vendredi 30 décembre 2011

Centre médical de Boghé : Incompétence mortelle



«J’ai été admise dans la salle de maternité où le docteur Kane réussit en 5 minutes à extraire le reste du corps non sans fracturer les épaules du bébé. Ce dernier était déjà mort à Boghé. »


Parmi les causes de cette mortalité : l’incompétence et le manque de conscience professionnelle d’une partie du personnel de santé. Entre le centre santé de Boghé et l’hôpital d’Aleg, Athia Gueye Sy, in extremis, a survécu à cette incompétence mortelle. Témoignage.
Nous l’avons trouvé couchée sur une couverture étalée sur une natte. Le visage meurtri, la voix cassée. Madame Guèye dite Athia Sy éprouva toutes les difficultés pour se relever et s’asseoir afin de s’adresser à nous pour raconter le calvaire qu’elle a vécu entre la maternité du centre de santé de Boghé et celle du centre hospitalier régional d’Aleg. « Dans la nuit du lundi, 28 Novembre 2011, aux alentours de 23 heures du soir, j’ai été transportée en urgence par mon époux et mes proches à la maternité de Boghé pour y accoucher raconte Athia Sy. Sur place, elle déclare avoir trouvé une équipe de femmes qui assurait la permanence dans le centre médical et dont elle a préféré taire les noms. « Pendant que je me tordais de douleurs sur un lit et j’éprouvais toutes sortes difficultés pour mettre mon bébé au monde, les accoucheuses (bénévoles) se contentaient seulement de me servir avec refrain : « tais-toi, tais-toi, il faut t’en remettre à Allah ». C’est aux environs de 11 heures du soir que je suis entrée dans la salle de maternité où deux femmes ont accouché devant moi alors que ma situation sanitaire évoluait en s’aggravant d’heure en heure, sous le regard des bénévoles qui se montraient insoucieuses de mon sort a-t-elle martelé. A aucun moment affirme Athia, les accoucheuses n’ont jugé opportun d’alerter le médecin chef du centre médical pour venir m’examiner étant donné que la situation les avait dépassées. Bien qu’elles aient en leur possession mon carnet de consultation prénatal où figuraient les résultats de l’échographie du foetus réalisé la veille à la PMI de Boghé par Mme Bâ Kadiata Moussa. Et vers 3 heures du matin, continue la trentenaire, la tête du bébé sort intégralement pendant que le reste du corps du bébé restait coincé. « Je me croyais déjà morte et mes assistantes observaient sans prendre soins de moi ou au moins aviser leurs supérieurs sachant alors que ma situation se compliquait d’heure en heure et les dépassait. C’est au petit matin, vers 8 heures que l’infirmier d’état Mamoudou Soumaré est venu au centre médical. Apres examenn il demandé mon évacuation d’urgence à Aleg car c’était l’hôpital le plus proche disait-il et que vu mon état critique, je ne pouvais supporter un trajet de 5 heures de temps. » Vu la complication de la grossesse et les difficultés survenus dans l’accouchement, Monsieur Soumaré a estimé devant l’équipe de garde que celle-ci devait les alerter aussitôt pour qu’ils ordonnent notre évacuation vers Aleg pour voir le gynécologue. C’est entre 11 H et 12 Heures que l’ambulance de Boghé nous a déposés au centre hospitalier d’Aleg. A peine arrivé là encore, on nous dit « ne descendez pas, continuez sur Nouakchott, ici, il n y’a pas de gynécologue.» Mais avec l’insistance de mon époux et de quelques bonnes volontés, j’ai été admise dans la salle de maternité où le docteur Kane réussit en 5 minutes à extraire le reste du corps non sans fracturer les épaules du bébé. Ce dernier était déjà mort à Boghé. Je remercie Allah et le docteur Kane. Il a agit avec promptitude et professionnalisme. Pendant que je récupérais sur le lit d’hôpital, c’est encore des gens de l’hôpital d’Aleg qui viennent nous dégager avec du mépris. A cet instant je n’avais pas encore repris mes forces, je souffrais beaucoup et le sang était encore coagulé dans le ventre dirai-je ! Il a fallu que je sois supportée par plusieurs bras (mon mari et d’autres accompagnants) pour que je parvienne à monter dans la voiture qui nous dépose à Boghé. « Tu as vu mon état, je souffre, mais je tiens à lancer un appel aux autorités sanitaires, le nouveau médecin chef du CM de Boghé pour qu’il revoie la situation du dispensaire de Boghé où règne une grande pagaille. De simples subalternes ne doivent en aucun abuser de la vie des personnes malades. Cette situation est inacceptable ! Elle doit cesser. Nous n’indexons personne mais nous dénonçons une situation anormale qui règne au CM de Boghé et notre souci est que cette situation cesse et ce qui m’est arrivée n’arrive pas à d’autres femmes. Car, la situation que j’ai vécue en tant que femme est atroce et je ne la souhaite à aucune femme. Jusqu’à ce jour, je continue les soins dans l’espoir de retrouver mon état de santé. En dernier mot, Athia Sy et son époux, M. Baba Coumba Guèye, photographe, dénoncent l’inexistence d’un hôpital à Boghé qui affirment-ils est une ville de milliers d’habitants et qui méritent un centre sanitaire digne de ce nom. Baba Coumba Guèye a affirmé avoir dépensé environ 50 000 Um dans les soins de son épouse et n’eut été l’adhésion de son épouse au forfait obstétrical, il aurait dépensé le triple a-t-il dit. Madame Guèye est finalement allée à Nouakchott pour continuer ses consultations médicales.
Jules Diop Cp Brakna

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