jeudi 14 janvier 2010

Paludisme au Brakna: La gratuité des soins n’est pas encore au rendez-vous !




Quelques mois après sa prise de fonction, l’actuel gouvernement, par la voie des autorités sanitaires qui le représentent, annoncent que les citoyens Mauritaniens atteints du paludisme, ne payeront plus de leurs poches, la facture des médicaments délivrés sur ordonnance par nos médecins dans les structures sanitaires publiques.

C’est un grand ouf de soulagement qui s’en est suivi au sein de la population particulièrement chez les habitants de la vallée du fleuve où l’anophèle fait des ravages au sein de cette population. L’annonce de cette bonne nouvelle en Septembre 2009 avait suscité beaucoup d’espoirs au sein de la population quant à la volonté des autorités de prendre à bras le corps un problème qui freine en partie le développement du pays.

Si la nouvelle avait été bien accueillie par les citoyens d’une manière générale, elle ne l’avait pas été chez bon nombre du personnel soignant dans les structures hospitalières dont une grande majorité tirait profit de la vente des médicaments.

Vérification faite auprès des centres de santé de la région du Brakna (Aleg, Maghta Lahjar, Boghé, Bababé et M’Bagne) nous nous sommes rendus compte que les malades du paludisme paient cache pour se soigner en dépit de l consigne du ministère.

La facture de la maladie reste de mise.

Le paludisme qui fait son apparition dans notre pays avec les grands aménagements hydro agricoles réalisés dans notre pays, reste la première pathologie du profil épidémiologique au niveau de la Wilaya avec des milliers de cas enregistrés chaque année dans les centres sanitaires. Nos investigations auprès de plusieurs centres de santé nous ont permis de constater des entorses graves à la gratuité des soins décidée par le ministère de la santé.

En effet, seuls les médicaments ci-après répertoriés, demeurent gratuits dans les structures sanitaires. Il s’agit du Fansidar, de l’ACT (pour les enfants âgés de 7 à 13 ans) et du Quinine. Or, pour un traitement efficace du paludisme aujourd’hui, ces médicaments, à eux seuls, ne suffisent plus. Nos médecins font recours depuis maintenant quelques années à l’association de plusieurs médicaments antipaludéens pour guérir les malades atteints de cette pathologie.

Elle est appelée couramment CTA (Combinaison Thérapeutique Antipaludéenne) dans le jargon des hommes en blouse blanche. Cette combinaison thérapeutique comprend plusieurs médicaments : le glucosé 5%, Perfalgan 1g, et l’Ampicilline 1g. Sans compter les accessoires indispensables pour déclencher la perfusion. Parmi ces accessoires, il faut citer les gants qui protègent l’agent de santé contre la contraction d’éventuelles maladies, le sparadrap (scotch) pour fixer l’Intranul sur la main ou à un autre endroit et le seringue.

Accessoires auxquels il faut ajouter la quittance hospitalière et la quittance de consultation. Une évaluation du coût global de la dépense effectuée par Abdarrahmane, le père du jeune Samba Sow âgé de 15 ans (notre photo) pour soigner son fils atteint de paludisme se chiffre à 2100 ouguiyas. Monsieur Sow, nous a affirmé lors d’une rencontre dans un centre médical de la région, avoir acheté : le glucosé 5%, le Perfalgan, la Quinine, l’Intra nul, le sparadrap, la seringue, les gants en plus de la quittance de consultation et des frais d’hospitalisation qui s’élèvent à 400 Um.

Et le père de Samba lui, travaille heureusement dans une société de collecte de lait. Pour certains malades, la facture peut s’avérer beaucoup plus salée. Le minimum qu’un malade atteint d’un paludisme aigu peut dépenser peut avoisiner la somme de 2590 Um. Car, plus la dose de G5 (glucosé 5%) augmente, la facture grimpe. Imaginez le casse tête des ménages qui résident dans les zones pandémiques où le palu fait des ravages pour faire soigner leurs enfants !

Il n’est pas rare en cette période de recrudescence du paludisme de voir trois à quatre membres d’une même famille piquer simultanément la maladie et se retrouver sur le lit d’hôpital sans moyens de se faire soigner. Dès lors le coût des soins augmente pour cette famille. Et dans ce cas, une mère et père de famille sans ressources et qui peinent à nourrir leurs rejetons de 5 ou de 10 personnes, peuvent-ils payer les soins de leurs enfants ?

Et cette période nous dit un infirmier d’Etat est un moment favorable à la recrudescence de la pathologie qu’est la Malaria. « A cause du froid, les personnes préfèrent rester à l’intérieur des chambre où se trouve la chaleur » a affirmé la même source. La plupart des personnes dit-il, utilisent tardivement les moustiquaires pendant la nuit en cette période de fraîcheur.

D’où les ravages que cette maladie occasionne en ce moment au sein de la population. L’annonce de la gratuité des soins par le département de la santé a semé une confusion et posé des problèmes au personnel de la santé. Bon nombre de nos concitoyens atteints de paludisme et se présentant dans les structures sanitaires d’accueil exigent d’être soignés sans débourser un Khoums de leurs poches.

Ce qui engendre fréquemment des polémiques et disputes interminables entre le personnel soignant et les malades, ou quelques fois leurs accompagnants. Une situation qui perturbe également le travail des infirmiers et partant le fonctionnement régulier des centres. Ces malades démunis attendent un signal fort du ministre de la santé, M. Cheikh O Horma afin que les soins soient effectivement gratuits dans ces structures de santé.

Thièrno Souleymane
Cp Brakna

www.cridem.org


Info source :
Le Quotidien de Nouakchott

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