jeudi 23 juin 2011

Journées de réflexions sur le développement de M’bagne




La ville de M’Bagne située au sud de la Wilaya du Brakna sur la berge du fleuve Sénégal est fondée il y’a de cela plus de 5 siècles. Des journées de réflexions ont été organisées à Mbagne grâce à l’ARM (Association des Ressortissants de M’bagne) en partenariat avec World Vision Mauritanie/ADP de M’Bagne son partenaire au développement.

L’ARM remercie l’ADP de M’Bagne pour ce deuxième financement en sa faveur car le premier remonte à 2009 lors de la deuxième édition de sa Caravane Sanitaire sans oublier les nombreuses réalisations au profit de la Commune de M’Bagne dont, entre autres, le Plan de Développement Communal (PDC) devenu aujourd’hui le cadre de référence de toutes les interventions pour le développement de la Commune mais aussi un document de plaidoyer et de mobilisation des ressources conformément à son Plan d’Investissement.

A travers World Vision, c’est également le peuple Irlandais qui est remercié pour sa générosité matérialisées par des contributions volontaires continues en faveur des enfants de la Mauritanie dont ceux de la Commune de M’Bagne, générosité qu’il a continué de maintenir malgré la conjoncture économique sans précédent qui a frappé ce pays.

World Vision Mauritanie, World Vision Irlande, Peuple Irlandais, populations de la Commune de M’Bagne, ensemble pour que chaque enfant (fille et garçon) vive dans la plénitude, que nos prières comblent chacun d’entre eux et que nous continuons d’être animés par la volonté d’y parvenir. Ces journées se sont déroulées sous la présidence actuelle de Diop Moussa Hamady dit Thiombé encadré par leurs Doyens.

C’est partant d’un fort constat des changements intervenus au cours de ces dernières années comme les chocs exogènes notamment la récurrence des sécheresses, les invasions acridiennes et aviaires, les inondations avec ses conséquences négatives sur les populations les bouleversements socio organisationnels qu’ils engendrent, la dégradation continue de la base productive, le retard de M’Bagne par rapport aux infrastructures socio éducatives et socio productives, et de la nécessité absolue de s’arrimer à la rampe du développement, les jeunes ont initié deux jours de réflexion autour de la problématique du développement de la ville de M’Bagne les 03 et 04 juin 2011.

Les jeunes venus de Nouakchott ont rejoint ceux de Mbagne dans une atmosphère de concorde, d’union et de fraternité au Lycée de Mbagne pendant ces deux jours. L’ouverture officielle de ces Journées de Réflexion a été rehaussée par la présence du Wali Mouçaid du Brakna Chargé des Affaires Administratives, Monsieur Fall Alioune en présence du Maire de la Commune de M’Bagne, du Représentant de World Vision, des Responsables des Services techniques déconcentrés de l’Etat, et des Notables de la ville.

Le Président de l’Association a pris la parole pour remercier toute l’assistance et particulièrement tous ceux qui ont aidé de près ou de loin à la tenue de ces assises et il dira que l’ARM n’est pas une organisation qui veut se substituer aux organes structurés existant au niveau de la ville et aux Services déconcentrés de l’Etat, mais plutôt un organe qui se veut catalyseur, mobilisateur et fédérateur autour de thématiques porteuses au profit des populations. La réflexion initiée rentre dans ce cadre pour engager ensemble un débat fructueux et porteur de projet concourant au bien être des populations notamment celui des femmes et des enfants.

Quatre thèmes ont été développés pour les besoins de ces Journées de Réflexion et discutés de manière très participative : la santé animée par Docteur Souleymane Cheikh Diop, le second exposé sur l’Education a été animé par Diop El Hadj Souleymane Professeur/Inspecteur de l’Enseignement Secondaire, le troisième thème sur la sécurité alimentaire animé par Demba Diop, Agroéconomiste et Ingénieur Principal de l’Economie Rurale et enfin le quatrième sur la mobilisation sociale a été animé par Diop Amadou El Hadj Sociologue. Ces différents Lead Animateurs ont été appuyés de manière professionnelle par les différentes expertises locales trouvées sur place mais également par des professionnels M’Bagnois résidents à Boghé, (2), à Kaédi (1) et à Bababé (1).

