lundi 4 octobre 2010

Réhabilitation des caniveaux de Boghé Escale : Le chantier avance sans les chômeurs du quartier.



Il est inconcevable en cette période difficile de vaches maigres et d’augmentation du chômage de rejeter une offre d’emploi qui se manifeste devant nous. Et c’est pourtant le constat que nous avons fait lors de la visite que nous avons effectué sur le chantier de rénovation des canalisations du quartier administratif et commercial de Boghé Escale appelé autrefois Boghé Less.

Les travaux de ce projet longtemps attendu ont démarré au début du mois de Septembre. Il s’agit du curage des caniveaux de ce quartier réalisés à l’époque coloniale. Ces rigoles d’évacuation des eaux de ruissellement malgré leur âge restent dans un état relativement bon.

Mais, l’absence d’entretien au fil des ans par la commune faute de moyens a conduit à l’ensevelissement d’une bonne partie de cet ouvrage qui s’étend sur une longueur de plus 600 mètres. Avec l’appui de l’Ong World Vision qui a mis à la disposition de la commune une enveloppe de 5.000.000 Ouguiyas, l’entreprise BETA dirigée par Traoré Abdoul dit Issagha est entrain de réussir le pari. A l’heure qu’il est, l’essentiel du boulot a été fait.

Les caniveaux ont été curés à presque 80% par des équipes composées exclusivement de Maliens et de jeunes venus de Kaédi ou du quartier Boghé Dow. Dans le cadre de cette réhabilitation, il est prévu la création d’un nouveau canal de 350 mètres équipé de dalots a dit M. Issagha Traoré alias Tra. A la question de savoir pourquoi, les jeunes du quartier de Boghé Escale qui sont prioritaires dans les offres d’emplois sont absents du chantier, Amadou Koné, le chef du chantier a affirmé que les intéressés auxquels ils ont fait appel ont tout bonnement décliné les propositions d’emploi du projet en clamant leur incapacité à remplir les tâches.

« Nous avons sensibilisés tous les bras valides et qui résident dans le quartier mais personnes d’entre eux n’a manifesté le désir de travailler dans le chantier » a insisté le jeune maçon. Nous avons fait appel à des immigrés Maliens résidents dans la ville a-t-il poursuivi. En une semaine, Diakri, Madou, Alpha et Seydou ont vidé les tonnes d’ordures et de sables qui ensevelissaient caniveaux rapporte le chef de chantier.

Pour cette tâche, les Maliens dont la plupart s’investissent dans d’autres boulots (recyclage de la ferraille, lavage du linge, commerce, maçonnerie) ont sauté sur l’occasion pour empocher une somme de 250. 000 UM. Actuellement, c’est d’autres jeunes qui poursuivent le travail. Parmi ceux-ci, nous avons rencontré Abou Guéllali, un Kaédien de 26 ans qui travaille comme manœuvre. « J’ai commencé à travailler ici depuis le 9 septembre avec Amadou Koné. C’est un travail qui fait mon affaire et je n’ai pas de problème.

Dès que je termine ma tâche avant la fin de la journée, je suis payé immédiatement. Je gagne 8.000 UM par jour ». Abdarrahmane O Souîlim est maçon qui travail en même temps comme manœuvre. « J’habite à Boghé Dow. C’est un bon travail et je ne trouve pas de différence entre ma profession de maçon et celle de manœuvre. Je gagne beaucoup d’argent dans ce travail».

Abdarrahmane a lancé un message à tous : « la personne quelque soit le travail, doit seulement se préoccuper de gagner sa vie et l’essentiel est de trouver du travail, un emploi ». L’attitude des jeunes du quartier de Boghé Escale, en chômage pour la grande majorité d’entre eux, est incompréhensible. Paradoxalement ce sont bien ces mêmes jeunes restés sans emplois qui avec des huées avaient perturbé une réunion organisée par l’Union Pour la République le 12 Avril 2010 à la Maison des Associations.

Leur justification à ce geste fut, « vous ne venez nous voir qu’en période électorale après vous nous oublier ». Big Baba, un rappeur habitant le quartier de Boghé Escale disait ce jour là : « je suis révolté par le comportement de ces cadres qui ne se présentent ici que quand il y’a des échéances. Depuis la fin des élections, ils ont disparus et fermé leurs portables. Nous, nous sommes des jeunes, on est fatigué de cette situation. Nous n’avons pas de travail, on n’a pas de gens qui nous aident. Ils nous ont oublié ». Et pourquoi alors rejeter ce travail ? S’il s’agissait d’un travail volontaire, j’aurai offert bénévolement mes services réplique toujours du jeune rappeur plus connu sous le nom de Big Baba.

Mais dès lors qu’il s’agit d’un travail rémunéré, je ne m’y intéresse pas dit-il au téléphone. Silèye Dia, un jeune de 22 ans soutient n’avoir pas été informé de la réunion de sensibilisation relative aux emplois du projet et qui a regroupé les responsables de l’entreprise et les jeunes de l’Escale. Le jeune Silèye qui n’a pas de boulot fixe indique qu’il n’a pas la force physique nécessaire pour accomplir les tâches du projet. « Ce travail est pénible » conclu t-il.

Pourtant en 1996, les jeunes de l’Association des Jeunes de Boghé Escale avaient entrepris un remarquable travail de curage de ces mêmes caniveaux sans qu’une seule Ouguiya ne soit déboursée. C’était la glorieuse époque du volontariat.

Thièrno Souleymane CP Brakna




Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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