vendredi 21 septembre 2012

Aleg: Nécessaire réhabilitation de l’hôpital régional

Situé à l’entrée ouest de la ville, l’hôpital régional d’Aleg, fondé, en 1976, par une mission algérienne, a connu des hauts et des bas. Unique hôpital de la wilaya vers lequel convergent, théoriquement, tous les malades de la région, il a, pour seul auxiliaire, le vieux dispensaire, datant des années trente, qui le décongestionne, lors des grandes affluences, surtout en période d’hivernage où les maladies comme le paludisme et les diarrhées sévissent sévèrement et où le nombre d’accidents de la circulation augmente singulièrement, à cause des vacances scolaires. Et, comme la ville est un carrefour pour les voyageurs de six wilayas (Gorgol, Guidimaka, Tagant, Assaba et les deux Hodhs), les victimes de ces accidents sont acheminées prioritairement dans les structures d’urgence sanitaire de la ville, pour y recevoir les premiers soins. En 2000, soit vingt-quatre ans après sa fondation, l’hôpital ressemblait encore à un gros dispensaire de village. La structure fonctionnait avec le minimum : un médecin généraliste, quelques IDE (Infirmiers Diplômés d’Etat) et autres IMS (Infirmiers Médicaux Sociaux), des employés recrutés sur le tas, en guise de personnel d’appui, très insuffisant pour faire fonctionner convenablement la structure. Des équipements de fortune, souvent dégradés, servaient de matériel. Les problèmes surgissaient régulièrement. Les faibles prestations du service en disaient long sur l’avancement du délabrement de ce gros dispensaire de village. Le manque d’équipement et de motivation décourageait les employés les plus consciencieux. Les malades étaient évacués, à la moindre souffrance, vers Kaédi ou Nouakchott. Avec l’ouverture du nouvel hôpital qatari de Boutilimit, celui d’Aleg s’est mué en simple salle de consultations d’où les patients sont, presque systématiquement, envoyés dans ce département. Situation catastrophique Comme l’a déclaré, il y a plus d’un mois, son médecin-chef, l’hôpital d’Aleg est dans une situation catastrophique. Et ce n’est pas la mise en scène d’avril dernier, lors du passage du Président où tout un plateau technique et une équipe médicale, composée de tous les spécialistes, ont été temporairement mobilisés, qui réglera le problème. Les réguliers abandons de poste des docteurs qui sont affectés, les intempestifs déficits de médicaments, la vétusté des équipements, le découragement d’un personnel paramédical peu motivé sont autant de facteurs qui annihilent tous les efforts des bonnes volontés. Depuis 2010, l’hôpital ne dispose plus que d’un seul médecin, sans radio ni table d’opération ; la lampe scialytique est défectueuse ; l’appareil d’anesthésie, totalement inopérant ; les lits, délabrés ; l’ambulance, un tacot souvent en panne ; les quelques hangars qui servaient de rempart aux malades et à leurs accompagnateurs, détériorés ; les peintures des murs, totalement défraîchies, tandis que les stigmates des dernières pluies prouvent, éloquemment, un manque préjudiciable d’entretien et de nettoyage. Tentative de réhabilitation En avril 2012, devant le Président, le ministre de la Santé a promis de « tout faire », pour que l’hôpital régional d’Aleg retrouve son lustre. L’affectation, en octobre 2011, du docteur Anne, comme directeur régional de la Santé, participe, peut-être, de cette tentative de redorer le blason, très terni, de la structure sanitaire. Depuis son arrivée, en tout cas, le docteur a doté l’hôpital de nouveaux équipements : nouvelle radio opérationnelle, nouvel échographe, table opératoire, appareil d’anesthésie, deux tables d’accouchement, deux tables gynécologiques, une table chauffante, pour les nouveaux-nés, trente potences et trente lits d’hospitalisation. Deux ambulances opérationnelles, dont une toute neuve. La question de l’électricité a été réglée, grâce à l’achat d’un poste de transformation, à hauteur de 15 millions d’ouguiyas, pour stabiliser le courant et à distribution de la précieuse énergie dans tous les compartiments de l’hôpital. Travaux de maçonnerie, de plomberie, de carrelage, et construction de quatre hangars : l’hôpital est beaucoup plus présentable. Le personnel compte, aujourd’hui, trois sages-femmes, neuf infirmiers dont quatre diplômés d’Etat, un chirurgien et un anesthésiste. Problèmes Ils sont, surtout, d’ordre organisationnel, de motivation et de déficit en personnel médical spécialisé. La gestion normale et l’organisation convenable d’une structure si longtemps déliquescente demandent du temps. D’aucuns préconisent l’autonomisation de l’hôpital : elle est, de fait, prévue pour 2013. Mais cette option ne permettra pas de régler définitivement les problèmes, surtout pas celui du fonctionnement des hôpitaux régionaux dont plusieurs – Aïoun, Nouakchott (CHN), Nouadhibou, Kiffa, Néma et Rosso – sont déjà autonomes. Epidémiologiquement, la zone souffre particulièrement du paludisme, des diarrhées, de problèmes obstétricaux et, répétons-le avec insistance, des accidents de la circulation. Or, le traitement des traumatismes liés aux accidents de la route exige, banalement, de la réanimation et du sang. C’est donc une urgence, pour « l’hôpital- carrefour » d’Aleg, que de le doter d’une banque de sang et d’une équipe de traumatologues et de réanimateurs. Sans oublier la nécessité d’une politique régionale d’amélioration des conditions de travail, par des motivations substantielles au profit des fonctionnaires de ces structures, afin d’y assurer leur maintien. La fixation de compétences en région est un leitmotiv du développement durable. Il n’est pas tout de le proclamer : elle doit être clairement budgétisée. Sneïba El Kory

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