samedi 21 novembre 2015

Gorgol : De l’invasion des oiseaux à une famine programmée

Gorgol : De l’invasion des oiseaux à une famine programmée   Au sortir d’un hivernage qui a fortement arrosé les terres cultivables à la grande satisfaction des paysans et agriculteurs qui se sont sacrifiés pour tirer le maximum de profit afin de juguler cette famine récurrente pour les soustraire de l’assistance quasi permanente des ONG et autres donateurs de fortune, Voilà bien que l’espoir risque de s’envoler sous la menace des oiseaux granivores qui assombrissent le ciel de Lexeiba à Kaédi, depuis quelque temps.

Inquiets de cette situation qui évolue de mal en pis, les paysans se sont réunis pour trouver les moyens auprès des décideurs pour qu’une action rapide et efficace soit menée dans la préservation des cultures hélas déjà entamées.

Ainsi, au cours d’une réunion, ils ont décidé d’aller à l’attaque des oiseaux dans leur forteresse avec des moyens mécaniques qui consistent, nuitamment, à les attaquer dans leurs niches ; les disperser pour amoindrir leur capacité de nuisance.

Quoique archaïque et souvent inefficace, cette méthode de lutte demeure pour les travailleurs de la terre le dernier recours face à la lenteur des services concernés qui, pour toute réponse depuis l’alerte il y a un mois, n’ont acheminé à Kaédi que deux véhicules en très mauvais état, dépourvus de personnels et de surcroit sans produits chimiques.

Après une nuit de chasse aux résultats encore douteux, les représentants des paysans ont eu l’honneur d’être reçus par le Wali du Gorgol M.Yahya Ould Cheikh Mohamed Vall dont la réaction a été fortement saluée par les paysans grâce à sa disponibilité et sa grande préoccupation pour avoir saisi les autorités compétentes du danger quasi national pour qu’enfin celles-ci décident d’acheminer quelques jours plus tard un avion et les produits chimiques.

Après ce plaidoyer du premier responsable, les paysans auraient pu être tranquilles face à cette invasion démesurée si l’opération effectuée n’avait pas été en de ça de l’enjeu.

Elus aux abonnés absents

Alors que les paysans s’attendaient à un ratissage large et durable, l’avion qui constituait le moyen le plus efficace, après un survol fugitif qui n’a duré qu’un clin d’œil, et au moment où les oiseaux sont absents de leurs dortoirs, repartait comme il est venu.

La situation est d’autant plus inquiétante que les périmètres rizicoles longtemps tenus en laisse par le fardeau de la dette risquent, si rien n’est fait de s’écrouler davantage sous le poids de la dette-posture de cessation de paiement-, d’une part et, d’autre part, priverait les populations des moyens de subsistance qui leur ont toujours permis de supporter les effets conjugués des périodes de soudure et de leurs agrégats.

Cette menace pesante aux allures d’une catastrophe nationale étonne encore les paysans qui ne comprennent point la légèreté voire l’indifférence avec laquelle les services compétents saupoudrent une réelle menace au lieu d’apporter des solutions durables qui peuvent sauver une si bonne campagne en perspective.

Impuissants, et n’ayant d’autres alternatives, les agriculteurs passent les nuits et les journées dans les champs, sans voix pour avoir trop crié, courant par-ci par-là pour sauver ce qui peut encore l’être.

Ils sont d’autant plus stupéfaits et bouleversés que leurs représentants (députés) ignorent tout leur calvaire pour entreprendre une action de plaidoyer ou de lobbying qui leur assure un réel espoir.

Au moment où nous mettons ces lignes sous presse, les agriculteurs sont encore dans «l’antre» des oiseaux pour détruire les nids et autres œufs et donner au besoin des petits couloirs aux véhicules pour atteindre les cibles.

En tout cas, le rythme auquel ces essaims d’oiseaux, sans répit s’adonnent aux cultures, les paysans déjà aphones n’auront plus que leurs yeux pour pleurer avec la fébrilité propre à l’affamé broyant son amertume de n’avoir jamais été écouté et suivi ne serait-ce qu’en qualité de citoyen de producteur tout court. Alors s’il faut agir, c’est maintenant, l’instant d’après, il serait trop tard.
Le Calame
Biry

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