dimanche 12 juin 2011

sid’Ahmed Ould Habott : « En 1991 J’étais maire à Fdérik ».




« Je voudrais dire à mon collègue Me Abdallahi Oud Cheikh Sidya que si aujourd’hui, nous parlons d’acquis et de liberté d’expression, de démocratie, ce n’est pas du fait d’un pouvoir, mais bien parce que des gens ont payé de leur sang, de leurs larmes et de leur vie…Ce sont eux qui ont fait cracher le processus de démocratisation à Ould Taya alors en proie à la pression…Nous ne pouvons pas ne pas rendre hommage à toutes ces personnes qui ont péri … »

Ainsi parla Me Sid’Ahmed Ould Habott qui a fait un témoignage assez saisissant à l’occasion du 20e anniversaire de l’Association Mauritanienne de droit de l’Homme, le 1er juin 2011 dans un hôtel de Nouakchott.

Ancien Député-maire de F'derick, Sid’Ahmed Ould Habott fut Président d'un Comité de l'Assemblée parlementaire ACP/UE à Bruxelles en 92et 96. Président de RADDHO-Mauritanie, il a partagé avec le public le témoignage que voici :

« En 1991, j’étais encore maire de F’derick, ville garnison. Quand les tortures ont commencé, j’étais là. Je me suis résolu à rendre compte de ce que j’entendais et voyais dans ma région. Car il fallait poser tout de suite ce problème qui était en train de prendre une ampleur catastrophique.
« C’était au cours d’une réunion des maires en vue de rencontrer le Président du comité militaire que j’avais fait la proposition d’inscrire ce point au programme de l’entretien avec le chef de l’Etat. Un seul s’y était opposé. C’était le maire de Nouakchott de l’époque. Il avait dit ceci : «L'association des maires n'est pas un parti politique et ne doit pas poser ce problème.» Il a ajouté en parlant de moi que si un représentant d’Amnesty voulait en parler, il ne devait pas prendre part à la réunion avec le président du comité militaire.

« J’ai rétorqué qu’en tant que maire d’une ville garnison, l’ampleur des interpellations et des sévices me poussait à dénoncer ce qui se passait au sein des populations dont nous sommes en plus les élus…Je fus appuyé en cela par les maires de Wompou et d’Aioun.

« Ahmed Ould Sidi Baba, président de l’association de maires, décida alors que lui, Sow Deyna de Rosso et moi devions rencontrer le président du Comité militaire et chef de l’Etat Ould Taya pour exposer la situation.

« Je puis vous assurer que l’audience qui a fini par avoir lieu avec le président fut des plus houleuses. Et je salue ici le courage exceptionnel de mes deux collègues maires qui m’ont soutenu avec constance devant un chef de l’Etat qui s’emportait sans cesse et criait que c’était de l’intoxication. « Il finit par décider qu’un commission d’enquête serait mise sur pied pour mettre la lumière sur ce que nous avancions.

« A notre sortie d’audience, Ould Sidi Baba m’avouera que c’était la première fois qu’il voyait le président du comité militaire ébranlé. Moi j’avais ressenti un certain soulagement de m’être déchargé et j’étais en même temps sceptique car convaincu que le chef de l’Etat ne mettrait pas en place cette commission d’enquête.

« J’avais, avant cette audience, dit au commandant de la région militaire de l’époque que je n’accepterai pas que l’on torture dans ma commune et j’avais réussi à le convaincre que cela cesse. Aujourd’hui, chaque fois que je le rencontre, ce monsieur me témoigne une certaine reconnaissance de lui avoir évité de commettre des crimes massifs dans notre région.

La Tribune N°552 du 06/06/11


www.cridem.org


Source :
Essiraje (Mauritanie

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