Ces journées ont aussi été une opportunité pour engager un plaidoyer sur les conséquences des mariages précoces avec l’animation le samedi 04 juin d’une conférence sur le thème « Lutte contre les mariages précoces » conduite par Diallo Souleymane assistant social au ministère de la famille, de l’enfant et de la femme dans une salle comble de femmes mères de familles et de jeunes filles. Dans la soirée, le plaidoyer s’est poursuivi avec une représentation théâtrale animée par la troupe « Goomou Pinal» de Abdoulaye Samba Diop dit Kayya qui a réalisé une sortie inédite sur le même thème « Lutte contre les mariages précoces » à travers un Coeur, un Sketch et une pièce.

Pendants ces deux jours, les jeunes ont arboré des T-shirts à l’effigie de ARM et World Vision avec le message : « Lutte contre les mariages précoces » pour marquer la volonté de la jeunesse de MBagne et de son partenaire World Vision/ADP de M’Bagne à soutenir un plaidoyer permanent sur la lutte contre ces pratiques d’un autre âge.
Après les exposés sur la mobilisation sociale qui ont occupé toute la matinée du vendredi, des Ateliers furent constitués et organisés autour des thèmes cités plus haut pour identifier les problèmes et esquisser des ébauches de solutions.

Au niveau de l’éducation un accent particulier a été mis sur le fondamental. Tous les participants se sont accordés à reconnaître et dire qu’au niveau des deux Ecoles de M’bagne ville, il a été constaté au cours de ces dernières années beaucoup d’absentéisme et de laxisme dans la décharge des tâches professionnelles de la part de certains enseignants. Un déficit dans le corps enseignant en Arabe : à titre d’exemple cette année à l’Ecole 1 la première et la deuxième année n’ont pas eu d’enseignants attitrés. L’Association des Parents d’Elève ne remplit pas suffisamment sa mission d’encadrement et de suivi des élèves.

Les rapports entre l’IDEN, l’APE et le Comité de Gestion ne sont pas d’un niveau pour favoriser un environnement de travail qui bénéficie aux élèves. Le matériel pédagogique est presque inexistant. Tous ces facteurs ne peuvent que contribuer à la faiblesse du niveau des élèves. Comme solution, les participants ont demandé le renouvellement des structures des Parents d’Elève et créer une coordination entre les deux Associations et renouer les contacts avec les administrations des écoles, recruter des vacataires en Arabe pour combler le déficit, organiser des cours de rattrapage pour les futures classes d’examen pendant ces vacances.

Au début de l’année scolaire 2011-2012, plaider auprès de la Direction Régionale de l’Enseignement Fondamental pour disponibiliser un nombre suffisant d’enseignants particulièrement en Arabe. La seule lueur d’espoir vient du Lycée de M’Bagne qui, pour la première fois depuis sa création en 1985, a vu quinze (15) admis au Baccalauréat et plus de vingt quatre (24) admis au BEP.

Il faut noter que le Lycée ne dispose ni de Surveillant Général, ni de Surveillant de Cours, pas d’Econome, de Plantons et ni de Manœuvres. En ce qui concerne le préscolaire, il n’existe pas de Jardins d’Enfants formels équipés et encadrés pour préparer les enfants à accéder au fondamental ; seules deux Garderies animées par des bénévoles sans formation font office de Jardins d’Enfants. L’ARM a promis d’appuyer pour ériger les garderies en Jardins d’Enfants et de leur trouver des partenaires.

