mercredi 15 septembre 2010

Kaédi sera-t-il le plus fort?




Des nouvelles ,les plus alarmistes, proviennent tous les jours de Kaédi. La ville est sous la menace des eaux, mais pendant qu’on s’apeure, la cité f… le camp et il ne fait plus bon vivre. Il est vrai qu’on a beaucoup évoqué ces dernières semaines toute une cohorte de problèmes liés aux inondations de la ville de Kaédi.

Les pluies très généreuses ont effectivement poussé des habitants à quitter leurs habitations. Il est également vrai que certains ont vu dans cette situation une logique environnementale, si on considère que les populations victimes de ces inondations sont celles qui ont bâti leurs habitations dans des zones que tout bon kaédien connaît comme inondable.

On sait que les citoyens du quartier dénommé « Kebbe » résident à proximité d’une surface appelée autrefois « Waam », non loin du « M’Bargou » qu’occupait le Gorgol Noir pendant ses crues. On y allait faire des pêches qualifiés souvent de miraculeuses eût égard à l’abondance du poisson.

Ceux qui se sont installés à Kinlinkaré, vocable Soninké :« Xiilin xaare » ou la mare aux « Xiile » qui est une variété d’arbre que l’on retrouvait sur place, ont eux aussi choisi délibérément ou par ignorance une aire inondable.

Enfin, les habitants qui ont construit des maisons dans la vallée séparant le quartier de Gattaga aux quartiers de Touldé, Gourel Shanghé et Tantadji sont certainement ceux qui ont pris le plus de risques quand on sait que cette partie de la ville est carrément le lit des eaux de crue du fleuve Sénégal.

C’est une cuvette argileuse qui retient des eaux de pluie même pendant les années à pluviométrie déficiente. Que dire des années des fortes pluies ? Mais à côté de ces difficultés ponctuelles, il se pose un problème celui là bien présent ! Il est environnemental.

Il faut dire que peu de gens se soucient du cadre de vie dans lequel ils se meuvent dès lors qu’ils peuvent vaquer à leurs affaires. Ce qui est sûr, c’est que la ville de Kaédi est menacée par une destruction de son environnement. C’est à se demander si les populations du quartier Moderne mesurent ce qui leur arrive. Lorsqu’on emprunte le seul axe bitumé qui mène au fleuve, la scène qui s’offre à la vue est repoussante.

La bande située à la droite de la route qui va jusqu’à l’ancien abattoir frigorifique est défigurée. Par tous les temps, des montagnes d’ordures et de cadavres d’animaux sont posées à même le bitume.

C’est insupportable lorsqu’il pleut. Un des agents de la Protection Civile dépêchés sur place pour pomper les eaux a eu cette réflexion : « Nous préférons qu’on nous dise d’aller et rester jour et nuit dans la brousse du Périmètre agricole que de rester dans cette puanteur ! » en fait, elle est saisissante l’image de ces soldats du feu harnachés de masques à oxygène regardant stoïquement l’eau nauséabonde des bassins de rétention se déverser à côté de carcasses d’ânes et filer vers le fleuve !

Pauvre de vous qui êtes en aval ! Cette bande de terre sidère plus d’un Kaedien par ce qu’elle est devenue. Cet espace cultivable dans lequel on a expérimenté dans les années 80 la culture de pommes de terre et qui abrite aujourd’hui le jardin maraîcher des femmes de Gattaga est perdu dans une forêt de prosopys. Les arbres ont envahi sauvagement le territoire.

Nul ne refuse le reboisement, encore qu’il soit bien conçu. Là, c’est du laisser-aller. A Moderne, les riverains du barrage voient leur cadre de vie obstrué par une végétation hideuse, repaire des moustiques et leur atmosphère polluée par de sempiternelles odeurs de pourriture. Toutes les ordures du marché sont à leurs portes.

Ce n’est pas que cela fasse toujours plaisir de dresser des tableaux sombres, mais notre environnement est ce que nous avons de plus périssable. Nous nous devons de tirer sur la sonnette d’alarme quand on le voit plus que menacée comme c’est le cas à Kaédi. Place à l’action maintenant !

Biri NDiaye



Source :
Tahalil Hebdo (Mauritanie)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire