mercredi 14 avril 2010

Campagne d’implantation de l’UPR au Brakna: Un air de déjà vu



Vendredi, 9 avril 2010, aux environs de dix huit heures. La vaste maison des jeunes d’Aleg contient, à peine, les centaines de cadres et d’opérateurs politiques – deux termes fort galvaudés – venus de partout: des départements de la wilaya, de Nouakchott et même de Nouadhibou; répondre à l’appel des sirènes, tentantes, des émissaires du sérail. C’est une reproduction, réussie, des rencontres du Parti Républicain Démocratique et Social (PRDS), ancêtre de l’Union Pour la République (UPR/ DS) pour laquelle toute cette mobilisation a été entreprise.
Pratiquement, tous les hauts et bas fonctionnaires du Brakna étaient là. Les très, très hauts accompagnés de leurs troubadours et laudateurs. De vieilles «gloires», anciens ministres, ambassadeurs et autres, qui ont fait la pluie et le beau temps de l’époque «tayeuse», aujourd’hui vouée aux gémonies, étaient là, peut-être pour réécrire l’histoire. Des ministres en fonction, l’inspecteur général d’Etat nouvellement nommé, des élus, dont la nouvelle venue au parti, Aminetou Mint Maouloud, des officiers supérieurs, même, comme ce colonel-médecin, conseiller à la Présidence de la République, le directeur de cabinet du Premier ministre et bien d’autres encore ont tenu à figurer aux premières loges, pour assister au coup d’envoi de la campagne d’implantation du «parti du président de la République», selon les termes du coordinateur régional, Ali Ould Allada. Malgré une chaleur suffocante, des hommes et des femmes ont bravé les durs aléas climatiques, pour venir applaudir les choix éclairés de la direction nationale. Dans son mot d’ouverture, le coordinateur régional, après avoir présenté les responsables départementaux de l’opération, a, pendant une trentaine de minutes, rappelé les objectifs de cette campagne sur laquelle, selon ses termes, «le président fonde beaucoup d’espoirs». Les réalisations déjà accomplies et les grands programmes en cours sont une preuve, selon le coordinateur, que «le pays se porte bien». Les indemnités de transport, qui n’existaient pas, celles du logement, dont ne bénéficiaient que 5% des fonctionnaires, prouvent l’attention particulière du chef de l’Etat, à l’égard des couches défavorisées, a dit Ould Allada. Selon lui, la lutte contre la gabegie a permis de restituer des milliards d’ouguiyas, indignement volés par des malfaiteurs aujourd’hui démasqués et punis. Ironie du sort, juste devant l’orateur, certains disgraciés, qui ont, effectivement, payé des centaines de millions, n’éprouvaient aucune gêne à applaudir, quand même. Avant de terminer, le coordinateur régional s’en prend, sans élégance, à l’opposition, traitée de tous les maux (mots). Exactement comme l’a fait Ould Abdel Aziz à Arafat. Elle serait, selon les mots du coordinateur, une opposition «irresponsable, menteuse, peu soucieuse de l’intérêt national, incapable de tout, peu disposée à jouer le rôle d’une véritable opposition». Ses leaders protègent les terroristes et les gabegistes. Du vrai coq à l’âne où le coordinateur parle de tout, en vrac. Des élections du 18 juillet 2009. Du dialogue. De la reconnaissance du chef de l’Etat. Du programme d’Ould Abdel Aziz. De ses recommandations aux commissions chargées de superviser l’opération d’implantation. Dans cette optique, le président aurait, selon le coordinateur, demandé, à «tous les responsables de rompre avec les pratiques qui prévalaient». L’adhésion est, à ce titre, personnelle et volontaire. Cent adhérents convaincus valent mieux que des centaines de milliers systématiquement engagés par des notables et hauts fonctionnaires, calculateurs et hautement intéressés. Des professions de foi et de principe qui ne tarderont pas à se confronter à une réalité si têtue que les responsables qui les prêchent seront les premiers à les dévoyer, au risque de réaliser des scores véritablement peu honorables, dans une wilaya tellement pauvre que le combat de la survie ne peut se passer de la somme même modique de deux cents ouguiyas qui constitue le prix de la carte d’adhésion à l’UPR.
Sneiba El Kory

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