mercredi 4 janvier 2012

La COD4 à Nouadhibou et à Rosso: Explications tous azimuts



Vendredi 30, à Nouadhibou, et samedi 31 décembre, à Rosso, les quatre partis ayant engagé, en septembre dernier, un dialogue politique avec le pouvoir ont achevé leur périple national d’explication et de vulgarisation des résultats de ces pourparlers. Il aura fallu un long mois, aux présidents Messaoud Ould Boulkheir, de l’APP, Boydiel Ould Houmeid, d’El Wiam, Mohamed Ould Lekhal, l’ancien colonel, de Hamam, et Abdesselam Ould Horma, le docteur, de Sawab – pour sillonner la Mauritanie et y vanter les mérites d’un dialogue qu’ils avaient décidé d’entreprendre, contre l’avis d’une dizaine de partis avec lesquels ils formaient une même coordination démocratique d’oppositions au pouvoir en place. Vendredi, sur l’estrade de la tribune officielle de Nouadhibou, les leaders ont, tour à tour, abordé différents sujets liés à la vie politique, sociale et économique du pays. Abdesselam Ould Horma a, tout d’abord, expliqué, en quelques minutes, les raisons principales qui les ont motivés à choisir la concertation plutôt que la contestation. Le président de Hamam est revenu, ensuite, dans un discours qualifié, par un de ses pairs, «d’ici et de là-bas», sur la situation du pays, en général, et, spécifiquement, sur celle des travailleurs journaliers de la ville de Nouadhibou, que des truands, «en complicité avec l’Etat», selon ses propos, exploitent sans aucun état d’âme. Il a promis que la COD 4, qui s’insurge, vivement, contre toutes les formes d’exploitation et d’esclavage, modernes ou non, y mettra fin, dès qu’elle parviendra au pouvoir. Mais ne dit-on pas qu’«attendre est long à l’assoiffé»? Pour Boydiel Ould Houmeid, l’option de la révolution reste, cependant, une aventure que ses amis et lui ont voulu éviter, en entreprenant le dialogue avec le pouvoir et l’échec, en Mauritanie, des soubresauts consécutifs au printemps arabe les réconforte dans leur attitude. Dans son intervention, Le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, a abondé dans le même sens que ses trois camarades, avec, en prime, quelques dérapages langagiers et autres provocations adressées à ceux qui ont choisi de ne pas aller au dialogue, sans garanties de son succès.
De sources sécuritaires, deux à trois mille personnes auraient pris part au meeting. Deux facteurs expliquent, selon les observateurs, cette passable affluence. D’abord, l’absence du très mobilisateur El Qassem Ould Bellali sur laquelle beaucoup de supputations circulent. Ensuite, la crise que traverse l’APP dont les éléments du groupe dissident – APP/Comité de crise – ont battu campagne pour le boycott de la manifestation. L’opposition participationniste aura, tout de même, mieux drainé la foule que l’UPR, en dépit des gesticulations des pieds, des mains et du portefeuille des fédéraux et des ministres qui n’avaient rassemblé, en définitive, qu’à peine deux mille personnes, principalement débarquées de Nouakchott. L’autre opposition, la boycottiste, prépare meeting pour le 14 janvier 2012. Réussira-t-elle à mobiliser encore plus de monde? Qui vivra verra.
A Rosso, bien que ses habitants, de l’avis d’un observateur bien avisé, ne soient plus enclins à se déplacer, en masse, aux rassemblements populaires, celui de la COD 4 du samedi 31 décembre dernier en a attiré quelques bons milliers. Mais, bref: la campagne d’explication est terminée, les quatre présidents de la COD4 peuvent se consacrer à autre chose, notamment convaincre le pouvoir à mettre en œuvre, rapidement, les conclusions de leur dialogue, pour sortir, d’une part, le pays de l’inconvenante crise institutionnelle où toutes les sphères de l’Etat fonctionnent, selon l’avis de grands constitutionnalistes, dans la plus totale illégalité, et ne pas donner raison, d’autre part, à ceux qui ont toujours soutenu qu’il ne fallait rien attendre de ce pouvoir, rompu aux manœuvres dilatoires et à la politique d’endormir amis et adversaires, après leur avoir fait miroiter le paradis.
Sneïba El Kory

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire