samedi 16 janvier 2010

Boghé, ville exsangue, malade de ses fils.




Peuplée de 23.000 hts, érigée en commune en 1998, la ville de Boghé couvre une superficie de 400 Km2 et s'étire sur plusieurs Km, seul centre urbain d'une certaine valeur dans la wilaya de Brakna, Boghé centralise, coordonne des activités de presque 70.000 habitants.

Sa population est essentiellement Halpoularen : 40 villages sur 7 Haratines et 2 Beydanes. Mais ce qui frappe un regard porté sur l'intelligentsia de la ville c'est l'absence de bases d'une cohésion forte définissant généralement une ethnie : "une conscience collective", des bases d'affinités", propension à des réflexes de solidarité.

Comment se demande-t-on, des individus vivant dans le même espace, ayant une origine "alimentée par l'affectif et par l'intériorisation de valeurs communes" peuvent être si loin du contrôle communautaire?

Aucune autorité issue de la ville n'a procédée par exemple à un recrutement massif, à une promotion significative des fils, des compétences de la ville. Pourtant leurs homologues d'Atar, de Néma, de Kiffa étaient coutumiers de ces faits possibles à l'ère Maaouya. Manque de volonté ou mauvaise volonté?

En tout cas Boghé dispose, à l'évidence, d'une surabondance de ressources humaine sous-employées voire mal employées. Mais pourquoi cette absence de communautarisme dans un espace où cet imaginaire est une valeur? Le Bogheen serait-il déjà un "sujet de droit" disposant d' "une possibilité de choix et d'une capacité de critique"?

Le refus de se diluer dans la masse est-il expression d'une autonomie que confère une citoyenneté? Au-delà de cette remarque, il y a un autre problème plus important parce que lié à l'économie de la ville. En effet, l'espace du walo a été aménagé, en 1983, en périmètre irrigué de riziculture. Sur 4000 hectare exploitables, 1200 hectares sont emblavés et 800 hectares mis en valeur dont 545 pour la riziculture, 250 pour la polyculture.

Mais le rendement est tellement faible, 5 tonnes par hectares, qu'on parle d'agriculture de "subsistance" et non de commercialisation. Pourtant l'aménagement hydro agricole de la ville s'inscrit dans le cadre politique de développement économique de la mauritanie. Ce plan à pour objectif de réduire les importations de denrées alimentaires, d'équilibrer les activités régionales en mettant en place des interactions visant à faire de Boghé l'un des grenier le plus importants de la sous région.

Mais ce qui étonne c'est que le protocole d'accord entre l'Etat et les paysans prévoyait un volet santé. Celui-ci est délibérément mis en veilleuse. Aucune structure de soins ni de cadre de santé n'a accompagné la réalisation du projet. Celui-ci a suscité pourtant l'émergence de plusieurs maladies hydriques : Diarrhées, paludisme, dysenterie, bilharziose urinaire. Selon le CNH 39% des cas de malades de bilharziose Urinaire viennent de Boghé.

Ainsi les ressources les plus précieuses, les hommes, sur lesquels repose le développement économique se détériorent sous le regard passif de l'Etat et pour couronner tout ça, c'est a Aleg qu'on invite à se traiter alors que toutes les conditions, toutes les exigences pour l'établissement d'un centre hospitalier à Boghé sont réunies. Que devront nous penser dans cette perspective des fils de Boghé, pourtant toujours dans la cours des grands? Ne peuvent-il pas par exemple influencer les décision de l'Etat en faveur de Boghé?

Le dépérissement de la ville de Boghé se manifeste en outre au niveau de l'élevage, activité en pleine progression comme l'atteste l'ouverture d'un centre de collecte de lait. L'effectif du cheptel est en effet significatif : 21658 bovins, 62398 ovins et plus de 700 équins. Il n'existe pour cette population que deux parcs de vaccination mis en place par l'association des producteurs laitiers transhumants.

Le centre de "Sérum – immunologique", patrimoine Bogheen depuis 1936, érigé récemment en sous secteur d'élevage est transféré à Aleg où il traite et diagnostique des maladies animales, procède au vaccination préventives. Boghé perd sont importance sous le regard passif de ses Yontaabé. Ainsi la Maoughataa la plus importante du Brakna se plasmolyse, parce qu'au lieu de parler d'une seule voix ses fils se tchadisent : Achek Ibin Oumar ne s'entend pas avec Houssein Habré ce dernier s'oppose à G. Weddaye, Celui-ci a Abdel Kader Kamougué….

Sy Alassane Adama
Philosophe


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SyAlassane

Boghé : 17e édition de la Ziara annuelle de Thierno Abdoulaye Dia.



Des centaines de fidèles affiliés à la confrérie Tidjane de Cheikh Ibrahima Niass se sont donnés rendez-vous ce vendredi 15 janvier 2010 à Boghé pour assister à la 17e Ziara annuelle de Thierno Abdallahi Dia, un des érudits et mouqaddems de cette secte.

