mardi 10 décembre 2013

Hommage posthume à mon père, Ghaly Ould Abdel Hamid - [PhotoReportage].

Hommage posthume à mon père, Ghaly Ould Abdel Hamid - [PhotoReportage]. Le bureau exécutif de la Ligue Mauritanienne des Droits de l'Homme a rendu hommage à Ghaly Ould Abdel Hamid, dans l’après-midi du mercredi 09 janvier 2013, à travers une cérémonie organisée à l'Hôtel Wissal.

Cette cérémonie a regroupé la famille, les amis du défunt, les militants des droits de l'homme et les membres de la société civile. Natif du Tagant Ghaly Ould Abdel Hamid est titulaire d'une licence en droit, diplôme qu'il a obtenu à l'université Mohamed V. Brillant professeur de droit à l'université de Nouakchott, où il enseignait aussi, l'histoire des idées politiques, il s'occupait en parallèle de ses sociétés qu'il avait créées avant de poursuivre ses études supérieures au Maroc.

C'est en mars 1986 que Ghaly Ould Abdel Hamid a crée la Ligue Mauritanienne des Droits de l'Homme, affiliée à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, dont il fut le premier président, élu à l’unanimité, à l'issue d'une assemblée générale.

De cette date jusqu’à 2002, d'assemblée générale, en assemblée générale, Ghaly Ould Abdel Hamid est élu et réélu à l'unanimité Président de cette organisation pionnière des droits humains en Mauritanie. Durant ses mandats Ghaly Ould Abdel Hamid a été élu Vice- Président de l'union inter-africaine des droits de l'Homme et a présidé la première rencontre inter-maghrébine des droits de l'Homme. Pionnier de son état, Ghaly Ould Abdel Hamid était le directeur de publication de l'un des premiers journaux indépendants, le journal Al Bayane de 1991 à 1993.

Il était parmi les premiers professeurs à l’université de Nouakchott à sa création, dans les années 80 et fondateur du Lion’s Club doyen, affilié au Lion’s Club International. Les participants ayant pris la parole ont rendu de vibrants hommages aussi émouvants les uns, les autres, dans une atmosphère émotionnelle, où les intervenants sont restés dignes dans leur douleur.

L’idée de faire vivre la mémoire de Ghaly, au sein de la société, au sein, surtout des organisations des droits humains, amplement formulée, de part et d’autre, amènera l’assistance à penser à la nécessité de créer un prix Ghaly Abdel Hamid, pour les droits de l'Homme.

Après une brève biographie présentée par le président de la cérémonie, l'ambassadeur Mohamed Saïd Ould Homody, Bâ Mariem Koita, président de la commission nationale des droits de l'Homme a présenté Ghaly Ould Abdel Hamid en ces termes:" En des mots simples et vrais, Ghaly est caractérisé par trois mots, l'altruisme, le don de soi et la générosité.

Ghaly était un homme juste, Ghaly était un homme bon... un homme solide. Tout le monde se souviendra, en Mauritanie, des trois combats qu'il a menés et qu'il a gagnés. Celui en faveur de la protection des droits de l'Homme, tout le monde se souviendra que Ghaly, en véritable soldat, avec quelques compagnons, a été l’un des tous premiers à se lever pour dire que nous ne pouvons pas accepter ce qui se passe dans notre pays.

Quelles que soient les pressions, Ghaly a su résister et mener son combat. Tout le monde se souviendra quand il s'est agi de construire la démocratie dans les années 90, il était le premier soldat chez qui se forgeaient et se formaient les premiers départs. Tout le monde se souviendra aussi qu'il était un parfait combattant pour la liberté. C'était un homme libre, il est né libre, il se comportait comme un homme libre et il créa une plume d'homme libre.

Il a été l'un des tous premiers initiateurs de la presse indépendante. Nous avons tous appris à être polémiques, nous avons tous appris à être critiques à partir des premières lectures que nous offrait son journal Al Bayane et d'autres journaux qui suivront par la suite. Nous savons que dans la sous-région, il était parmi les consciences éclairées que tout le monde respectait.

Il aura contribué à la création des ligues africaines des droits de l'Homme dans les différents pays de la sous-région et parfois au Maghreb. Il aura été aussi celui, qui, après les avoir créées, fera en sorte de les fédérer pour que ces différentes ligues, collectivement réunies, puissent avoir un pouvoir de pressions sur les administrations dans le sens d'un meilleur suivi. Soyons dignes de l'espoir que Ghali nous a donné, soyons fiers du fait que nous avons eu Ghaly sur notre terre, soyons dignes de respecter sa voie, parce qu'il nous a transmis des valeurs impérissables".

Cheikh Tourad Ould Abdel Malick, représentant du commissariat aux droits de l'Homme, présenta les condoléances du gouvernement à la famille et aux proches de Ghaly Abdel Hamid. Il a loué les efforts du défunt et son militantisme sans précédent qui l'ont conduit à créer le premier organe des droits de l'Homme en Mauritanie. Il a demandé à l'assistance de respecter le droit à la mémoire, cher aux militants des droits de l'Homme.

