d’eau et l’ensablement et très peu
d’animaux en diminution d’années en années à cause du manque de
pâturage.
Pour éviter à ces deux régions de se vider entièrement de leur
population, comme l’aient devenu les deux capitales historiques de la
Mauritanie,
Tagdaoust et
Koumbissaleh complètement
en ruine aujourd’hui, Il y’a lieu d’agir rapidement, en mettant en
place un plan d’urgence spécial privilégiant les 4 axes suivants :
- 1- La restauration et la préservation de l’Environnement
- 2- La redynamisation, la mobilisation et l’exploitation rationnelle des ressources en eau
- 3- L’activation de la recherche minière et leur exploitation
- 4- La lutte contre la pauvreté, par l’appui aux activités génératrices de revenus, et les activités touristiques.
Le problème de la mobilisation et l’exploitation rationnelle de l’eau,
doit être cependant la question centrale que le plan d’urgence doit
adresser efficacement pour donner un sens, une vitalité et une
durabilité aux autres axes. La mise en place d’une stratégie tenant
compte à la fois de la mobilisation des eaux de surface,
l’identification des nappes d’eau profondes, l’exploitation des eaux
stagnantes, temporaires ou permanentes de même que les sources et
l’introduction et l’utilisation des techniques d’irrigation plus
rationnelles.
· La mobilisation des eaux de surface doit sous-tendre la
construction de nouveaux grands barrages, digues, diguettes ou les
seuils de ralentissement des ruissellements, le curage des mares
temporaires, guelta, la création de nouvelles mares et mettre en
exploitation les eaux stagnantes (lacs, Tamouret) dans les dépressions
naturelles, mettre en exploitation les sources permanentes, d’une
manière efficiente.
· La mise en place d’un vaste programme pour favoriser le
rechargement des nappes phréatiques privilégiant les seuils de
ralentissement, les cascades, les endiguements, les digues déviantes
pour améliorer l’épandage des eaux sur les berges, la protection des
bassins versants et des lits des Oueds contre l’ensablement.
· Mettre en place un programme de recherche des eaux souterraines profondes (500 à 1000) dans le bassin de
Taoudéni, dont la présence d’une grande nappe a été identifiée en 1970 par une société de recherche pétrolière à
Abellague à 80 km à l’Est de
Tidjikja,
la recherche dans le baten, dans les environs des lacs, dans les
grandes vallées, et l’identification des grandes failles pouvant
contenir assez d’eau.
· La rationalisation de l’utilisation de l’eau passe
nécessairement par la conscientisation des populations et l’introduction
de nouvelles techniques d’irrigation économisant l’eau et
l’introduction de nouvelles cultures, moins exigeantes en eau et des
espèces végétales à cycle plus court.
Moustapha Sidatt
Président de l’Association pour le Développement à la base (ADB)