dimanche 23 août 2015

Ton départ Mohamed Said Homody laisse un vide que rien ne peut combler

Ton départ Mohamed Said Homody laisse un vide que rien ne peut combler   J’ai appris le voyage vers l’au-delà, de feu Mohamed Said Hamody. Mon émotion a été grande et mon affliction profonde. Il a voyagé vers l’au-delà, car ce monde n’est plus le sien. Tu es allé, très cher défunt, rejoindre les élus comme toi.

Ton départ laisse un vide que rien ne peut combler. Aujourd’hui, la culture encyclopédique est orpheline, la sagesse confucéenne est décapitée, le savoir perd une grande valeur et le valoir est privée d’une grande école.Je n’ai pas connu l’homme.

Je n’ai pas eu cette chance, ce grand privilège. Pourtant, il était sobre, modeste, digne, fier et à tous accessible. Je crois avoir l’occasion de lui serrer la main une foi, et j’en étais tout à fait honoré. C’est à la fin des années 70 que j’avais entendu parler du Monsieur.

A l’époque, il occupait de hautes fonctions étatiques. On m’avait dit qu’il était l’auteur des « Mémoires d’un Hammam ». Un ouvrage irrésistible, à travers lequel Said Hamody avait transcrit notre hassanya-charbia en français à la Molière-Voltaire-Hugo. Très jeune à l’époque, j’avais dévoré l’ouvrage avec une inoubliable délectation.

Ton départ nous laisse désemparés. Nous nous rendons compte que les générations-sagesses sont en train de nous manquer. Il n’en reste que très très peu.

Un Baobab est tombé. Un Baobab, ça ne repousse pas. N’oublions pas Mohamed Said Hamody ! Œuvrons pour le triomphe des idéaux pour lesquels il s’est toujours pacifiquement battu, et de manière hautement civilisée.

Paix à sa grande et généreuse âme ! Condoléances les plus attristées à sa famille, la restreinte (proches) et celle des grands. On ne trouve pas, dans ce genre de circonstances les mots expressifs. Mais Alfred de Vigny avait dit « Seul le silence est grand; tout le reste n’est que faiblesse ».

Debellahi Abdeljelil

Mémoire de Mederdra (suite) / Par Brahim ould Ahmed Ould Memadi

Mémoire de Mederdra (suite) / Par Brahim ould Ahmed Ould Memadi

Chapitre 13 : Les filles aînées

Les siècles consécutifs, les grands érudits très célèbres, leurs confréries et autres unités (facultés) d’enseignement traditionnel, de recherche et de formation, firent bien de la fabuleuse Méderdra, l’université islamique notoire en Afrique de l’Ouest…

Elle fut surtout et simultanément, la grande académie militaire de référence et de préférence ! S’agissant de l’exceptionnelle gloire guerrière ascendante de ses nobles et intrépides émirs !! Ses très nombreux guerriers furent tous des héros célèbres et leurs plans de combat réputés tactiquement infaillibles et foudroyants !!!

L’illustre bataille de ghazzi el mounkasse, parmi tant d’autres et beaucoup plus encore ne fut alors qu’une illustration simplifiée d’une très longue et solide tradition, hautement combative ! Laquelle logique n’avait de mesure que son effet propre suscitant, par sa violence destructrice, le spectre de la frayeur, de la crainte et le respect évident et bien à distance.

Ainsi, le rempart, rebutant, du Trarza, fut solidement bien érigé, par l’effet très efficace de la plus redoutable arme qui n’est autre que la dissuasion ! Edifice et socle glorieux !!!

Que dire d’un combattant solidaire, sur une jument qui venait juste de mettre bas, n’ayant qu’une seule bouche à feu, « le fameux el guergar », sur les trousses d’un bataillon de boucaniers aguerris et armés jusqu’aux dents qui infestaient le pays terrorisant les paisibles populations ?! Pourtant, le très vaillant émir alerté et intervenant depuis Saint-Louis du Sénégal ramena tout le butin, en plus de nombreux prisonniers qui reconduisirent les inestimables troupeaux, et, là exactement, où ils les enlevèrent !!!

C’était donc aux environs du piton « n’neich boukhzame », au Nord d’Akjoujt, qu’Ely Ould Mohamed Lehbib rattrapa les assaillants !!! Malgré la longueur d’avance qui les séparait de n’darr, dans l’espace et le temps !!

Certes, la bravoure inégalée du prince, sa parfaite utilisation du terrain et l’effet tactique de la surprise, firent nettement la différence au plan de la valeur militaire intrinsèque…

Que dire aussi de la « terreur » des colons, le sommet de l’intrépidité Ahmed Ould Deid le redoutable système du raisonnement tactique ?! Que dire alors de l’onde de choc terrible et terrifiante qu’entretenait un métissage réussi d’entre les deux rives du fleuve, le roi des monarques Ahmed Salem Ould Brahim Salem !!! Que dire donc de toutes ces célébrités, de leur genre et leurs exploits, tous ?!