Durant près de 24 heures, la ville de Boghé a été le point de mire des adeptes de la fayda ibrahimienne venus de tous les coins du pays mais aussi du Sénégal voisin. L’évènement a été rehaussé cette fois par la présence de Cheikh Mansour Niass, fils de Cheikh Ibrahima, accompagné d’une forte délégation.

Les cérémonies ont débuté dès la fin de la prière d’El Asr par la lecture de poèmes et la récitation en cœur de litanies vantant les gloires du prophète Mohamed (PSL) et du guide de la tidjania, Cheikh Tidjane ainsi que son héritier spirituel, Cheikh Ibrahima Niass surnommé “Cheikh Al Islam” ou “Baye” pour les intimes.

Ensuite, les fidèles ont pratiqué la traditionnelle « Asr Al Jumu’a » qui se tient tous les vendredi à la Zawiya de Thierno Abdallahi Sakho à Boghé Escale. Ce rituel crucial a bouclé la première phase de la ziara qui devrait se poursuivre après le repas du soir.

Vers 22 heures, les fidèles se sont à nouveau rassemblés au domicile de Thierno Abdallahi Dia pour l’ouverture officielle des activités. Là encore, des dizaines de jeunes talibés se sont inscrits pour entonner des poèmes et des récitals en l’honneur de leurs guides spirituels, notamment le Cheikh de Kaolack.

L’imam de la Fayda (submersion) a eu droit à un cortège d’éloges sur fonds de crises d’hystéries habituelles de nombreux talibés en extase qui déchiraient par intermittence le silence des lieux. Des jeunes filles et garçons tous vêtus de blanc assuraient l’ordre et la sécurité en bons “serviteurs de la fayda” comme ils aiment à se faire appeler.

Même les fidèles établis à l’étranger se sont fait inviter à la partie par liaisons téléphoniques relayées en mains-libres sur haut-parleur. Un écran géant était aussi suspendu sur un toit pour permettre à ceux qui n’ont pas eu la chance d’accéder dans la cour du domicile de Thierno, de suivre l’évènement en temps réel.

L’entrée de Cheikh Mansour Niass à 1heure 30 a été un des moments forts de la cérémonie car tous les fidèles se sont levés pour lui témoigner leur respect et leur indéfectible considération. C’est dans cette hystérie collective que Oustaz Ahmed Bâ, devenu depuis ces dernières années une des icônes de la cérémonie, a pris la parole pour évoquer cette fois les multiples expéditions menées par Cheikh Baye pour porter plus haut l’étendard de l’Islam.

Dans un style qui allie la clarté et la pertinence, Oustaz a rappelé les multiples voyages effectués par Cheikh Al Islam à travers le monde du Nigéria en Angleterre où il trouva la mort. « Partout où il est passé, explique-t-il, il a allumé la lumière divine sans faire usage de la force ».

A ceux qui prétendent que l’Islam est une religion de violence, Oustaz Bâ a rétorqué en rappelant que toutes les guerres que le prophète Mohamed (PSL) avait livrées contre les infidèles s’inscrivaient dans le cadre de la légitime défense. « Le mot salam (paix) est cité 36 fois dans le Coran contre seulement 6 pour le mot guerre », lance-t-il sous les cris hystériques de centaines de talibets visiblement séduits par son maniement du verbe.

Poursuivant sa dissertation à coup de poèmes du guide, Ahmed Bâ s’est longuement appesanti sur les voyages de Baye notamment dans l’Etat de Kano au nord Nigeria où il a réussi à convaincre des millions de personnes à adhérer à la religion de la vérité par sa maîtrise de la rhétorique mohamedienne.

L’orateur n’a pas manqué aussi de rendre hommage à Thierno Al Hassane Barro (membre du Haut Conseil Islamique et un des guides de la tariqa) décédé à Boghé dans la nuit du 26 au 27 décembre 2009 ainsi qu’à l’océan du savoir, Thierno Abdallahi Dia.

Après des scènes hystériques de dhikr (répétition de formules ou litanies) par des fidèles en extase, Thierno Abdallahi Dia, perché sur un fauteuil entre Cheikh Mansour à sa droite et Thierno Boubou à sa gauche, prit la parole à 2 heures 30 au milieu d’une foule en ébullition.

Dans sa verve habituelle, Thierno a longuement disserté sur la signification de la pensée soufie et son rôle dans l’approfondissement de l’Islam ainsi que sur les liens entre le fidèle et son Créateur. Il a ensuite évoqué l’immense œuvre de Cheikh Baye avant d’appeler les fidèles « à resserrer leurs rangs conformément aux préceptes de notre sainte religion ».

La lecture du Coran après la prière d’El Fajr a bouclé samedi la 17e édition de cette Ziara annuelle qui a été pour beaucoup dans la large diffusion de la Tidjania Ibrahimienne à Boghé et environs notamment chez les jeunes. En effet, l’ascension fulgurante de cette confrérie qui ne comptait que quelques dizaines d’adeptes au début des années 80 a surpris plus d’un.

Dia Abdoulaye

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Dia Abdoulaye