Aminetou Mint El Moctar, présidente de l'AFCF a suggéré une commémoration annuelle à l'occasion du 29 décembre à la mémoire de Ghaly Ould Abdel Hamid.

Maître Yarba Ould Ahmed Saleh ami de longue date, décrira Ghaly comme une personnalité altruiste, généreuse et courageuse. Il mettra en exergue la compassion de l'homme qui s’appropriait la douleur des autres, se rappelant une rencontre entre Ghali, lui, et une veuve des victimes des années 90, où il n'a pu finir l'entretien, tellement il avait mal .

De son combat effréné pour la préservation des droits de l'Homme, Maitre Yarba dira qu'il a observé une lutte sans merci contre la torture en Mauritanie. Il a crée la LMDH pour ce faire. Toujours dans un souci de préserver les droits humains, il s'est aussi investi dans la promotion de la liberté d'expression, loin de prétendre une formation journalistique ou de vouloir tirer profit.

En 1989, il était le premier à dénoncer les exactions commises à l'époque aussi bien au Sénégal qu'en Mauritanie. En 1991, il s'est levé contre les crimes qui ont engendré veuves et orphelins, ce qu'il lui a valu d'être banni, car, à l'époque, son courage était rarissime. Pourtant, aujourd'hui l'opinion nationale et les pouvoirs publics lui ont donné raison après tant d'années...

Sarr Mamadou responsable du forum des organisations nationales des droits de l'Homme (FONADH) dit avoir connu Ghaly Ould Abdel Hamid en 1993 à Banjul, lors de la tenue de la session africaine des droits de l'homme et des peuples, alors vice-président de l'inter-africaine des droits de l'homme." J''étais déporté et je dirigeais la délégation des réfugiés mauritaniens, Ghali m'a abordé, il m'a écouté et m'a soutenu dans la cause des réfugiés. Durant toute la nuit, ensemble, lui et moi avions rédigé la première plainte contre la Mauritanie.

Depuis lors, à chaque fois que nous avons rencontré Ghali, dans des rencontres internationales, il venait vers nous, plaidait notre cause, pendant que les membres de la délégation mauritanienne, y compris ministres et premier ministre nous évitaient comme des pestiférés. Ghaly était un combattant des justes causes, il était l'un des rares mauritaniens à avoir eu le courage de dénoncer ce qui s'est passé en 1989 en Mauritanie. La Mauritanie vient de perdre un Grand Monsieur".

Membre fondateur de la LMDH, actuel Secrétaire Général, Maître Mohamdy Ould Babah, s'est dit honoré d'avoir accompagné Ghaly Ould Abdel Hamid dans la longue lutte pour préserver les droits de l'homme en Mauritanie à un moment où la scène politique avait le plus grand besoin de tribune pour véhiculer une conscience juste.

Nana Mint Cheikhna parlera d’une grande âme qui dédaigne le factice du monde d’ici-bas. « J’aurais souhaité que cette cérémonie se soit déroulée de son vivant. Pourquoi, à chaque fois, nous perdons les meilleurs parmi nous, et nous n’en souvenons qu’après leur mort »

Cheikh Saad Bouh Kamara dira « je tiens à préciser que le défunt et moi partagions trois espaces convergents. D’abord, le lien de parenté, parce que je suis descendant de Sidi Abdoullah Ould El Hadj Brahim, ensuite le militantisme au sein des organisations des droits de l’Homme, puisque nous sommes parmi les pionniers de cette longue marche qui a commencé et qui se poursuivra. Nous avons été des collègues, comme enseignants à l’université de Nouakchott lors de sa création en 1981-82.

Ce que je retiens du défunt c’est comme le disait Frantz Fanon -chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir- je peux dire que les mots de Frantz Fanon ont eu des pratiques en Mauritanie à travers l’exercice et la pratique du défunt Ghaly Abdel Hamid. Nous avons une lourde responsabilité, celle de poursuivre son combat ; notre combat. Je vous prie d’essayer d’être chacun un soldat, un combattant de cet exercice dont parlait l’un d’entre nous et ce devoir de mémoire exercé pour le bien-être des hommes et des femmes de notre pays et de notre continent. »

Momma Ould Ely Cheikh présenta les condoléances au nom de la famille Ehl Momma et à son nom personnel, avant de poursuivre que Ghaly Abdel Hamid était pour lui un grand frère et un grand ami d’une humilité et d’une courtoisie hors du commun. Dans un ton émotif et digne, il adressera des prières au défunt et à toute la Mauritanie.

Sedena Ould Yahya très affecté, a essayé de rappeler une belle amitié indéfectible et les qualités de l’homme qui semble lui manquer à jamais. Il s’est engagé solennellement de se rapprocher davantage de ses enfants et proches, le restant de sa vie.