Il faut bien plusieurs encyclopédies pour essayer d’en cerner le sujet ! Un passé glorieux méritant l’immortalisation !!! Non loin de cette époque et beaucoup trop loin de notre vaste désert et, à partir d’un autre continent, Léopold Sédar Senghor fut bien député du protectorat qui, plus tard, se métamorphosa en Mauritanie… Pourtant, il n’avait jamais vu son cher fief électoral, que sur carte topographique !

Pire, ses électeurs inconnus, l’avaient extrêmement démocratiquement « élu » !!

Donc, l’incroyable en « l’ailleurs », fut bien vrai chez nous, depuis bien, avant la soi-disant accession à la souveraineté ! Quand Senghor, sans y croire lui-même sûrement, ni bouger d’un pouce, à partir de l’hexagone « irrégulier », réalisa banalement, ce qu’aucun patriote très honnête et, en l’occurrence mauritanien, ne peut réussir aujourd’hui !!!

C’est ce qu’on appelle en jargon « militaire » : LARGAGE, ou BABELISME, puisqu’incompréhensible et, continu !

Et du fait que nous portons ce virus depuis la gestation, il est bien nôtre !

Donc, ce mode de scrutin, toujours de « l’ailleurs », fait bien partie intégrante de nos traditions républicaines !!!

C’était à cette époque de grossesse, sûrement précoce pour la vieille-nouvelle Mauritanie, qu’à Méderdra, la fille aînée des émirs du Trarza, naquit une autre fille, la Médersa !! Elle aussi, aînée de l’enseignement moderne du pays. Bien avant celle des fils des chefs, fondée à Aine Selame, sous une tente en laine, à la veille de la deuxième guerre mondiale et qui fut transférée à Boutilimit.

La nouvelle-née de S’sangue portait sur sa façade en lettres métalliques, le nom de son premier directeur : « Ecole de garçons, monsieur Follenfant » Ainsi, l’enseigne de l’Eparse fut bien la fierté de tout l’univers pédagogique national !

La Médersa, appellation à résonance maghrébine, parade et astuce à connotation destinée à atténuer un sentiment de haine et de rejet automatique de tout ce qui est mécréant, chez les maures !

Les premiers enseignants furent presque tous déportés des autres colonies.

Ainsi, le quartier malgache de Méderdra, doit son nom aux enseignants et employés originaires de la grande île. Ils avaient installé leur « popote » sur ce terrain, contigu à la cour de l’école.

Quant aux élèves, ils étaient en majorité enrôlés de force de partout dans le désert, et installés à l’internat, très loin des familles et complètement déboussolés !

Il fallait donc, et à tout prix « franciser » la nouvelle colonie !!! Et voilà que nous y sommes depuis plus d’un siècle justement !! Et comme dit bien l’adage de chez nous : « faîtes de ce qu’on vous impose, un exploit »… Sous d’autres cieux, les vertus de la très belle langue de Molière sont parfaitement bien mises à profit malgré qu’elle soit considérée comme un butin de guerre.

Les premiers enseignants de la médersa étaient de la génération des :

- Ben Moussa l’algérien

- Alioun Kébé le malien

- Séyni N’diaye le sénégalais

- Sall Clédor mauritanien

-Kokou Degbello Rogobert béninois

Etc.

Ce béninois fut le dernier étranger en service à S’sangue.

Après l’indépendance et avant la décomposition, malheureusement très avancée, du système éducatif, les célèbres directeurs de Follenfant furent :

Feu Abdellahi Diallo

N’gaidé Abass

Saw Diouldé

Mohamed ould Bouhoum

Etc. Quelques enseignants illustres :

Seyidne Aly, Zeidoune, Sid’Ahmed ould Abderrahmane (poète), Habib, Soumaré, Syla Allé, mint el Wennane, Aichata Diarra, Mâme Diallo, Vatimetout mint Didi, etc.

Les surveillants :

Dah ould El Bowah, El Moctar Ould Eleye, Mohamed Ould Cheddad…
La cloche était la jante d’une roue d’un camion T46 suspendue au tronc gercé du géant arbre mirobolant. L’arbre à palabre !

