mercredi 4 janvier 2012

Assaba: Des populations frustrées par leurs élus



Comme partout dans le pays, les populations de l’Assaba ont élu, entre 2006 et 2007, leurs représentants aux deux chambres du Parlement et vingt-six maires de commune. La campagne avait été rude et acharnée, tous – tribus et partis, militants et notables, hommes et femmes – s’étaient beaucoup investis pour gagner le pompon. Après le scrutin, on se disait: « Ah, cette fois, nos nouveaux élus vont s’occuper de nous, entendre nos appels et s’efforcer d’y apporter des réponses!». Las! Les mois et les années passèrent, les conditions de vie des populations n’ont cessé de se dégrader et les problèmes, de s’accumuler.
Constat imprévisible, amer et difficilement digérable, c’est dès le début de leur mandat, quelques heures, à peine, après leur élection, que les députés de la wilaya se sont éclipsés de la scène, profitant de leur étiquette pour entamer des actions personnelles, lucratives et partisanes, oubliant leurs rôles d’assistance aux populations et de construction d’un développement durable: répertorier les problèmes, les contraintes et les défis, organiser les priorités et l’édification des infrastructures communautaires, prospecter les aides, obtenir des financements et les gérer convenablement, en toute transparence...
Le désagrément et la frustration de ces populations envers leurs élus sont d’autant plus compréhensibles qu’après cinq années d’exercice, pas un forage, pas une école, pas un centre médical, pas un orphelinat, pas un je ne sais quoi d’autre n’ont été édifiés. Seules actions concrètes, sur le terrain, les collectes, massives, de taxes municipales, auprès des petits vendeurs, des transporteurs, des charretiers et, même, des veuves en charge d’orphelins… Nuançons, tout de même: beaucoup de maires vivent en leur commune, offrant, à leur population, des prestations minimales, notamment en matière d’état-civil.
Si, au niveau local, les députés ont préfère rompre avec leur base, au niveau national, leurs prestations sont aussi défaillantes: récurrent nomadisme politique, absentéisme ou assoupissement perpétuel, lors des séances parlementaires où tout député qui se respecte et respecte ses électeurs devrait se distinguer par son analyse des problèmes, nationaux ou régionaux, et son attachement aux problèmes de sa circonscription… Sur la base de quelles compétences, se demande le moindre observateur de notre microcosme politique, au vu de quel programme, au constat de quelles actions, ces arnaqueurs du peuple ont-ils été élus? Par quels sortilèges pourraient-ils se faire réélire? Le peuple mauritanien observe, compare et réfléchit à ce qui se passe chez lui et autour de lui. Qu’on se le dise, messieurs les élus et prétendants à le devenir: il est grand temps que l’avis et l’intérêt du citoyen soient respectés et privilégiés. Qui sème le vent récolte la tempête…

Cheikh Ould Ahmed
Cp Assaba
Le Calame

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