dimanche 4 août 2013

Entretien avec Mohamed Ahmed Ould Baba Ahmed Ould Salihi


En marge de la visite du Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire à Tidjikja, nous avons tendu notre, micro à Mohamed Ahmed Ould Baba Ahmed Ould Salihi(MABAS) porte-parole des populations assoiffées, ancien candidat aux présidentielles 2007 cadre actif de l’UPR à Tidjikja, chantre de la réconciliation nationale qui passe par l’entente entre le Président Mohamed Ould Abdel Aziz et Tidjikja (ville et communauté). Nous vous livrons dans ce qui suit l’intégralité de l’entretien
N1 : Vous êtes connu pour avoir longtemps milité dans l’opposition, pourquoi avez-vous choisi de soutenir Aziz et d’intégrer l’UPR ?
MABAS: Aux présidentielles de 2007, preuves à l’appui, j’étais le candidat des pauvres, contre le gaspillage, contre la mauvaise gestion, pour le Diwan al Madhilim, pour une Police morale (moralisation de la vie et de la voix publiques), pour une nouvelle classe politique (nouvelles idées supportées par de nouveaux hommes), pour le contrôle de l’immigration, pour une armée super-équipée et bien entrainée, pour une nouvelle politique fiscale, pour la liberté totale de la presse… Je peux continuer, vous ne trouverez que des ressemblances idéologiques entre le Président de la République et moi. Vous n’allez tout de même pas me demander de me travestir en reniant mes propres idées ! Ce serait trop me demander. Je me souviens de mon premier soutien à Aziz, c’était à Dhaiv al Mountassav, sur la chaîne Al Jazeera, quelques jours après sa prise de pouvoir. Vous voyez, ce n’est pas vraiment récent. Par la suite, je fus désigné avec deux ou trois autres cadres pour accompagner le général Meguet, afin d’expliquer le mouvement aux populations de l’Adrar et de Tiris. Depuis un an, comme vous savez, je travaille à Tidjikja, dans ce que j’appelle « la réconciliation nationale » qui passe nécessairement par l’entente entre le Président de la République et cette ville symbole des symboles, où avait germé, voici plus d’un siècle l’idée même d’une entité nationale, devenant plus tard le projet national dont le cheminement est connu de tous. Ce choix me fait exposer aux attaques les plus virulentes de l’opposition qui, il est vrai, domine totalement ma ville. Je subis son lynchage de plein fouet, mais c’est le risque de l’engagement politique ; je dois apprendre à assumer à encaisser et à être patient.
NI : Les trois autres cadres qui formaient avec vous le quarteron, qui accompagnait le Général Meguet, sont aujourd’hui nommés Ministre, Conseiller et Directeur. Et vous !
MABAS: Je me suis toujours opposé aux régimes, surtout celui de Taya. En 1993, je rentrais de la France, avec 1 DEA de l’UTC de Compiègne, 1 CECP et 1 Maîtrise de Biochimie de l’USTL, j’aurais pu intégrer le Prds et me tailler une place de choix, comme la plupart de mes collègues. Taya était d’une grande générosité avec ses supporters politiques, mais la Tayamania ne m’a jamais emballé, j’ai fini par choisir la piété et l’intégrité d’Ahmed O. Daddah. Je ne le regrette pas. J’assume. C’est donc, la première fois que je soutiens un pouvoir en place parce qu’on a des idées en commun, parce qu’on a le même jargon populiste, parce qu’on a la même réserve à l’égard de la Tayocratie, etc. Quand je l’ai rencontré pour la première fois, il y a eu un tilt. Il m’a impressionné par son courage et sa sympathie. Il m’a montré assez de respect, auquel je ne suis pas habitué dans cette république officielle qui ne sait que me piétiner, c’était suffisant pour me fasciner à jamais. Pour moi, c’est vrai rien n’a changé, mais pour la Mauritanie beaucoup de choses ont changé pour les franges les plus déshéritées, pour nos frères rapatriés, pour l’abolition et l’éradication de l’esclavage, pour les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, et pour les finances publiques… Et puis, pourquoi devrai-je bêtement avaler ces rumeurs malintentionnées sur l’hostilité du Président de la République à l’égard d’une partie de son peuple, d’une tribu, en l’occurrence la mienne ? C’est sommaire et peu scientifique comme raisonnement, car un pouvoir, tout pouvoir vise la durée, la stabilité, ce qui lui dicte impérativement d’éviter toute tension. Mais, c’est vrai, nombreux, sont ceux qui, localement et nationalement, surexploitent cette phobie virtuelle et supposée entre le Président de la république et