vendredi 9 avril 2010

Axe Bamako- Nouakchott : Un bataillon militaire mauritanien déployé à la frontière malienne

Des centaines d’éléments équipés d’armes lourdes à bord d’une quarantaine véhicules de combat des forces armées mauritaniennes ont pris position à la frontière malienne depuis l’incident consécutif à la libération de l’otage français Pierre...

Des mouvements de troupes qui rappellent, en tout état de cause, l’insurrection touareg des années 90 à partir de cette même ville frontalière, Bassikounou ayant jadis servi de base arrière aux assaillants avec la bénédiction du même personnage atypique des années indiquées : le Général mauritanien, Mohamed Ould El Hadi.

De source militaire malienne, c’est tout un bataillon mauritanien qui a été mobilisé à la frontière entre les deux pays. C’est dans la commune mauritanienne de Bassikounou sur la ligne frontalière que l’armée mauritanienne a pris position. La zone est le passage obligé des transporteurs de deux pays, mais aussi, des trafiquants de tous gens et dans les deux sens.

Si l’on ne déplore pas d’incursion proprement dite, pour l’instant, ces hommes stationnés à la frontière, interceptent cependant tous les convois maliens, des commerçants en l’occurrence, en direction de la Mauritanie. Certains font l’objet de pires tracasseries, voire d’interpellations abusives car, assimilés à de présumés terroristes.

La libération d’un présumé terroriste d’origine mauritanienne et appartenant à la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique par Bamako a été le prétexte tout trouvé par Nouakchott lequel a immédiatement rappelé son ambassadeur pour consultation. Mais les représailles ne semblent pas s’arrêter là, eu égard, en tout cas, à ces mouvements de troupes à la frontière, à Bassikounou, une ville pleine de souvenirs.

Des accointances avérées avec les mouvements rebelles touaregs

C’est ici, à Bassikounou, ville frontalière avec le Mali et servant, au moment des faits, de camp de réfugiés, qu’à été préparé et lancé le soulèvement Touareg des années 90... Le leader du Front Populaire de Libération de l’Azawad (FPLA), Rhissa Ag Sid’Ahmed travaillait alors étroitement avec les autorités mauritaniennes au moment des faits.

Il s’agit en l’occurrence du Directeur général de la Sûreté Nationale (la DGSN, l’équivalent de la S.E malienne) de la Mauritanie, le Colonel Mohamed Ould El Hadi, aujourd’hui général de brigade et redevenu directeur de la sûreté nationale à la faveur du coup d’Etat qui a amené le général putschiste Ould Abdel Aziz au pouvoir. Il est en outre considéré comme l’un des tombeurs de Mohamed Khouna Ould Haidalla par Maouiya, ould Taya en 1984 et ayant joué l’un des premiers rôles dans le coup d’Etat du 6 août 2008 dans son pays. Un bien triste personnage. Ceci explique cela.

Cet homme, visiblement abonné aux coups fourrés (il est accusé comme principal instigateur de la purge ethnique opérée par l’armée mauritanienne en 1990-1991) a occupé le poste de chef de Bataillon de Commandement et des Services. Il s’agissait d’une unité spéciale et autonome au sein de l´état-major des armées de la Mauritanie et à laquelle les sales boulots étaient confiés.

Redevenu directeur de la sûreté nationale, il a renoué avec ses anciennes pratiques surtout à l’encontre de ses voisins. Il est nommément cité pour avoir organisé, soutenu et planifié l’attaque du 20 décembre 2008 de la garnison de Nampala au Mali par les combattants l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement dirigés par un certain Ag Bahanga.

A la suite de cette opération, l’armée malienne a fait état de 9 morts et 12 blessés dans ses rangs et de 11 tués chez les rebelles. L’Alliance a fait état de 20 soldats tués et des armes enlevés. Parlant des assaillants, le ministère de la Défense a fait cas d’une « bande armée, liée aux narcotrafiquants».

Comment qu’est-ce que la Mauritanie à avoir dans cette guerre fratricide ?

De retour d’un de ses nombreux périples à Tripoli, Ibrahim Ag Bahanga a été accueilli à Nouakchott par un proche de collaborateur du Général Mohamed Ould El Hadi et répondant au nom d’Ahmed Nakidi. C’est par la suite que la Mauritanie fournira carburant, munitions et véhicules aux combattants de l’Alliance du 23 Mai.

Et Ag Bahanga venait là pour la énième fois de violer un pacte dûment signé avec les autorités maliennes. Dans un communiqué rendu public, l’Alliance du 23 Mai tentait de justifier ainsi cette attaque injustifiable: «En dépit des déclarations d’Ahmani Toumani Touré, on assiste depuis septembre à un rejet du dialogue par les autorités maliennes. Aucun effort n’est fait pour revenir à la table des négociations, au contraire, des milliers de militaires occupent le nord du Mali...».

Tordant de rire ! Dans les faits, l’attaque de Nampala a systématiquement rendu caducs, et le calendrier qui prévoyait le retour des rebelles dans les rangs de l’armée malienne et la fin des hostilités. Il s’agissait juste d’une manière de saborder les efforts en vue d’un retour au calme. A qui profite le crime alors ?

On reprend les mêmes et…

Rien de surprenant cependant: un des personnages de la rébellion touareg a été toujours présent aux côtés du Général Ould El Hadi ce, depuis les années 90. Il s’agit de Megdi Boukhadda et qui a justement servi d’intermédiaire entre les combattants Touaregs et le puissant chef de la sureté dans les années 90. Megdi Boukhadda n’a pas signé les accords relatifs au pacte national en 1992. La mauvaise nouvelle aujourd’hui, c’est que cet allié inconditionnel du Général Mauritanien Ould El Hadi et désormais marié à une mauritanienne, a été récemment aperçu à Bassikounou à la frontière malienne en question.

Le très tristement célèbre Général Mauritanien semble bien avoir aujourd’hui réuni les conditions des années 90 ou presque, dans le but de récidiver. Cette fois-ci, c’est la lutte contre le terrorisme qui s’avère l’alibi suprême. Un couteau à double tranchant…

Indiquons que le Général « Hitlérien », pardon, mauritanien a été le directeur du Bureau d’Etudes et de Documentation (BED- contre espionnage). Il est accusé de crimes et tortures, accusations qui ayant valu des plaintes auprès d’un tribunal français, en juin 2002 et de l’émission en septembre 2008, d’un mandat international par un magistrat de Clermont Ferrand. Mais le personnage reste sous la protection de loi d’armistice de 1993.

B.S. Diarra



www.cridem.org


Info source :
Aurore via Maliweb

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