dimanche 15 juillet 2012

Scandale 'Emel 2012' : Les révélations continuent.

Le scandale " Emel 2012', au niveau d’Aleg, capitale du Brakna, prend une autre tournure, avec l’audition par le juge d’instruction des plus hautes autorités de la région (Wali et Hakem) ainsi que les révélations faites par les maires des communes d’Aleg (l’adjoint qui était chargé du suivi de cette opération), de Cheggar, Aghchorguit, Boudida et Diolwar. Tout semble indiquer qu’il s’agit d’une vaste filière de détournement des produits d’Emel 2012, destinés à l’allégement des souffrances des citoyens, mais qui auraient servi, plutôt, à " engraisser " des commerçants et des responsables de l’administration. Le scandale " Emel 2012, au niveau d’Aleg, capitale du Brakna, est en terrain d’ébranler l’échiquier politique, et soco-économique du pays. Des documents révélés au grand public par le site Alakhbar donnent l’ampleur du scandale avec l’augmentation exponentielle des personnes mises en cause. Les autorités semblent décidées à tirer au clair les fils enchevêtrés d’une affaire qui dépasse de loin la saisie d’un camion d’aliments de bétail en train d’être vidé, de nuit, pour être revendu, au double de sa valeur marchande, par des commerçants véreux. L’entrée en lice, dans le cadre de l’enquête, du wali, du hakem et des maires de la moughataa d’Aleg donne au scandale une tournure administrative suivie de près par les autorités centrales mais aussi par l’opinion publique nationale qui a là une occasion en or pour savoir si la lutte contre la gabegie a vraiment un sens dans un pays où le " tieb-tieb " (les affaires louches) est la plus ordinaire des activités. De l’escroquerie au détournement des deniers publics Les déclarations faites par les maires des différentes communes de la moughataa sont plus ou moins compromettantes pour le hakem d’Aleg. Tout indique que ce dernier aurait cherché à " maîtriser " l’opération en son amont (l’établissement des listes des bénéficiaires), en faisant recours à des gardes mais aussi en signifiant aux maires qu’ils ont peu de chose à faire dans l’identification des éleveurs de leurs communes. La preuve d’une telle orientation, révèle le site Alakhbar, est la non reconnaissance de tous les maires des listes établies par le hakem et détenues aujourd’hui par le juge d’instruction. Ce sont ces listes et non celles paraphées par les maires qui auraient servi de " tableau de bord " (de distribution) au chef de centre du CSA (Commissariat à la Sécurité Alimentaire) et à l’inspecteur de l’Elevage. Pour tirer au clair cette imbrication des rôles et des parts de responsabilité, l’avis du wali du Brakna, Aboubecrine Ould Khourou, entendu le 09 juillet dernier par le juge d’instruction, compte beaucoup. La caractéristique principale de ce vaudeville, c’est que tout le monde semble détenir un bout de vérité. Les différents protagonistes du scandale seraient connus maintenant à tous les niveaux et la seule difficulté, pour les enquêteurs, est de pouvoir déceler qui dit vrai, à partir de la confrontation des déclarations mais aussi de situations équivoques où l’on trouve des membres de l’administration, des maires, des commerçants, des vrais-faux éleveurs, des gardes, des intermédiaires (samsaras) et des charretiers. Le linge sale se lave entre…accusés Alakhbar, qui dit disposer de documents de première main dans cette affaire, rapporte ce qu’il dit être les déclarations du " chargé des affaires " de la mairie d’Aghchorguitt, Hamada Ould Cheikh Ould Lemrabott indiquant que sa commune a bénéficié de 246 tonnes d’aliments de bétail. Une dotation conséquente par rapport à la commune d’Aleg dont le maire adjoint, Blal Ould M’bareck, déclare n’avoir reçu que 46 tonnes ! Le maire d’Aghchorguitt a cependant rejeté toute responsabilité dans cette affaire, reconnaissant n’avoir visité aucune localité de sa commune ou établi aucune liste, étant plutôt occupé par sa mahadra, comme il dit. Il reste qu’il n’a pas donné de précisions sur ceux qui se sont occupés de cette tâche cruciale, qui pourrait déterminer la part de responsabilité de chacun, ni sur qui a pris sur lui de désigner la commission chargée d’établir la liste des bénéficiaires ! Il a reconnu cependant avoir avalisé ces listes, comme l’a fait la commission, soulignant au passage que deux localités (Jeddah et Bagdad) avaient été rayées de la liste. Deux localités habitées exclusivement par des Haratines, ce qui peut rendre suspecte leur mise à l’écart inexpliquée par le maire d’Aghchorguit ! Ould Lemrabott aurait déclaré avoir soumis ses propres listes à l’ancien Hakem, qui les a rejetées, et reconnu à son successeur une plus grande compréhension dans le traitement d’une opération dont la complexité - et les intérêts en jeu - sont révélés actuellement par le scandale d’Emel 2012 d’Aleg. A propos de l’établissement des listes et de qui en est responsable, Ould Lemrabott aurait montré du doigt l’inspecteur de l’Elevage qui remettrait de son côté les registres, ajoutant qu’il n’a reçu de lui qu’un seul et sur intervention de son collègue de Djolwar, Cheibany Ould Beyatt. Il accuse ainsi cet inspecteur de gérer les registres selon son bon vouloir et le hakem de déclarer " ne rien pouvoir faire ". De son côté, le maire de Cheggar, Moctar Ould Isselmou, déclare que sa commune est la moins concernée par l’opération " Emel 2012 ". La liste présentée par le juge d’instruction au maire de Cheggar, et censée contenir les noms des bénéficiaires de la distribution d’aliments de bétail, lui serait inconnue, à part un seul nom ! Elle aurait comme bizarrerie de ne contenir que des prénoms, sans noms de familles ! La question posée également est de savoir si l’escroquerie est du fait des autorités responsables de l’opération ou de citoyens qui ont voulu se faire passer pour des éleveurs, bénéficier de " bons " et revendre les produits à des commerçants réalisant, du coup, des bénéfices conséquents et rapides. MOMS Cridem

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