lundi 4 octobre 2010

La collectivité villageoise de Diaguily dans la tourmente


13:41


Diabira Bakari conseiller à la présidence exclue ?!


Nous l’avons appris jeudi passé par une lettre circulaire datée du 26 septembre dernier, adressée à toutes les communautés des ressortissants du village de Diaguily, établies en Mauritanie et à l’étranger, faisant état de l’exclusion de ses rangs « jusqu’à nouvel ordre », de M. Diabira Bakary dit Harounna Binné conseiller à la présidence de la République et ancien ministre sous l’ère Taya.

Dans cette lettre circulaire (nous en avons en vain herché copie) , il est reproché à M. Diabira Bakari d’avoir eu des « comportements » intolérables, mais aussi d’avoir apporté son soutien au groupe qui revendique la coopérative agricole de « Khollé Moukké », un domaine agricole d’un peu moins de 35 ha qui déchire en ce moment les membres de la communauté villageoise.

Pour autant, la circulaire ne précise pas la nature exacte de ces comportements mis sur le dos du conseiller du chef de l’Etat.

Manœuvre politique ou seulement une affaire sociale qui ne dépasse pas le cadre de la collectivité ?

La goutte d’eau qui a fait débordé le vase.


Tout serait parti d’une indiscrétion au palais présidentiel, attribué à un haut gradé de l’armée qui aurait été témoin d’une conversation entre Diabira Bakari et le colonel Dia Adama Oumar chef d’Etat major particulier du chef de l’Etat, dans le bureau de ce dernier. Selon la version qui nous a été rapportée, l’officier supérieur de l’armée aurait laissé entendre à certaines personnes qu’il a surpris Diabira Bakari tenant des propos critiques et malveillants contre des membres de la collectivité de Diaguily.

De plus, il aurait également vu le conseiller à la présidence, remettre un document destiné au chef de l’Etat sur l’affaire de la coopérative de « Khollé Moukké » et expliquer au chef d’Etat Major particulier du président de la république que l’affaire « est politisée par des éléments du RFD ». Il aurait ajouté, semble t-il, avoir également entendu M. Diabira Bakari proférer des menaces à l’encontre de certains d’entre eux.

Vraies ou fausses, ces informations n’ont pas tardé à être apprises par des membres de la communauté, avant de faire le tour de Nouakchott et d’ailleurs. Sans attendre, une série de réunions de la collectivité villageoise est convoquée à cet effet et tenue au domicile de Me Diabira Maroufa. Une première réunion est tenue le 15 septembre et la seconde le 17 septembre pour discuter de l’affaire.

Au démenti des uns s’est opposé la détermination des autres à sanctionner le conseiller à la présidence de la république. De source bien informée, l’officier supérieur dont le nom avait été évoqué à la première réunion pour qu’il soit entendu, s’est présenté à la seconde réunion accompagné de son marabout et de son neveu pour apporter un démenti, mais rien n’y a fait.

La réunion est restée sourde à cela, soupçonnant derrière la manœuvre, une manipulation de Diabira Bakari. Du coup, la réunion de la collectivité est restée sourde à l’intervention de l’officier et a maintenu l’amende de 500.000 ouguiyas infligée à Diabira Bakari et pour lequel un délai avait été donné pour qu’il s’en acquitte au plus vite. Il semble que face au refus de Diabira Bakari de s’acquitter du montant de l’amende, une réunion tenue le 25 septembre 2010 a décidé alors de son exclusion provisoire.

Ce qu’en pense chaque bord.

Contacté par nos soins pour confirmer ou infirmer les propos qui lui sont prêtés, l’officier supérieur mis en cause dans cette affaire n’a pas apprécié. « Qui vous a communiqué mon numéro de téléphone ? S’il vous plaît laissez-moi en dehors de cette affaire. Je ne confirme rien et je n’infirme rien. Mon statut m’astreint à un devoir de réserve. Je vous en prie, je ne veux pas voir mon nom cité dans les journaux», nous a-t-il lancé visiblement très fâché. Tout de même ses propos laissent trahir une certaine gêne à propos de cette affaire. « Ces gens sont très compliqués et vraiment ils veulent me porter du tort. Tout çà n’est pas sérieux », ajoute t-il avant de s’excuser et de couper son téléphone.

Quant à M. Diabira Bakari que nous avons contacté, il s’est refusé à tout commentaire. Ce qui ne nous a pas empêché d’approcher son milieu pour tenter d’en savoir plus. Et ici, le son de cloche est tout autre. Ils avancent que cette affaire a des soubassements politiques derrière lesquels se trouvent en première ligne quelques irréductibles du RFD.

« Ils ne digèrent pas la défaite de leur candidat aux élections présidentielles de 2006 pour la mairie de Gouraye. Depuis l’avènement du processus démocratique en 91, ils n’ont jamais pu gagner une mairie ou un siège de député au Guidimakha. Maintenant qu’ils ont échoué, ils veulent installer le chaos à Diaguily. Mais peine perdue !», lance notre interlocuteur.

Un autre renchérit : « personne n’est dupe pour comprendre le but de la manœuvre. Non seulement ils veulent dresser les habitants de Diaguily, les uns contre les autres, mais aussi ils pensent que par cette manœuvre Diabira Bakari sera limogé de son poste. Ils se sont même permis d’insulter publiquement le président de la république et les autorités administratives. Pourquoi tous ces comportements haineux vis-à-vis de Diabira Bakari. Même son épouse n’est pas épargnée. A longueur de journée ils la traînent dans la boue sans aucun fondement ? »

Pour faire court, signalons qu’un chapelet de récriminations a été égrené, accusant principalement leurs adversaires politiques locaux du RFD de tous les coups bas et de toutes les ignominies. Idem aussi dans ce camp, qui estime que le conseiller du président de la république a fait trop de mal au Guidimakha. Ils ont à leur tour égrené un chapelet de reproches à l’encontre de Diabira Bakari. En tout cas comprenne qui pourra cette guerre que des membres d’une même famille respectable et de grande notoriété se livrent par des canaux divers sans tenir compte de la souffrance des pauvres exploitants du village. L’adage est vrai : « Quand des éléphants se battent, c’est l’herbe qui en souffre » !

Moussa Diop



Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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