dimanche 3 novembre 2013

Mohamed Ould Nemine, candidat d’El Wiam à Tidjikja:

‘’Si Aziz a la réputation d’être le Président des pauvres, on m’appelait aussi le Directeur des pauvres’’
La scène politique ne cesse d’apporter ses surprises, partout dans le pays. Ainsi à Tidjikja où c’est à la dernière minute qu’El Wiam a revu sa liste, y plaçant, à sa tête, un célèbre cadre de la ville : Mohamed Ould Nemine, ingénieur d’Etat en agronomie et ancien directeur de l’Agriculture. L’homme est connu pour avoir servi de nombreuses années à l’intérieur du pays, dans le secteur agricole. Sa candidature à la mairie de Tidjikja risque de changer la donne et l’UPR doit la prendre très au sérieux.
Le Calame : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Mohamed Ould Nemine : Je suis né en 1960, aux environs de Tidjikja. Ingénieur agronome de formation, j’ai effectué vingt-cinq ans de service, essentiellement dans le développement rural. J’ai occupé plusieurs postes dont celui de directeur de l’Agriculture. Actuellement, je suis cadre de réserve à la SONADER et consultant pour le projet « Sucre de Mauritanie ».
- Nous croyons savoir que vous êtes un expert, un consultant et non un politique. Alors, pourquoi briguez-vous le poste de maire ?
- Permettez-moi d’abord de préciser qu’à mon sens, le poste de maire n’est pas aussi politique qu’on le croit généralement. Il s’agit d’une fonction plutôt technique, une fonction de construction et d’organisation. Selon moi, les maires sont des hommes de terrain et ne doivent pas se considérer comme des seigneurs, des leaders politiques. Ils doivent être dynamiques, porteurs de nouvelles idées, expérimentés dans le domaine du développement à la base, avec une bonne connaissance de leur terroir, la volonté et la capacité d’améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens. Je prétends être de cette trempe et mon cursus professionnel, marqué par vingt-cinq ans de développement à la base peut en témoigner.
- Pourquoi El Wiam ? Et non pas le RFD, l’UPR ou l’UFP, par exemple ?
- Je m’abstiendrai, avec tout le respect qui se doit, de porter des jugements sur les autres partis. Par contre, je parlerai volontiers d’El Wiam, mon parti. Dans cette formation, je me sens en harmonie avec moi-même. C’est un parti modéré, du juste milieu, qui favorise le dialogue, la concertation, lutte pour l’unité nationale et contre toutes les formes d’exclusion. El Wiam a l’avantage de compter, en ses instances, des notoriétés, des notables, des intellectuels, des hommes politiques de poids. J’estime donc que c’est la famille et la formation qui me conviennent le mieux.
- Quelles seraient vos priorités, une fois élu ?
- Mon programme abordera les détails de votre question mais je dirai, déjà, que la commune de Tidjikja a beaucoup de problèmes. Cependant, la priorité des priorités reste, pour moi, la question de l’eau que je traquerai partout où elle se cache. Tout d’abord, pour satisfaire les besoins de la population de la ville mais, aussi, pour l’oasis, poumon économique de la commune. L’eau est une denrée rare à Tidjikja et les conditions naturelles de notre milieu n’aident, malheureusement pas, à trouver une solution rapide à ce problème (nappes superficielles dont l’alimentation est conditionnée par les écoulements de la Batha). Les autres priorités, non moins importantes, seront l’amélioration des conditions sanitaires, de l’éducation où le niveau des élèves a beaucoup chuté, pour une ville réputée vivier de cadres, l’établissement de nouvelles infrastructures économiques et activités génératrices de revenus, la promotion de la culture, du savoir et du tourisme ; en bref, l’organisation de tous les segments de la vie communale. Il convient, ici, de passer un message de félicitations à Mohamed Ould Biha, maire sortant, pour le travail remarquable réalisé au cours de son mandat. Une fois élu, je ne manquerai pas de m’inspirer de son expérience et de ses approches.
- Connaissez-vous monsieur Boïdiel ? L’avez-vous côtoyé ?