En face, à l’Est « Levrig », les tentes de la cantine et la cuisine de Salme, la mère gigogne, avec sa grande pipe sempiternelle ! Elle ne se marrait jamais de manipuler sa pelle-écumoire dans la panse de ses géantes marmites noircies par le feu de bois…

Impassible, elle partageait équitablement son riz, d’une blancheur immaculée, dans des dizaines de gros « T’baçil », alignés en colonnes tortueuses… Ses repas, sans condiments, extrêmement chauds, d’apparences fades, donnaient pourtant beaucoup d’eau à la bouche ! Puisque de grande réputation pour leur saveur succulente ! Oui, très souvent, on trinquait avec nos amis internes ! C’était aux temps où l’originalité et la pureté étaient essentiellement à la base de n’importe quoi et n’importe qui, surtout !

Quant aux engrais et autres O.G.M., ils n’étaient que complètement ignorés !

Parmi les élèves de notre école, il y avait bien des célèbres. Selon que l’individu eût été gros, gourmand, frêle, pachyderme, soigné, brouillon, poreux, fretin ; brillant, ignard, confus, court, n’diol, âne, costaud, moqueur, fripouille, courageux, froussard, con carré, distrait, solitaire, timide… Il y avait aussi et surtout ceux qui ne se mouchaient jamais, d’autres qui ne cédaient au sommeil qu’une fois en classe et bien sûr les victimes de la colique chronique, tout le temps assis sur le trou.

Les sobriquets ne manquaient guère : Kreidich, le hérisson, Diella, Vreighich, la taupe, el var, Keidar, Qneiqenn, jojo, ejmel, kiss-kiss, welbarke, gouchard, tâewerre, Messou-eîdikoum, m’bâlit, etc.

Les deux et seuls faits qu’aucun sujet ne justifiait et qui ne comptaient complètement pas, furent invariablement, la pigmentation de la peau et l’appartenance socioculturelle !!

A ce propos justement, on dirait que la grande inconnue de l’équation nationale mauritanienne demeure toujours et par prédilection au Trarza !!

Notre école comptait de grands poètes dont Bouh Ould Kori : ses boutades nous émoustillaient !!!

Perchés sur une échelle,
J’ai vu deux nourrissons,
Keïdar el mouchekel
Et Dieng le hérisson
Terket el cantine ma’merdi
Avec tout leur brouhaha
Koullou dabetinn vil ardhi
Alel ilahi rizqouha…, etc.

Sixième édition du Festival des dattes de Tidjikja

Sixième édition du Festival des dattes de Tidjikja

  Le maire de Tidjikja livre ses impressions, au lendemain de sa première édition à la tête de la mairie: «Le festival a été un succès, en termes de notoriété, d’affluence, d’organisation et d’impact sur les producteurs de la ville».

Quelques dix jours après la clôture de la 6ème édition du Festival des dattes de Tidjikja, son maître d’œuvre et maire de la commune, Saleck Ould Saleck, a accepté de livrer ses impressions aux lecteurs du Calame.

Le Calame : Il y a dix jours que les rideaux ont été tirés sur la 6ème édition du Festival des dattes de Tidjikja. Quelle évaluation en faites-vous ?

Saleck Ould Saleck : Cette 6ème édition aura été une réussite à tous les points de vue. D’abord, en notoriété. En effet, c’est la première fois que cette manifestation a été parrainée par le président de la République. Ensuite, en affluence.

Nous avons reçu plusieurs personnalités nationales et internationales, notamment la ministre de la Culture et de l’artisanat qui a ouvert et clôturé la manifestation ; celui de l’Agriculture, celui du Commerce et, enfin, celui de l’Urbanisme et de l’habitat et de l’aménagement du territoire.

A ces hôtes, il faut également ajouter le directeur général de l’agence Tadaamoun et le coordinateur du Système des Nations Unies (SNU) en Mauritanie. Trois de ces ministres et Tadamoun ont expliqué, devant l’Association des Maires du Tagant pour le Développement (AMTD), à Rachid, localité située à 45 kilomètres à l’ouest de Tidjikja, leur différentes stratégies et programmes de leur département.

Ils répondaient à l’invitation des maires du Tagant qui ont déroulé, devant eux et le public, leur plan de développement intercommunal.

A cela s’ajoute, la mobilisation des citoyens de la ville et ses cadres qui ont bien voulu sacrifier leur temps et leurs moyens, pour accompagner et soutenir la manifestation, hélas marquée cette année, comme vous le savez, par une mauvaise production de dattes qui n'a, cependant, en rien diminué l'engouement et l’enthousiasme des populations et des festivaliers. En termes d’organisation, tout s'est bien passé, il n'y a eu aucun incident, aucun désagrément à déplorer.

Enfin, l’impact sur la ville et ses populations. Cette 6ème édition aura aussi été une réussite à cet égard, dans la mesure où elle a permis, aux producteurs locaux, malgré la modestie de leur rendements et ceux venus d’ailleurs, d’écouler leur production, au cours de la foire des dattes, organisée à cette occasion.

