jeudi 12 août 2010

Banque de sang à Kaédi: Combat commun pour l'essentiel



Depuis quelques temps, l'hôpital régional de Kaédi est devenu, du moins au niveau de son service gynécologique, un mouroir pour les femmes qui y viennent accoucher. Une situation consécutive à plusieurs facteurs, dont l'absence de donneurs pour alimenter la banque de sang mais, aussi, dit-on en coulisses, l'incompétence du gynéco dont, trop souvent, le scalpel et le bistouri privent de vie les jeunes corps féminins. Par le truchement combiné des différentes réactions qui ont jugé inadmissible cet état de fait, même si le fatalisme reste le réflexe le plus répandu, des voix se sont élevées pour rompre le silence mystérieux qui entourait les disparitions, multiples et successives, qui ont endeuillé tant de familles. Il est vrai que l'absence d'une banque de sang, dans une structure hospitalière où s'activent toutes les spécialités de la médecine, est d'autant plus incompréhensible que le Centre Hospitalier de Kaédi est devenu, par sa position géographique, "le" point de convergence, une référence incontournable. La maternité, qui méconnaît la crise, est en pleine activité, une activité débordante qui en dit long sur l'expérience, la dextérité et le savoir-faire des sages femmes. Mais, hélas aujourd'hui, elle est devenue la hantise de beaucoup de femmes, perturbées dans leur sommeil, à la vue de tant de leurs consoeurs mourant, si facilement, sur le plateau technique, au point qu'elles s'interrogent sur le sens naturel de "donner la vie".
Certes, l'instauration du forfait obstétrical allège la prise en charge des femmes enceintes et l'espoir d'amélioration est d'autant plus fondé qu'il existe une réelle volonté politique, exprimée à travers les différentes campagnes liées à la santé de la reproduction et à la valorisation de la santé de la mère et de l'enfant. Celles-ci ont suscité une lueur d'espérance. Mais anéantiront-elles toutes les craintes et risques liées aux différentes étapes de la grossesse, jusqu'à l'accouchement?


Forte mobilisation

Pour répondre à la problématique des carences en sang, tous les élus du Gorgol, dépassant les particularismes politiques, se sont retrouvés "autour de l'essentiel", en initiant une caravane dans toute la wilaya, pour sensibiliser les populations sur la nécessité d'intégrer le don de sang dans le comportement citoyen: "sauver des vies", un geste noble, à la portée de tous. La cérémonie de lancement s'est déroulée au Centre Hospitalier de Kaedi (CHK), ce 29 juillet 2010, sous la présidence du wali du Gorgol, Mohamed Ould Medani, avec, à ses côtés, le ministre secrétaire général de la Présidence, Sy Adama, les docteurs Hady (DRPSS) et Abba, directeur du CHK; des sénateurs Youssouf Sylla et Sanghott Ousmane, du fédéral de l'UPR au Gorgol, Bâ Amadou Abou; des députés Ibrahima Kamara et Niang Mamoudou Mamadou; et des maires, enfin, de Kaedi, Moit, Sagné et Monguel. Il faut également noter la forte affluence des populations.
Souhaitant la bienvenue à ses hôtes, le maire de Kaédi, Sow Moussa Demba, fit remarquer l'importance de cette entreprise qui, dira-t-il, "contribuera à atténuer les souffrances des femmes", avant de faire un clin d'œil à nos forces armées: "elles ont toujours répondu présent, pour sauver les vies humaines". Puis, Mohamed Abdallah Ould Guelaye, député de Maghama et porte-parole des élus, a remercié toutes les bonnes volontés qui ont adhéré à l'initiative, avant d'adresser des mots de remerciements aux partenaires qui ont bien voulu accompagner et soutenir cette belle idée. Abondant dans le même sens, les représentants des imams et de la société civile ont, pour le premier, montré l'importance du don de sang, d'un point de vue religieux, et, pour l'autre, suggéré la mise en place d'une stratégie de communication, afin de fidéliser les donneurs. La société civile, dont le rôle, remarquable, a été fort salué au cours de cette mobilisation sociale, a manifesté toute son adhésion à l'initiative. Notons qu'elle travaillait, depuis déjà un mois, sur la thématique.
La cérémonie a été rehaussée par la présence du docteur Boullahi, directeur du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) qui a entretenu l'assistance sur les objectifs et le rôle de son institution, d'une part, et, d'autre part, sur l'importance du don de sang, en mettant en lumière les principes fondamentaux qui régissent l'activité et qui ne doivent, ajouta-t-il, "souffrir d'aucune spéculation", avant d'insister sur la stricte confidentialité, condition sine qua non de l'opération.
Auparavant, le docteur Kane, de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait apporté des précisions sur le taux de mortalité infanto-maternelle, encore inquiétant dans notre pays, d'où la nécessité d'encourager les initiatives et de les pérenniser, avec l'adoption d'un profil de qualité dans notre système de santé. Quant au sénateur Sanghott Ousmane, il a annoncé l'affectation d'un nouveau gynécologue au CHK.



Pour la fidélisation des donneurs

Matériellement, toutes les dispositions étaient remplies, pour que la campagne se passe bien. Sous la supervision des docteurs Boullahi et Kane, les donneurs volontaires ont, d'abord, rempli un questionnaire, avant de passer aux examens préliminaires. L'ambiance était détendue, remuante même, au regard du nombre de jeunes qui attendaient leur tour. Pour pérenniser l'action, le responsable du CNTS mettra, à la disposition des donneurs, une carte qui permet de réguler les dons, dans le respect des délais médicaux de latence. Animés par la volonté de mutualiser leurs efforts, dans un domaine aussi vital que sensible, les élus ont continué leur périple dans les autres moughataas et communes de la wilaya et continueront, incha Allahou, jusqu'au 3 août.
BIRY DIAGANA

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