- Je n’ai pas eu l’occasion de le côtoyer auparavant bien que j’eusse servi dans sa région, quand j’étais directeur de la SONADER à Rosso. Par contre, je le connaissais à travers les media et j’ai toujours apprécié ses prises de position sur les grandes questions socio-politiques nationales. Après l’avoir rencontré de près, j’avoue qu’il m’a impressionné. Je crois, sincèrement, que c’est un grand cadre, un homme politique expérimenté dont a besoin le pays, un vrai Mauritanien avec un grand « M ».
- Ne pensez-vous pas que ces élections à Tidjikja seront l’occasion, pour l’opposition, de montrer son mécontentement à Aziz et à l’UPR ?
- Séparons la question en deux parties. Pour Aziz, je dirai que ce mécontentement, fortement ressenti par la population, après le limogeage d’un nombre important de cadres de la ville, a été exploité, à fond, par certains qui ont beaucoup profité de la situation, pour maintenir la tension au maximum, entre la collectivité issue de cette ville et le chef de l’Etat. Cet état des choses s’est propagé à tel point que beaucoup de hauts responsables en ont profité pour éliminer le maximum de cadres de la ville, parfois sans raisons valables. A mon avis, Aziz, qui aurait dit ne pas être au courant de cette situation, doit œuvrer pour que Tidjikja redevienne comme toutes les villes du pays où il y a opposition et contre-opposition. Beaucoup de cadres de Tidjikja sont neutres et technocrates. Le pays a besoin de leur expérience. Cela dit, Aziz n’a-t-il pas gagné, à Tidjikja, lors de l’élection de 2009 ? Et depuis quelques temps, on voit des signes positifs de décrispation. Je ne peux que les apprécier et souhaite qu’ils profitent à une frange de cadres plus importante.Quant à la liste UPR, sa composition est contestée par une certaine opinion locale et nous pensons, à El Wiam, qu’elle ne pourra pas affronter les problèmes auxquels fait face la commune.
- On vous dit candidat mécontent de l’UPR et de certaines injustices subies au MDR. Qu’en est-il ?
- Je n’ai jamais été membre de l’UPR, même si ma famille a soutenu l’actuel Président, pendant sa campagne de 2009. J’ai participé, par ailleurs, à certaines de ces réunions au niveau local, juste pour faire passer des messages, souvent critiques, dans l’intérêt national et de ma ville. Les actuels ministres de la Justice et du Transport peuvent en témoigner. Pour le reste, vous faites probablement allusion à mon limogeage de mon poste à l’Agriculture, en 2009, et le refus du Ministère de me confier celui de Chef du Projet PASKII que j’ai gagné, par concours, en 2012, suite à un appel à candidatures ouvert. J’estime, certes, avoir subi, dans les deux cas, une injustice. A l’Agriculture, le travail que j’ai accompli, en trois années, est colossal et tous, au Ministère, peuvent en témoigner. Les preuves sont là, vérifiables. Si Aziz a la réputation d’être le Président des pauvres, on m’appelait, aussi, le Directeur des pauvres : faites un tour au MDR et en ma Direction, pour vous en rendre compte. Sans raisons justifiées, l’IGE a tenu à m’imputer des préjudices insignifiants et j’ai fait les frais de cette attitude. Je sais, moi, que je n’ai jamais cessé d’être intègre et honnête. L’histoire dira plus tard qui avait raison. Pour le projet, j’ai, effectivement, gagné très haut la main, à la sélection des dossiers, à l’écrit comme à l’oral, avec, au total, 83 sur 100, loin des autres candidats. Au terme de ce test, l’Etat a voulu retenir, par le biais du MDR, le troisième. Je n’en ai pas fait un problème car l’Etat est souverain pour choisir, en fin de compte, son candidat. Je souhaite bonne chance au nouveau coordinateur et l’essentiel, pour moi, est qu’il réalise les objectifs du projet. C’est donc plutôt pour les raisons techniques évoquées au début de notre entretien que je suis candidat.
- Un dernier mot à adresser aux lecteurs ?
- C’est à l’adresse de nos ressortissants de Tidjikja que je me présente comme candidat des cadres, soucieux du développement de cette ville. J’estime que je suis propre, loin de toute machination politicienne, capable de préserver les acquis et d’animer une nouvelle dynamique de développement local. Je suis rassembleur et c’est pour cette raison que je leur demande appui, afin que Tidjikja retrouve son rayonnement d’antan. Ensemble, nous produirons la surprise, le 23 novembre prochain.
Propos recueillis par Dalay Lam

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