Je signale que la foire des dattes, organisée, par le passé, au marché central et dans la Batha, n’a jamais connu de succès comparable à celui de cette année. Les vendeurs de bétail ont également profité de la manifestation, ainsi le commerce local en général.

Autre impact direct du festival, la rencontre des ressortissants de la ville de Tidjikja a conduit à la naissance, sous l’égide de Sidi ould Choumad ould Zeïne d’une initiative citoyenne : « Tidjikja, ville propre ». Vous avez remarqué que cette initiative a connu un début d’exécution, sur financement des ressortissants de la ville. Je peux donc me permettre d’affirmer que cette 6ème édition a connu un plein succès.

- On a noté, cependant, l’absence de vos collègues des autres wilayas oasiennes, alors qu’il existe une association des maires des communes oasiennes. Peut-on savoir pourquoi ?

- Les maires de l’Adrar étaient attendus ; ils ne sont pas venus à cause, je crois, de leur calendrier. Cependant, vous aurez remarqué la présence, à la foire des dattes, des producteurs de l’Adrar venus de façon organisée.

- Que répondez-vous à ceux qui ont qualifié le festival d’« initiative UPR », et à ceux qui vous accusent de n’avoir pas « démocratisé la gestion du festival, d’avoir tout concentré entre les mains des membres de votre famille » ?

- Vous savez, dans ce genre de manifestions, il y a des attentes diverses. Certains y viennent par curiosité ; d’autres, pour tirer un profit matériel égoïste, et d’autres, enfin, pour un échange d’expérience, pour découvrir d’autres contrées, d’autres us et coutumes ; certains pour répondre à une invitation d’un ami… On ne peut donc répondre à chacune de ces préoccupations, du reste humaines.

Vous avez l’avantage de connaître Tidjikja et ses habitants. Je ne vous apprends rien, de ce point de vue. On ne peut empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent. En ce qui me concerne, j’estime que nous avons fait l’essentiel, pour rassembler les hommes et les femmes de Tidjikja à la réussite de cette manifestation. Le festival est pour l’ensemble des populations de la commune, ce n’est pas une affaire du maire ou de sa famille, de son clan politique…

Je ne peux pas me reconnaître dans ces considérations. Je suis le maire de tous. Je considère que les Tidjikjois ont tous contribué à la réussite de leur festival, de près ou de loin.

Je profite d’ailleurs de l’occasion que vous m’offrez pour remercier les autorités administratives et sécuritaires, tous nos sponsors sans lesquels cette manifestation n’aurait pas connu ce succès. En tout cas, le résultat est là et nous ferons une évaluation objective du travail qui a été abattu devant tous les Tidjikjois. On jugera sur pièces.

- L’eau constitue une grave préoccupation de la ville et de son oued. D’ailleurs, un atelier a été consacré à la problématique de l’eau à Tidjikja. Qu’entendez-vous faire pour y trouver une solution durable ?

-Vous avez parfaitement raison, Tidjikja connaît un véritable problème d’eau, aussi bien pour les populations (eau potable) que pour l’oued, fondement économique de la ville. Comme vous le savez, des sécheresses successives ont fortement abaissé le niveau de la nappe phréatique.

Du coup, nombre de palmeraies sont menacées de disparition, si ce n’est déjà fait. Face à cette situation préoccupante, nous avons en effet organisé, avec les ONG Ecodev et Tenmiya, un atelier autour de cette problématique. Vous avez assisté aux débats, importants, entre les cadres et notables de la ville, sur les propositions préconisées par les experts.

Et au terme des échanges nous avons mis en place une commission de suivi qui devra rapidement plancher sur la réalisation d’une étude sur les voies et moyens de trouver l’eau pour Tidikja et son oued. Je salue, au passage, la décision de la Fondation Mohamed Abdallahi ould Zeïne qui a décidé d’investir ses moyens pour aider à trouver une solution au problème.

Et j’espère que cette annonce va susciter une émulation, parmi d’autres bonnes volontés, bailleurs de fonds, structures de l’Etat, etc., afin de nous permettre d’atteindre notre objectif commun, celui de régler définitivement cet épineux problème d’eau.

C’est ce à quoi je m’attèle. D’ailleurs, nous pouvons compter sur le soutien du président de la République qui n’a pas manqué d’exprimer sa détermination à nous aider en ce sens. Je souhaite, d’ici là, que l’hivernage de cette année soit très pluvieux, que l’orage qui a perturbé la cérémonie d’ouverture du festival, le vendredi 31 Juillet, soit signe annonciateur d’une bonne saison de pluie, cette année.

Propos recueillis par Athié
 Le Calame