samedi 25 juillet 2015

Libre Expression. Quelles pistes faut-il privilégier pour régler le problème d’eau dans le Tagant et l’Adrar ?

Libre Expression. Quelles pistes faut-il privilégier pour régler le problème d’eau dans le Tagant et l’Adrar ?   Le Tagant et l’Adrar il y a 9000 ans avant étaient entièrement dans la zone Sahélienne, donc bien humide, avec des précipitations pluviométriques dépassant les 700 mm /an avec la présence de plusieurs lacs, marigots, gueltas, sources et cours d’eau temporaires.

La limite Nord du Sahel en cette période était au Nord de Zoueirat qui bénéficiait de 400mm /an de pluies. Toute cette zone était une savane luxuriante, où prospérait une faune très variée d’éléphants, de rhinocéros, d’hippopotames, de girafes, d’Autruches, d’oryx, d’antilopes, d’oiseaux, et de poissons d’eau douces etc.…

Dans cette zone, aussi vivait une population sédentaire nombreuse, venant à la fois du Nord et du Sud, dont le mode de vie était essentiellement basé sur la chasse, la cueillette, la pêche, l’agriculture et l’élevage de bovidés. Vers 4000 ans la zone avait connu semble-t-il une sécheresse brutale qui a eu des effets néfastes sur la faune et la population, mais ce n’est qu’après 3000 ans que les conditions climatiques se sont complètement dégradées jusqu’à nos jours.

De temps à autre, la pluviométrie enregistrait une amélioration non durable qui n’avait pas modifié la tendance générale de la dégradation, poussant toute la zone à devenir entièrement désertique avec de sévères perturbations pluviométriques et un taux annuel ne dépassant plus 150mm/an dans les meilleures saisons.

Vers 2000, les populations et la faune ont glissé vers le Sud, la zone s’est alors vidée presque entièrement de ses habitants, ce n’est qu’après qu’une autre population cette fois nomade et moins nombreuse venant du Nord et de l’Est a occupé partiellement et progressivement la zone, introduisant l’élevage de chameaux, de chèvres, l’agriculture oasienne et la chasse d’oryx et d’Autruches.

A partir du 15e, 16e et 17e siècles, une grande partie de cette population a glissé elle aussi vers le Sud, comme transhumant, et s’est fixée progressivement pour donner la configuration actuelle que nous vivons aujourd’hui.

La sécheresse de 1970-1980, a poussé une grande partie de la population de la zone à l’exode vers les régions du Sud, avec leurs animaux et un autre exode vers les centres urbains pour la recherche de travail. A la faveur de cette situation la zone a perdu plus des 2/3 de sa population.

Le fondement économique des villages du Tagant et l’Adrar avant la colonisation était basé essentiellement sur l’élevage, l’agriculture oasienne et le commerce Trans- saharien.

Or aujourd’hui, de cette base, il ne reste plus que quelques Oasis, fortement menacées par le manque d’eau et l’ensablement et très peu d’animaux en diminution d’années en années à cause du manque de pâturage.

Pour éviter à ces deux régions de se vider entièrement de leur population, comme l’aient devenu les deux capitales historiques de la Mauritanie, Tagdaoust et Koumbissaleh complètement en ruine aujourd’hui, Il y’a lieu d’agir rapidement, en mettant en place un plan d’urgence spécial privilégiant les 4 axes suivants :

- 1- La restauration et la préservation de l’Environnement

- 2- La redynamisation, la mobilisation et l’exploitation rationnelle des ressources en eau

- 3- L’activation de la recherche minière et leur exploitation

- 4- La lutte contre la pauvreté, par l’appui aux activités génératrices de revenus, et les activités touristiques.

Le problème de la mobilisation et l’exploitation rationnelle de l’eau, doit être cependant la question centrale que le plan d’urgence doit adresser efficacement pour donner un sens, une vitalité et une durabilité aux autres axes. La mise en place d’une stratégie tenant compte à la fois de la mobilisation des eaux de surface, l’identification des nappes d’eau profondes, l’exploitation des eaux stagnantes, temporaires ou permanentes de même que les sources et l’introduction et l’utilisation des techniques d’irrigation plus rationnelles.

· La mobilisation des eaux de surface doit sous-tendre la construction de nouveaux grands barrages, digues, diguettes ou les seuils de ralentissement des ruissellements, le curage des mares temporaires, guelta, la création de nouvelles mares et mettre en exploitation les eaux stagnantes (lacs, Tamouret) dans les dépressions naturelles, mettre en exploitation les sources permanentes, d’une manière efficiente.

· La mise en place d’un vaste programme pour favoriser le rechargement des nappes phréatiques privilégiant les seuils de ralentissement, les cascades, les endiguements, les digues déviantes pour améliorer l’épandage des eaux sur les berges, la protection des bassins versants et des lits des Oueds contre l’ensablement.

· Mettre en place un programme de recherche des eaux souterraines profondes (500 à 1000) dans le bassin de Taoudéni, dont la présence d’une grande nappe a été identifiée en 1970 par une société de recherche pétrolière à Abellague à 80 km à l’Est de Tidjikja, la recherche dans le baten, dans les environs des lacs, dans les grandes vallées, et l’identification des grandes failles pouvant contenir assez d’eau.

· La rationalisation de l’utilisation de l’eau passe nécessairement par la conscientisation des populations et l’introduction de nouvelles techniques d’irrigation économisant l’eau et l’introduction de nouvelles cultures, moins exigeantes en eau et des espèces végétales à cycle plus court.

Moustapha Sidatt

Président de l’Association pour le Développement à la base (ADB)

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