vendredi 30 avril 2010

Brakna / Garlol : Tostan tire un bilan de trois années d’exécution de son programme

L’ONG internationale Tostan a organisé jeudi à Garlol (mouqata’a de Mbagne) une rencontre inter villageoise regroupant les superviseurs et facilitateurs des 30 communautés du Brakna bénéficiaires directs du projet intitulé « éducation des droits humains et promotion de l’abandon des pratiques néfastes telles que l’excision » qu’elle exécute depuis 2007 en partenariat avec l’UNICEF et le MASEF (ministère des affaires sociales, de l’enfance et de la famille).

Selon le coordinateur national de Tostan en Mauritanie, M. Mamadou Baba Aw, « l’objectif de cette rencontre est de discuter avec les agents de l’organisation, le personnel de santé, la société civile, le gouvernement et la presse du bilan des trois années d’activités et des modalités pratiques de l’organisation de la cérémonie de déclaration publique d’abandon de l’excision prévue à Mbagne le 25 mai prochain à laquelle prendront part les communautés bénéficiaires, les villages adoptés, les délégations du Sénégal, de la Gambie, du Mali, de la Guinée-Bissau et de la Guinée Conakry ».

Pour M. Aw, le choix de la commune de Garlol pour abriter ce forum inter villageois s’explique par « le dynamisme de ses habitants qui ont œuvré inlassablement pour la promotion de l’abandon des pratiques néfastes telles que l’excision et les mariages précoces ».

Auparavant, MM. Moctar Ndongo, Ly Oumar, et Diallo Abderrahmne et Mme Woury Sow, respectivement chef de village de Garlol, IDEN de Mbagne, représentant le Hakem empêché, imam du village et coordinatrice du CGC de Garlol, avaient pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux participants et remercier l’ONG Tostan pour « les efforts inlassables qu’elle ne cesse de déployer pour faire reculer l’ignorance et l’analphabétisme et promouvoir les bonnes pratiques ».

Pour M. Ly, « le programme de cet organisme se recoupe avec celui du ministère de l’enseignement car il repose sur la promotion de la scolarisation des filles et la lutte contre la déperdition scolaire et les pratiques néfastes telles que l’excision et les mariages précoces ».

Quant à l’accoucheuse du poste de santé du village, Mme Aminata Demba Thiam, elle a appelé d’abord ses consoeurs à faire vacciner leurs enfants contre la poliomyélite avant de les mettre en garde contre la pratique de l’excision « qui est aujourd’hui interdite et passible de peines de prison et d’amendes ».

Ensuite, les porte-parole des trois zones d’interventions de Tostan au Brakna (Boghé / Dar El Barka, Bababé / Mbagne et Aleg / Maghta Lahjar à savoir respectivement MM. Nazirou Hamet Thiam, Mamoudou Niang et Mohamed Ould Sidi Mohamed) ont fait l’état des lieux de l’exécution du programme dans leurs zones respectives de 2007 à 2010. Il se présente comme suit :

Zones/


Boghé/D. Barka


Bababé/Mbagne


Aleg/M.Lahjar

Activités

Effectifs participants


589


451


448

Taux de fréquentation (%)


77,69


73,28


74,67

Nombre assainissements


21


803


35

Séances animation et sensibilisation


11


296


50

Séances causeries sur l’excision


20


26


15

Montant de la caisse (UM)


404 720


799 300


792 000

Arbres reboisés


325


45


70

Conflits réglés


10


12


27

Nombre foyers améliorés


-


352


-



Ils ont également noté les retombées positives du projet dont notamment le renforcement des acquis en matière de santé, de droits humains et de règlement des conflits, le changement des comportements tel que l’abandon de l’excision et des mariages précoces etc.

Les superviseurs et facilitateurs réunis tard dans la matinée, n’ont pas manqué de souligner également quelques insuffisances dont les plus importantes sont : l’absence de contrat de travail, la faible rémunération, l’absence de sources de financement des CGC, manque de moyens matériels et l’insuffisance des allocations de transports.

Après ces exposés bilans, les participants ont eu droit à un sketch mettant en scène les risques de l’excision dans un milieu où, malgré les sanctions prévues par la loi, cette pratique a encore de beaux jours devant elle.

Clôturant les débats au nom de la coordinatrice régionale du MASEF, Mme Hapsa Abdoulaye Bâ, présidente de la Nissa Banque de Bababé a d’abord rappelé que « bien qu’elle soit une pratique ancestrale, l’excision n’est pas une prescription divine selon les conclusions des ulémas de plusieurs pays musulmans réunis au Caire » avant de lancer une mise en garde à ses sœurs en attirant leur attention sur les dispositions pénales prévues par l’Etat mauritanien pour punir les auteurs de cette pratique et leurs complices.

En marge des discussions de cette journée, les femmes de Garlol dont le dynamisme associatif a été salué, ont saisi l’occasion pour exposer es problèmes auxquels elles sont confrontées au quotidien et qui gênent leur volonté manifeste d’exécuter le programme de Tostan. Parmi ceux-ci, l’enclavement, le sous-emploi, l’insuffisance de moulins et de décortiqueuses, le manque d’équipements sanitaires (tensiomètre, bassins, lits, ciseaux stérilisés etc.).

Notons que les populations de Garlol, encadrés par MM. Sy Hamidou et Baïla Dia avaient réservé la veille un accueil riche en couleurs aux différentes délégations venues des quatre coins du Brakna. Les tam-tams, les youyous, les danses folkloriques et les belles voix de Kadia Baïlel Mbow et de sa sœur Djeïnaba ainsi que la soirée théâtrale organisée par « Goomu pinal » avaient déjà donné un avant-goût de l’hospitalité légendaire des hommes et femmes de ce village séculaire du Fouta qui préserve jalousement son riche patrimoine culturel en dépit des influences multiples du monde moderne.

Rendez-vous est pris le 25 mai à Mbagne pour la 1ère déclaration publique d’abandon de l’excision dans les 30 communautés bénéficiaires du projet de Tostan au Brakna.

Dia Abdoulaye
camadia6@yahoo.fr

www.cridem.org


Info source :
Dia Abdoulaye

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