jeudi 29 septembre 2011

Touche pas à ma Nationalité » : Aziz doit reprendre la main.




La Mauritanie traverse une crise profonde qui ne doit pas seulement être vue comme cette traditionnelle structuration de la scène politique qu’on appelle Bipolarité. Il n’y a plus lieu ici de parler seulement du dialogue politique comme préoccupation essentielle des Mauritaniens.

La question – le malaise – dépasse maintenant ce cadre pour atteindre celui de la problématique de survie inhérente à des considérations générales d’unité nationale, sérieusement menacée aujourd’hui par ce qu’il convient d’appeler « les évènements de Kaédi ».

Une crise qui vient s’ajouter à celle inhérente aux problèmes de gouvernance, de hausse des prix, du chômage des jeunes et de l’insécurité ainsi que du rapport de ces questions essentielles avec la politique qui doit permettre au pouvoir de mener à bien sa stratégie de développement sur le moyen terme (fin du quinquennat de Ould Abdel Aziz en 2014).

C’est pour cela que l’on pense, de plus en plus, que le président de la République doit transcender les considérations de Majorité et d’Opposition, inscrite dans une sorte de fixité sans objet, pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être. Ce qui compte pour le président et le Premier ministre – qu’il veut apparemment maintenir à tout prix – ce n’est pas les jugements de l’opposition portés sur l’action du gouvernement mais la satisfaction des attentes des populations.

Celles-ci commencent vraiment à douter des capacités de l’équipe que dirige le Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf à apporter le « changement constructif » que le camp du président Aziz a brandi comme slogan de campagne mais aussi une sorte de feuille de route pour un développement global et durable du pays. Certes, il ne s’agit pas encore d’un retournement de situation qui puisse susciter déjà l’inquiétude du pouvoir en place, mais c’est un signe avant-coureur sur l’état de frilosité qui commence à gagner certaines franges de la population.

La question du recensement des populations repose le problème de l’agenda gouvernemental. Pourquoi s’obstine-t-on à mener de force ce qui n’est apparemment pas le meilleur moyen de plaire aux populations ? Car ce ne sont pas seulement les Négro-mauritaniens qui « se soulèvent » contre cette incongruité de recensement dont on ne connaît que peu de choses, mais, à tous les niveaux, l’on sen que l’opération n’a pas été suffisamment préparée.

De plus, en plus, on remet en cause la responsabilité du président Aziz qui veut, coûte que coûte, maintenir à la tête de l’Agence nationale d’état-civil, un proche qui manquerait de prédispositions pour mener à bien la mission. Quels secrets faut-il garder pour que ce soit uniquement cet homme et pas un autre ? A-t-on les financements nécessaires pour continuer la tumultueuse opération ?

Ne faut-il pas engager d’autres cadres, en veillant à la question de la représentativité pour que l’enrôlement soit accepté en tant qu’opération d’assainissement et de sécurisation de l’état-civil, et non comme une tentative d’exclusion ?

Avec tant de questions à la fois, on n’évoque plus seulement cette situation de remise en cause et de critique implicite de l’action du gouvernement qui se traduit par une réaction « épidermique » avec toujours la même explication : Si les choses ne vont pas vite, s’il y a des espoirs déçus, c’est la faute à « trop d’accumulations durant les régimes précédents » ! C’est pourtant d’un simplisme tel que cette propension à vouloir ramener tout à cet avant auquel appartient la quasi-totalité des hommes politiques qui n’étaient pas inscrit sur la liste « noire » des opposants à Taya, avant la chute de celui-ci, en août 2005.

La responsabilité, comme l’a dit une fois l’actuel président, lors d’une rencontre avec la commission de communication de sa campagne à la présidentielle de juillet 2009, est partagée. Il est facile de parler à chaque fois de « tarakoumat » (accumulations) pour expliquer tout et rien. L’éducation va mal, oui, c’est la faute à Taya (ou plutôt à son système) mais c’est aussi la responsabilité de tout le monde. Idem pour la santé, l’agriculture, la pêche, les banques, les mines, le commerce et les transports.

Pour tout ce qui ne va pas dans ce pays et auquel on peine à trouver LA solution depuis la chute de Taya. Sans parvenir vraiment à se départir de ces agissements qui sont souvent mis en avant pour expliquer cette sorte de statu quo ante qui empêche l’émergence de la « Mauritanie nouvelle » !

Pour que cette autre vision du développement politique, économique et social de la Mauritanie soit autre chose qu’une simple vue de l’esprit, qu’une théorie comme celles qui ont sous-tendu les campagnes de la « lutte contre la pauvreté », du « savoir pour tous » et de « l’émancipation de la femme », Aziz doit agir et n’ont pas réagir. Les réponses à apporter aux problèmes des Mauritaniens ne doivent pas être dictées par des considérations liées aux répliques à faire à l’opposition ou à des « priorités » qui tiennent de ce qui a été envisagé, dès l’arrivée du « président des pauvres au pouvoir » (gazra, lutte contre la gabegie, routes), non pas comme le début d’une action de développement – de changement – mais le TOUT d’une politique !

Si Aziz et son gouvernement font face aujourd’hui à tant de critiques, fondées pour la plupart, c’est parce qu’ils ont cédé à une sorte de fixation sur ces programmes à minima dont l’importance n’échappe certes à personnes mais qui relèguent au second plan d’autres actions à mener dans le cadre de la fonctionnalité même de l’Etat.

C’est ce qui explique cette impression de « gouvernance à vue », d’allocations de ressources à des domaines prioritaires, du point de vue du gouvernement, sans que cela s’inscrive dans une démarche économique qui tiennent compte des aléas d’une crise financière d’ampleur mondiale. Quand le président Aziz réitère sans cesse que le gouvernement mauritanien a les moyens de sa politique, l’on ne peut s’empêcher de sourire. Et de se dire qu’il s’agit, peut-être, de moyens qui relèvent de ces fameuses prévisions budgétaires qui fixent le budget de l’Etat à quelque chose comme 300 milliards d’ouguiyas !

Et l’on oublie que les budgets, pas seulement en Mauritanie, ne sont que des possibles. Des possibles qui peuvent « être ou ne pas être ». D’où les déficits fréquents dus aux fausses prévisions qui obligent le gouvernement, de manière quasi systématique, à faire voter une loi de finances rectificative par le parlement. On peut être sûr que ce sera le cas – encore une dois – cette année 2011. Avec les engagements libyens pris dans le cadre de la Table ronde de Bruxelles qui feront défaut, la catastrophe naturelle qui occupe le Japon depuis de longs mois, et avec lui, d’autres bailleurs de fonds occidentaux de la Mauritanie qui craignent les retombées d’une récession de l’économie nipponne sur leurs pays.

Face à tant d’impondérables économico-financiers, Aziz doit reprendre les choses en main. Et la première chose qu’il doit privilégier c’est le dialogue avec son opposition, non pas pour faire taire les critiques de celle-ci, mais pour dégager le « front » politique pour pouvoir s’occuper du défi économique – vraiment énorme – que le gouvernement actuel n’arrive pas à relever.

Sneiba Mohamed

Cridem

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