Pour ce qui est de la Sécurité Alimentaire, tous s’accordent à reconnaître le paradoxe qui entoure l’insécurité alimentaire au niveau des populations vivant au bord du fleuve et disposant d’excellentes terres agricoles. La ville ne dispose d’aucun aménagement hydro-agricole réalisé par l’Etat. Un seul périmètre irrigué de 10 Hectares à N’Danthiadi et financé par les ressources propres des ressortissants M’Bagnois mais aujourd’hui vétuste du point de vue infrastructure hydraulique et d’aménagement, concentre toute l’activité agricole et où s’entasse toute la population sur des parcelles étriquées ne pouvant subvenir en aucun cas aux besoins alimentaires des ménages respectifs.

L’atelier recommande la création de quatre (4) Coopératives qui seront érigées en une Union de Coopératives en vue d’avoir un répondant au niveau de la ville et pour demander à l’Etat un aménagement qui puisse accommoder les ménages du point de vue surfaces à cultiver qui pourraient produire suffisamment pour les besoins alimentaires des différents ménages de la ville.

Parallèlement à ce plaidoyer auprès de l’Etat, des actions vigoureuses seront entreprises pour rechercher des partenaires au développement et mobiliser des ressources conséquentes pour la mise en exploitation des terres agricoles et ainsi développer l’agriculture irriguée.

La ville a soif selon l’une des participantes à l’Atelier car l’eau du forage est jugée de qualité douteuse (des fois l’eau est rouge provenant certainement de la rouille du Réservoir), certains quartiers ne sont même pas alimentés et la desserte en eau est discontinue (une heure le matin, deux heures à la mi-journée et deux heures l’après midi) apparaît insuffisant pour les ménages dont les besoins en eau potable deviennent de plus en plus croissants. Les participants ont demandé la mise en place d’un second forage et l’extension du réseau et du temps de desserte en eau.

En ce qui concerne l’élevage le Technicien en Santé Animale Diop Oumar Labbel a suggéré l’introduction de pratiques novatrices axées sur l’amélioration génétique du cheptel à travers la technique d’insémination artificielle, l’amélioration de l’aviculture en introduisant des Coques de race pour élever le niveau de production tant en viande blanche qu’en œufs, le curage des mares pour y pratiquer de la pisciculture et procéder à un reboisement en introduisant des arbres fruitiers dans chaque foyer.

Pour ce qui est de la Santé, c’est la partie la plus sombre car le Centre de Santé se trouve dans des bâtiments exigus et en mauvais états. Le Médecin n’est jamais sur place et ne se présente que lors des journées de vaccination (perdiems). Le Centre de Santé ne dispose pas de Sage Femme ni d’Accoucheuses. Il en existait trois, deux sont parties à la retraite et une est en congé de maternité, pas d’ambulance (au moment de l’Atelier) donc les évacuations se faisaient par taxi brousse sur une piste rurale en mauvais état.

La rupture en médicaments est chose fréquente. Pour alléger momentanément les souffrances des populations, l’ARM a offert généreusement des médicaments qui ont été réceptionnés par le Major et l’Association a promis d’organiser de temps en temps des Caravanes de Santé avec des spécialistes pour des soins.

Les conclusions et les recommandations feront l’objet d’une Feuille de Route et un Chronogramme réaliste pour les actions immédiates, à court, moyen et long terme sera établi pour les besoins de suivi et des tâches spécifiques seront attribuées aux commissions désignées à cet effet. Un Comité de Suivi des Journées de Réflexion sera en place pour veiller à la mise en œuvre de toutes les recommandations.

A la fin de ces Journées de Réflexion, le Président de l’ARM, Monsieur Diop Moussa Hamady dit Thiombé a dit que l’Association s’est ressourcée et qu’elle continuera d’être aux côtés des populations afin que de telles rencontres/concertations soient organisées d’une manière périodique.

Publié par Sarr Abou Oumar
Secrétaire général de la commission d’organisation des journées
Cridem

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