vendredi 29 juin 2012

Litige foncier sur fond de féodalité à Diaguily : Le Ministère de l’Intérieur tergiverse.

Lassana Coulibaly, natif de Diaguily - un village du Guidimaka -, président de la coopérative dite de Kholle Mouké, a déposé, ces jours-ci, une plainte pour abus de pouvoir contre le gouverneur de Guidimaka auprès du ministère de l’Intérieur. Coulibaly - qui est descendant d’esclave - reproche au gouverneur d’avoir mis un terme aux activités de la coopérative, dont il est le président, au profit de la chefferie du village de Diaguily. Pour toute réponse le ministre de l’Intérieur - au lieu de convoquer le fautif - lui a adressé, semble-t-il, une missive pour lui signifier de résoudre le litige qui oppose Khollé Mouké à la chefferie de Diaguly, de manière équitable. Pour saisir les tenants et les aboutissants de l’affaire, il faut remonter à l’année 2003. A cette date Diaguily décide de mettre un terrain de 34,9 hectares à la disposition de la coopérative dénommée Khollé Mouké. «L’accord tacite passé entre les deux parties prévoit l’implantation des arbres fruitiers», précise Lassana Coulibaly. Le soutien logistique nécessaire au bon fonctionnement de Khollé Mouké incombe à la Sonader qui doit apporter engrais, semences, machines agricoles, carburant… «L’exploitation commence en 2003 sur les chapeaux de roue, mais l’enthousiasme s’essouffle au fil du temps. Ainsi de 211 membres en 2003, la coopérative n’en comptera que 44 membres en 2007. Tous des descendants d’esclaves», confie Lassana. Mais contre toute attente le succès sera au rendez-vous. En effet les arbres fruitiers plantés en 2003 donneront leurs premiers fruits en 2007. Mieux encore les membres de Khollé Mouké décrocheront l’appui des parents émigrés disposant des moyens financiers appréciables. Les jalousies, la crainte de perdre le terrain concédé poussent alors une partie de la chefferie du village à soutenir qu’elle n’a jamais souscrit du tout à l’implantation d’arbres fruitiers sur le périmètre qu’elle a mis à la disposition de la coopèrative en 2003, et à demander, dans la foulée, à ce qu’on dissolve le bureau qui dirige Khollé Mouké et qu’on coupe les arbres fruitiers. Les membres de la coopérative ignorent ses «réclamations» qui en somme sont insensées, et continuent à exploiter les 34,9 hectares que cherchent à reprendre la chefferie. En 2009, le litige foncier refait surface lorsqu’une ONG américaine en l’occurrence l’ADF décide d’accorder une subvention d’un montant de 75 millions d’ouguiyas versés sur trois ans à Khollé Mouké. L’argent aiguisant ses appétits, la chefferie réclame la direction de la cooperative. Elle est alors conviée à adhérer à Khollé Mouké pour ensuite briguer les postes qui seront en jeu lors des élections destinées à renouveler le bureau dirigeant, mais rejette la proposition faite par les membres de la coopérative qui du reste respecte à la lettre le règlement intérieur de Khollé Mouké. Le litige qui l’oppose aux membres de la coopérative est alors présenté devant le tribunal de Selibaby qui prend fait et cause pour la chefferie. En effet la sentence, prononcée par ledit tribunal en septembre 2010, débarque les membres du bureau de Khollé Mouké et leur interdit de participer à l’élection devant designer une nouvelle direction pour la coopérative, leur coopérative. Saisi en 2011, le tribunal de Kiffa annule la sentence rendue à Selibaby, en arguant que la révocation du bureau ainsi que son renouvellement sont tributaire du règlement intérieur de Khollé Mouké. En janvier 2012 le gouverneur du Guidimakha chez qui est porté le problème ne trouvera mieux pour surmonter l’écueil que l’interdiction de l’accès au champ de 34,9 hectares, en mettant ainsi en péril, les oignons qui étaient plantés sur 7 hectares et en anéantissant les espoirs des membres de la coopérative qui ne pouvaient en aucun n’est pas faire le déplacement pour Nouakchott afin de réclamer justice auprès du ministère de l’Intérieur. «Dans un premier temps ce dernier les convie à porter plainte contre le gouverneur», affirme Lassana Coulibaly. Mais alors que les membres du bureau de Khollé Mouké espéraient obtenir gain de cause, reprendre l’exploitation des 34,9 hectares, voilà qu’ils apprennent de la bouche d’Ould Boïlil en personne qu’une lettre a été envoyée au gouverneur du Guidimaka lui enjoignant de trancher sur le litige foncier qui les oppose à la chefferie de Diaguily, de manière équitable. Dommage que le ministre n’ait pas gardé à l’esprit qu’il n’existe qu’une seule solution juste pour surmonter le problème qui oppose Khollé Mouké à Diaguily, à savoir ordonner la reprise des activités de la coopérative sous la direction du bureau qui le dirige actuellement, lequel a sué eau et sang des années durant pour faire de Khollé Mouké une coopérative exemplaire. Samba Camara Cridem

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