lundi 17 janvier 2011

Adrar/Famine : Agacer les populations par des missions gouvernementales stériles !




Adrar/Famine : Agacer les populations par des missions gouvernementales stériles !

Depuis la fin novembre dernier, pas un jour ne passe sans qu’une mission (ministres, conseillers à la présidence, à la primature, secrétaires généraux, directeurs centraux et autres experts et techniciens de terrain) ne débarque à Atar et sillonne les Moughataas de la région. La dernière est celle qu’entreprend actuellement un conseiller du président de la République et un autre du Premier ministre. Le résultat est toujours le même : « Evaluer la situation !!! » alors que l’Observatoire de la Santé Alimentaire a déjà décrit (voir ci-dessous) avec clarté et éloquence cette situation.

Les populations se sentent agacées, voire insultées par des missions (5ministres,3 conseillers en moins d’un mois) dont le but n’est autre que miroiter à l’opinion publique « que le gouvernement se soucie des gens de l’Adrar » alors qu’en fait,il s’agit pour lui de masquer son incapacité à faire face à la famine qui ravage à petits feux, cheptel et personnes de ce pan du territoire national.

Note sur la situation alimentaire et nutritionnelle de l’Adrar

(Mois de Décembre 2010- Janvier 2011)

Ref : 002/2011 en date du 09/01/2011.



Les dernières informations collectées par la mission l’Observatoire de la Santé Alimentaire dans la Wilaya de l’Adrar montrent une dégradation très importante de la situation alimentaire des populations aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.

Cette situation pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs suivants :

- L’atteinte du bétail par la maladie de la Vallée du Rift conjuguée à d’autres épizooties contagieuses telles que la pasteurellose, et quelques cas isolés de clavelée et de botulisme.

- L’épuisement des faibles stocks céréaliers paysans dans les zones de cultures pluviales et accès difficile aux produits alimentaires de base ;

- La faiblesse du pouvoir d’achat des populations et la rareté d’activités sources de revenus dans les ménages pauvres.

- Difficultés en approvisionnement en eau potable.

- Carence des régimes alimentaires et recours aux stratégies de résistance.

Cette dégradation de la situation touche toutes les couches enquêtées mais elle est plus marquée dans les zones pastorales. La moughataa d’Aoujeft (Meddah,N’Terguent et Maaden), la Moughataa de Chinguitty (Ain Savra) et la Moughataa d’Atar(Tawaz, Ain Ehel Taya et Choum) qui avaient bénéficié de bons pâturages et par conséquent d’une disponibilité importante en production animale (lait,viande) ont brusquement basculé dans l’insécurité alimentaire.

Ceci est du en particulier à l’abstinence observée par ces populations face aux productions animales (lait et viande) suite à l’apparition de l’épidemie de la Fièvre de la Vallée du Rift au niveau du bétail.

Ces populations rurales font face actuellement à l’épuisement total des faibles stocks céréaliers villageois issus de la dernière campagne agricole. Les denrées de première nécessité importées sont disponibles au niveau des marchés urbains mais les prix de certains produits sont excessivement élevés et par conséquent hors d’accès pour des ménages démunis.

La fragilité des foyers ruraux est soutenue par l’absence d’activités génératrices de revenus, le fort taux de chômage, ainsi que par l’effondrement du prix du bétail.

Ainsi pour résister en cette période pénible, les familles démunies usent des stratégies telle que l’entraide et l’endettement. Dans plusieurs zones rurales de la Wilaya, les ménages à bas revenus connaissent un régime alimentaire très pauvre (sans viande ni lait et rarement de Niébé). Ils consomment de l’eau impropre et s’en ravitaillent difficilement.

En ce qui concerne la santé humaine, la situation se caractérise par : D’une part l’apparition au cours du dernier trimestre 2010 de l’épidémie de la fièvre de la Vallée du Rift au niveau des communes de Tawaz, Meddah et Choum et d’autre part par l’apparition d’une épidémie de paludisme jusque là inconnu dans la Wilaya au niveau de toutes les communes.

De même on signale des cas d’anémie, d’avitaminose et de diarrhée chez les femmes et les enfants en bas age signes on ne peut plus éloquents de malnutrition.

Concernant la situation nutritionnelle bien que les mesures anthropométriques n’ont pas été effectuées pendant cette phase de collecte de données, on constate globalement que cette situation chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes est actuellement difficile et risque de se dégrader dans les prochaines semaines. On observe également des cas de fatigue, d’amaigrissement et de cécité nocturne chez les personnes âgées.







Les communes de la Wilaya peuvent être classées ainsi suivant le degré de vulnérabilité :



Commune Population Taux de vulnérabilité

Meddah 8607 60%

Ain Savra 2950 55%

N’Terguint 3808 55%

Maeden 8546 50%

Tawaz 9700 45%

Ouadane 5469 45%

Choum 4048 40%

Ain Ehel Taya 8367 35 %

Aoujeft 8909 35%

Chingutty 6973 30 %

Atar 35546 30 %

Total 102933 48 %





Recommandations :


Les résultats ci-dessus et les données qualitatives conduisent à un certain nombre de recommandations pour pallier les insuffisances constatées :

- La mise en œuvre d’une assistance alimentaire ciblée pour couvrir les besoins des populations en insécurité alimentaire sévère pendant cette période notamment dans les zones de Meddah, N’Terguint, Maaden, Ain Savra, Ain Ehel Taya, Ouadane et Choum.

- Mise en place d’Activités Génératrices de Revenus (AGR) au profit des populations vulnérables en milieu urbain et rural, notamment à travers des modalités de micro crédit pour l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages.

- Renforcement et accélération de la mise en œuvre des activités de Vivres Contre Travail (VCT) dans les zones de production qui viseront à créer et à réhabiliter des actifs productifs communautaires dans les zones ciblées.

- Renforcement de l’hydraulique villageoise et pastorale afin de créer des points d’eau en milieu villageois et sur les parcours de l’élevage pour faciliter la transhumance du bétail.



Ely Salem Ould Khayar/ Adrar.Info

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