vendredi 16 mai 2014

Problématique de l’eau à Boghé

Problématique de l’eau à Boghé Antoine de Saint – Exupéry disait : «l’eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni odeur ; on ne peut pas te définir ; on te goutte sans te connaître ; tu n’es pas nécessaire à la vie, tu es la vie ». C’est cette eau qui manque à Boghé en quantité et en qualité.

De façon évolutive les populations se sont abreuvées à partir d’eaux stagnantes (mares, marigots, lacs), de puits traditionnels sans margelle, ni buse puis de puits améliorés à exhaure manuelle ou asine ou cameline. Ces eaux ont toujours engendré des maladies : onchocercose, bilharziose (urinaire et (ou) intestinale, dysenterie amibienne etc.…

Il ya de cela bientôt dix ans, la SNDE (Société Nationale des Eaux) s’est installée à Boghé en forant trois puits, en construisant un château d’eau et en mettant sur place un réseau de distribution.

L’espoir était que ce projet satisfasse les besoins en eau des populations ; mais cet optimisme s’est vite émoussé car l’eau est hyper calcique (ce qui a causé un problème de santé publique dont la prise en charge est impossible) et infraliminaire (deux des puits se sont taris engendrant des tours d’eau des différents quartiers.

En 2007 le réseau de la SNDE ne desservait que 946 branchements (soit 45% de la population). En 2011 on compte plus de 1500 abonnés pour un besoin de 1500 à 2000 m3 d’eau par jour. Le réseau hydraulique est inversement proportionnel à la taille d’une ville en plein expansion tant du point construction que démographie (le taux de croissance est de 2.3%).

Dans la zone desservie on compte aujourd’hui 2435 ménages pour 1604 concessions. Seul Boghé Dow, Escale, une partie de Touldé et de Nioly sont desservis par le réseau initial alors que différents quartiers demeurent à ce jour non couverts : c’est le cas de Bassine, Imarat, Bakaw,Balladji, Thienel … Même si cette eau suffisait il y a lieu de la disqualifier dès lors qu’elle pose un problème de santé publique.

L’ex-Directeur Général de la SNDE avait mené une lutte d’arrache-pied pour solutionner ce problème. C’est ainsi que la SNDE a récupéré le forage de la Sonader qui a convaincu par la qualité et la quantité de ses réserves hydriques. Là aussi se pose sur le plus ou moins long terme un problème de contamination de la nappe phréatique : depuis 1983, début d’exploitation du CPB (Casier Pilote de Boghé) des centaines de tonnes d’engrais (urée, phosphate, potasse) sont déversés pour augmenter les rendements rizicoles.

Si respectivement les éléments contenus dans ces intrants N (azote), P (Phosphore), K (potasse) sont indispensables pour le développement des plantes, ils sont également déconseillés pour la santé humaine.

Ces substances par phénomène d’infiltration contamineront la nappe phréatique. Pour le court terme le forage de Touldé contribue à l’esquisse de solution.

Des équipes d’hydrogéologues ont mis en évidence une nappe phréatique très aquifère qui solutionnera le problème de Boghé à 16 km à l’Est de Boghé, Ferouga.

En attendant, des centaines de femmes sont tenues de renoncer quotidiennement à leur repos nocturne pour se procurer le liquide précieux. Et à quand le démarrage d’un tel projet ? Se pose-t-il un problème de distance ou de prix de revient manométrique ? Et pourtant la ville de Nouadhibou a été alimentée à partir de Boulanouar ; Akjoujt à partir de Bennichab ; M’bout à partir de Foum Gleita ; l’Arabie Saoudite a remorqué des icebergs (montagnes de glace) depuis l’Océan Glacial Arctique pour les faire fondre sous le ciel du Sahara.

C’est connu que Boghé est dans la zone des Bassins sédimentaires secondaires, tertiaire contenant des nappes phréatiques datant de l’Eocène et du Maestrichtien ; et quartenaire séparés par le Continental terminal ; Bassin comparables à des livres où chaque page ou strate n’a pas encore livré son contenu. Mais ces réserves, ne peuvent-elles pas être laissées en jachère pour les générations futures ?

Si les USA importent du pétrole et conservent jalousement dans le sous-sol leurs hydrocarbures c’est pour assurer leur suprématie sempiternelle au moment où les énergies renouvelables ne sont pas aptes à supplanter totalement les autres énergies au moment où le nucléaire inquiète, hier avec Tchernobyl, aujourd’hui avec Fukushima au Japon qu’adviendrait-il de Nouakchott si le projet Aftout n’avait été mis en place eu égard à l’essor démographique de la ville et la remontée du biseau salé ? La solution qui consistera à pomper de l’eau à l’Est d’Idini, au PK 90 au lieu dit Tenadi est équivalent aujourd’hui à la solution Ferouga pour Boghé.

Pourquoi hésite-t-on de se tourner vers le fleuve ? Ce que vaut Nouakchott pour le fleuve (par l’énergie de Manantali, l’eau d’Aftout Es Saheli) Boghé le vaut pour ce même fleuve. D’autant plus que la station de pompage du CPB peut remplir cette fonction en l’équipant d’une station d’épuration.

Certains pays ont mis au point des techniques plus onéreuses pour solutionner le problème de l’eau en dessalant l’eau de la mer pas osmose inverse sous une forte de DDP (différence de potentiel). Pour Boghé ou ailleurs le développement humain durable est liée à l’eau qui sera à côté du réchauffement climatique la mère de la bataille du troisième millénaire ; et si la Mauritanie veut emprunter le TGV de la mondialisation, elle doit régler le problème de l’eau pour tous ses citoyens.

Al Housseynou Sy
Professeur, Directeur du lycée de Djéol

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