mercredi 6 mars 2013

Zouerate : dossier esclavage, les deux maîtres placés sous mandat de dépôt, neuf sahraouis sous contrôle judiciaire

L’audition des bourreaux et victimes dans le dossier de l’esclavage a pris fin dimanche 4 mars 2013 aux environs de 17 heures. L’affluence était nombreuse devant le tribunal régional de Zoueratt pour connaitre la suite à donner au dossier de neufs esclaves qui vivaient sous le joug d’un homme et de son fils dans une zone militaire interdite entre Chegatt et Lemgheïti.Mohamed ould Brahim et son fils Salem ont été placés sous mandat de dépôt et passent leur première nuit à la prison civile de Zoueirat. Neuf autres sahraouis trouvés dans une zone militaire interdite ont été placés sous contrôle judiciaire et détenus à la gendarmerie de Zouerate. Rappelons que le frère de la mère des huit enfants, Maatalla Ould M’Beirik avait pris la fuite en 2004 et venu à Zouerate avec une colonne militaire en provenance de Lemgheïti. Lors d’un point de presse, Boubacar Ould Messaoud, président de l’ong SOS-esclaves indiqué que Maatalla avait dit à la patrouille militaire que s’il revient au campement son maître va le tuer, « des esclaves qui tentaient de fuir ont purement et simplement été éliminés, en les rattrapant, le maître a posé beaucoup de bagages sur eux dans la voiture, arrivés, ils étaient morts, s’il me tue, il ne va pas m’enterrer ». Le chef de la patrouille militaire qui avait ramené Ould M’beirik avait informé l’actuel maire de Zoueratt, Yacoub Ould Salem Vall, membre fondateur de SOS-esclaves qui, alors, avait averti l’organisation, mais voulant passer le cas sous silence, les autorités régionales d’alors, l’avaient confié au commandant de brigade de la gendarmerie de Bir Moghrein où il était très surveillé, dit Ould Messaoud. Ould Messaoud a souligné que son organisation avait envoyé deux membres à Bir qui ont pu le contacter pour venir à Zoueratt et partir ensemble à Nouakchott. L’Ong a soulevé le cas de Maatalla, de sa famille. « Tout le temps qu’il est resté avec nous, il n’a jamais oublié sa famille esclave, a toujours demandé de l’aider pour ramener sa sœur et ses enfants », témoigne le président de SOS-esclaves, poursuivant, « c’est pourquoi en 2008, nous l’avons envoyé ici avec une lettre du président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, Saïd Ould Hommody mais le wali avait réclamé 800 000 Um de carburant, n’ayant pas cette somme, nous avions laissé tomber le problème ». Boubacar Ould Messaoud a déploré le manque de suivi des cas d’esclavage voire même leur déni, citant le cas d’une femme à Bassiknou qui a porté plainte contre son maître à la gendarmerie mais ce dernier avait été libéré par le hakem arguant qu’il est malien. Pour le cas de Zouerate, « on veut nous faire entendre que les inculpés sont sahraouis, ça tient pas », dit-il. Le président de SOS-esclaves a annoncé que lorsque sa mission a été chez le procureur, ce dernier a laissé entendre que les victimes ne sont pas des mauritaniens, en plus, ils sont pris dans une zone militaire interdite. « Il semblait privilégier cette piste par rapport à la gravité de l’esclavage », ajoute-t-il. Sur l’issue de l’audition, Ould Messaoud a dit qu’il est satisfait, les autorités judiciaires ont eu un comportement correct, eu égard au drame que vit la famille, « nous avons tout fait pour calmer les personnes massées devant le tribunal », ajoutant que « l’avantage dans ce dossier est qu’il y a un avocat commis, le jugement sera fait en sa présence, une garantie, nous avons sensibilisé les populations sur cette question et nous continuerons à suivre ce dossier depuis Nouakchott ».
Djibril Sy CP/ Tiris zemmour.

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