Mohamed Vall Oumeir « La relation de Ghaly Abdel Hamid avec la presse a commencé depuis le journal Mauritanie Demain, il l’a commencé, pas parce qu’il croit qu’il peut jouer un rôle, c’est parce qu’il croit profondément que le plus grand danger que connait la presse à l’époque et toujours, est l’instrumentalisation des acteurs politiques. Il trouvait qu’il était de son devoir et de celui de tout un chacun d’aider la presse à être indépendante. Il m’a appris beaucoup de choses. Il n’a jamais demandé quoique ça soit à l’un de nous, alors qu'il était directeur de publication, aucune directive, aucune ingérence.

C’est quelqu’un d’un courage exceptionnel, c’est quelqu’un qui a su sortir du lot. Il avait un rôle central de facilitateur, il savait écouter tout le monde et ne prenait jamais de position contre quelqu’un. Il était capable de faire converger tout le monde.

Il a su défendre les droits de l’Homme et dénoncer les exactions. En 89, il n’y avait pas que les sénégalais qui étaient mis à la porte, il n’y avait pas que les sénégalais qui ont souffert, Il y a eu aussi des mauritaniens. Et c’est grâce à des gens comme Ghaly Ould Abdel Hamid qu’on ne peut pas dire aujourd’hui que ce qui c’est passé était un conflit ethnique.

Aujourd’hui on parle d’erreurs d’un régime, d’erreurs commises par un régime. Je voudrais enfin suggérer qu’il y ait un prix des droits de l’Homme, appelé « prix Ghaly Abdel Hamid »
Suggestion exprimée et saluée déjà dans les coulisses par les participants.

Ghaly Ould Abdel Hamid est quelqu’un qui n’est pas raciste et se distingue par la tolérance, il a su nous montrer la voie de la solidarité et de la compassion, dira Boubacar Ould Messeoud.

Mohamed Abdellahi Bellil qui a décrit le défunt comme étant toujours égal à lui-même ; généreux, simple et agréable s’est aussi exprimé dans la poésie mauritanienne avant de lancer : « Je voudrais partager avec vous une idée née, dans la salle qui consiste à organiser dorénavant une journée nationale des droits de l’Homme, elle sera l’occasion de plébiscite et de mémoire.

A la fois, nous allons échanger sur les conditions des droits de l’Homme, à la fois, nous allons décerner le prix Ghaly Abdel Hamid, des droits de l’homme et à la fois nous rendrons hommage aux personnes vivantes et décédées qui se sont sacrifiées pour la cause des droits de l’Homme, à l’image de notre ami et frère, décédé le 29 décembre 2012, Me Ghaly Ould Abdel Hamid. »

Mohamed Ould Mohamed El Hassen dira que la générosité de Ghaly ne s’est pas éteinte avec son décès. Il nous a laissé un grand héritage, traduit par trois belles leçons de la vie. La première est de dire la vérité au moment opportun. Ghali a toujours su dire courageusement la vérité, aujourd'hui, cette vérité lui donne raison.

La deuxième leçon est celle du détachement. Non seulement, il n'était pas intéressé par les biens des autres, mieux encore, il était détaché de ses propres intérêts. Avec Ghaly, nous avons appris que le matériel n’est pas une fin en soi. Il a une particularité qui lui est propre dans sa génération et dont peu de gens en Mauritanie s’en ont fait sienne.

Très jeune, il était déjà homme d’affaires prospère, il a relégué toute sa fortune au second plan pour partir à l’étranger faire des études supérieures. Cette quête du savoir malgré les gros moyens de l'homme démontre encore son intelligence, car il ne suffit pas d'être riche quand on est pas instruit.

La troisième leçon est de pouvoir défendre ses positions modérément, sans passion, sans se faire des ennemis. Ghaly était dans le mouvement des Kaddihines sans que cela ne se sache, parce qu’il était patriote discret, convaincu de son patriotisme jusqu’à ce qu’il soit parti. Il a toujours défendu ses principes et valeur, sans heurter ou léser quiconque.

Aboubecrine Ould Dahoud, neveu du défunt El Marhoum et porte-parole de la famille, a remercié les officiels présents et tous participants pour leurs belles interventions auxquelles il souscrit. Il a précisé que Ghaly Ould Abdel Hamid s’est toujours refusé de collaborer avec les différents régimes. Plusieurs postes de responsabilités lui ont été proposés, il les a tous refusés par principe et pour rester juste dans la défense des nobles causes qui étaient sa priorité.

La cérémonie a été clôturée par une minute de silence où la Fatiha a été lue à la mémoire de Ghaly Ould Abdel Hamid. Comme l'a dit Khattar Ould Alioune, aussitôt la triste nouvelle apprise:le Hatem de ce pays nous a laissés orphelins... Nous sommes à Allah et à Lui nous revenons.

Aicha El Ghaly Abdel Hamid















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