mardi 6 décembre 2011

Rapatriement volontaire en Mauritanie : Cent vingt-sept réfugiés retournent en terre natale.




Après un coup d’arrêt de dix mois, cent vingt-sept personnes qui composent le quatre-vingt dixième convoi ont franchi le pont Rosso pour la Mauritanie. La particularité est que les fonctionnaires qui avaient toujours vu leur requête refusée font aujourd’hui partie du voyage.

(Correspondance) - Dix mois après la pause, le rapatriement volontaire des réfugiés mauritaniens au Sénégal a repris. Aujourd’hui, si l’espoir de retourner au bercail renaît chez certains d’entre eux, il reste que d’autres réfugiés ne veulent plus retourner en terre mauritanienne. ’Nous ne voulons plus entendre parler d’un retour en Mauritanie car tout ce dont un Sénégalais devait jouir dans son propre pays, nous l’avons eu durant les vingt-quatre ans que nous avons passés ici à Dodel.

Rien ne nous manque dans ce site. Depuis que nous sommes là, Racine Guissé, un natif du terroir, Oumar Ndiaye Sall, ancien Pcr et l’actuel président de la communauté rurale, Mamadou Bassirou Sall, tous nous ont octroyé des terres. Aujourd’hui, grâce au financement du Hcr, nous exploitons ces terres et c’est ce qui nous permet de vivre de manière décente depuis que nous sommes là’, assène Harouna Mamadou Sow, chef de site de Dodel.

Mieux, selon Sow, ‘nos enfants sont à l’école et au niveau sanitaire nous sommes tous pris en charge et avons pu, avec l’aide des autorités sénégalaises et du Hcr, créer un village où les populations sont loin de se plaindre’.

Et de poursuivre pour dire que la plupart de tous ceux qui sont retournés en Mauritanie sont revenus. ‘Toutes les promesses qui leur avaient été faites n’ont pas été tenues’, dénonce-t-il. Pour preuve, ils n’ont toujours pas repris les terres qu’ils avaient laissées sur place. Pis, le bétail et l’alimentation ne leur permettent guère de vivre normalement, explique Sow. Qui ajoute que même les conditions d’hygiène sont loin d’être réunies : ‘Il arrive que toute une famille vive dans une même pièce.’

Autre inquiétude des réfugiés, la plupart des enfants rentrés font face à des problèmes de langue dans les écoles où ils apprennent. ‘N’oubliez pas que la langue nationale, en Mauritanie, c’est l’arabe’, signale Sow.

Quant à Moussa Aly Djigo, chef de site de Wouro Madina Moussa dans le Dimat, il a accepté de franchir la frontière. Toutefois, il conditionne son maintien en terre natale à beaucoup de si. ‘Nous rentrons pour voir si nous continuerons à rester des Mauritaniens à part entière. On nous a beaucoup promis et nous pensons que l’Etat mauritanien respectera tous les engagements pris à notre égard. Car nous ne pouvons quitter le Sénégal qui nous a tout donné pour nous retrouver ensuite chez nous comme des réfugiés’, prévient-il.

En trois ans, entre janvier 2008 et janvier 201, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés a organisé le retour au bercail pour 20 490 réfugiés mauritaniens. Ce rapatriement organisé est aujourd’hui l’une des solutions durables trouvées en réponse à plus de vingt ans d’exil pour des dizaines de milliers de réfugiés mauritaniens, selon le colonel Samba Fall, représentant du chef d’état-major particulier du président de la République. Selon le colonel, ‘en ce qui le concerne, l’Etat du Sénégal a pris toutes les dispositions pour rapatrier les réfugiés dans des conditions dignes et humaines’.

Pour rappel, ce sont cent vingt-sept personnes qui composent ce premier convoi de la reprise des opérations de rapatriement qui ont traversé le fleuve par Rosso. Et la particularité de ce convoi est qu’il comporte en son sein des fonctionnaires qui avaient toujours vu leur requête refusée.

Abou Kane


www.cridem.org


Source :
Walfadjri (Sénégal)

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