Tidjikja, une phobie, d’ailleurs, fortement alimentée par une banque de rumeurs, qui ne finissent jamais et qui, hélas, coïncide parfois avec le hasard de l’actualité ce qui lui donne davantage d’impact négatif. La persistance des rumeurs prouve, si besoin en était, qu’il existe une sorte de nébuleuse opportunément active et qui ne vit exclusivement que du commerce de ce genre de ragots. Mon rôle, dans l’intérêt de mon pays et de ma ville, est de démanteler une telle entreprise, et je vous le promets, les relations entre la ville qui a tout donné à la république et le Président de la république, ne peuvent plus et ne doivent être qu’au beau fixe. Et ceux qui souhaitent qu’il en soit autrement entre le Président et Tidjikja en seraient pour leur frais. A ce titre l’inauguration des équipements en eau potable pourrait être une très bonne occasion, sans doute la meilleure, pour dissiper les derniers nuages de scepticisme. Je serai particulièrement flatté de l’accueillir sur l’aérodrome de Tidjikja et de prononcer au nom des populations, les mots de bienvenue qui conviendraient à la circonstance.
NI : l’UPR peut-il remporter le grand chelem maire et députés à Tijikja ?
MABAS : Oui, mais à quatre conditions : Si l’eau potable coulait dans les robinets des quartiers populaires d’Argoub, Maleh, Semsiyat et Médine, Si les deux députés étaient élus sur deux circonscriptions électorales séparées (1 pour la ville, et 1 pour le Rif), Si le candidat est de Tidjikja et vit à Tidjikja, de qualité et apportant une plus-value certaine pour l’UPR, et enfin, Si l’UPR gardait son unité et n’hésitait pas à mettre les moyens, le grand chelem pourrait être obtenu et offert sur un plateau d’or à l’honneur du Président de la République. Pour ce scrutin municipal et départemental, c’est la seule victoire symbolique pour le Président de la République. Si l’UPR gagnait à Tidjikja, cela voudrait dire que le dernier verrou qui se dressait devant lui aurait sauté et que la Mauritanie aurait choisi au soir du prochain verdict de basculer dans le camp de l’espérance porté par un homme simple, mais peu ordinaire : Mohamed O. Abdel Aziz.
NI : Etes vous candidat et pourquoi l’UPR vous choisirait- elle pour conduire ses listes à Tidjikja ?
MABAS : Je suis de Tidjikja, et je vis à Argoub. Quand elles ont eu soif, les populations sont venues me voir moi ; et pas un autre. Et depuis quelques semaines nous bataillons, nous écrivons dans la presse et nous protestons devant les autorités administratives. Grâce à la responsabilité des représentants des quartiers qui m’accompagnaient et au sens de l’Etat et à la disponibilité totale des autorités, en particulier du wali, un compromis a été trouvé. Ce compromis est une solution conjoncturelle pour faire face à la flambée de chaleur et pour satisfaire tout ou partie des besoins en eau durant le mois béni. Mais, la solution durable reste à trouver, j’espère le plus tôt possible. Quand les centaines des paysans de Dboulgui écœurés par l’injustice qui les frappe, c’est moi, et pas un autre, qu’ils ont contacté. J’ai fait les démarches nécessaires auprès des autorités afin de lever la suspension de la mise d’une clôture grillagée autour de leurs palmeraies. J’en ai informé le fédéral de notre parti, Mohamed O. Abdi, qui a été très sensible à la question et n’a pas hésité à leur apporter son appui. Enfin, il y a quelques jours, vous étiez présent, lorsque devant le Ministre de l’habitat de l’Urbanisme et l’aménagement du territoire, les gens acclamaient mon nom, rien que mon nom, pour que j’exprime leurs doléances, ce que je fis sous les applaudissements. Encore une fois, Tidjikja est dans mon sang et ma chair, j’y suis né et y vit. De plus, le nom que je porte est à jamais gravé dans la mémoire collective de cette belle cité oasienne, dans son histoire anticoloniale, dans sa politique, celle de ses plus beaux jours et des grands hommes, dans sa mosquée principale et dans ses belles palmeraies. L’UPR choisira. En tout cas, que les choses soient claires, le parachutage de personnalités étrangères à la ville ou n’y vivant pas, est rejeté par la base et sera fermement combattu. Comme vous le voyez, les dés sont tous jetés et les jeux sont désormais ouverts, mais, pour ce qui me concerne, l’ultime dernier mot revient au Président de la République
Propos recueillis par Khalil Sow

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