dimanche 13 mars 2011

Sénatoriales à Bababé : Qui sont les quatre prétendants au fauteuil ?




Lors du passage la semaine dernière à Bababé de la commission consultative de l’UPR pour rencontrer les militants de base du parti, quatre candidats ont manifesté leur intention de se briguer le fauteuil pour défendre les couleurs de l’UPR.

M. Bâ Amadou Racine
(ancien ministre), Bass Mamadou (comptable au ministère de l’Intérieur), Dieng Mamadou Abdoulaye (maire de Aéré M’Bar) et Yengé O Ahmed Challa ont, chacun d’eux été auditionné. Leurs soutiens aussi.

Ces quatre prétendants ont un dénominateur commun : ils ont applaudit les régimes de Ould Taya, de Eli O Mohamed Vall, de Sidi Mohamed O Cheîkh Abdallahi avant de faire allégeance au général Mohamed O Abdel Aziz, auteur du coup d’Etat qui a renversé le premier président Mauritanien démocratiquement élu.

Bâ Amadou Racine : Plus que jamais déterminé à conquérir le fauteuil sénatorial.


Cet ancien diplomate et ministre est un cadre né en 1946 à Bababé. Il s’est présenté deux fois aux élections locales de novembre 2006 à Bababé. D’abord à la députation contre Bâ Aliou Ibra, qui sortira vainqueur de cette compétition. Ensuite, face au sénateur sortant, Yengé O Ahmed Challa, à la même date et que ce dernier a remporté de justesse avec une différence d’une seule voix.

Ses adversaires politiques de l’époque, le duo : Aliou Ibra Bâ (député de Bababé) et Bâ Mamadou Abdoulaye, l’actuel maire de Bababé et chargé de mission à la présidence avaient tout mis en œuvre pour lui barrer le chemin et démontrer au pouvoir et à leurs rivaux de Komo Djiké, cette alliance politique regroupant Sall Amadou Abou (ancien maire de Bababé), lui Amadou Racine et Bâ Mamadou dit M’Baré, le président du Sénat.

Commentant cet échec, l’ancien ambassadeur explique qu’il est lié à un concours de circonstances dont l’achat de consciences, la corruption, les magouilles et la méchanceté humaine. « Ils se sont mobilisés pour des raisons qui leurs sont propres avec le soutien de l’administration au plus haut niveau pour que j’échoue » martèle t-il tout en n’affirmant toute fois qu’il n’a pas d’amertume ni de regret, puisque la vie est ainsi faite.

Sur les raisons de sa candidature, il dit faire valoir sa qualité de membre fondateur de l’UPR et premier initiateur avec l’association des anciens parlementaires du mouvement de soutien à Mohamed O Abdel Aziz lors du « mouvement rectificatif » de 2008. S’y ajoute poursuit M. Bâ, suffisamment de défis à relever, beaucoup de problèmes que vivent les populations et le programme du président de république à appliquer. Beaucoup de parents et amis, issus d’horizons divers selon lui, l’ont sollicité pour se présenter.

L’homme se dit acteur politique mais pas un politicien au sens négatif du terme pour reprendre ses propres expressions. Le candidat à la candidature de l’UPR met en avant également, « ses dispositions nécessairement » à aider au développement économique et social de la localité. « je souhaite apporter ma participation à l’édification du pays, au renforcement de l’unité nationale et mettre mon expérience personnelle acquise au plan national et international au service des populations de Bababé.

« Nous vivons une nouvelle ère, dans un nouveau parti organisé, prônant la transparence, la justice et l’équité ; c’est pourquoi, je tente ma chance comme tout le monde» avant de conclure « si je réussis, je le mérite et dans le cas contraire, je me résignerai aussi ». A la question, si vous n’êtes pas investis pas l’UPR, seriez vous candidat, Amadou Racine répond : c’est hypothétique !

Cet ancien ministre sous le règne de Ould Taya s’est illustré en osant défier ouvertement à l’époque Dieng Boubou Farba, ex-puissant président du Sénat dans son propre fief, Wothie. Une rébellion qui lui fera perdre son poste ministériel. Il jouit d’une réelle sympathie au sein de la population et ce, dans tous les milieux (opposition et majorité) confondue.

Amadou Racine capitalise une expérience qui pourrait sans doute plaider en faveur dans la désignation des candidats. En plus, il n’a pas hésité à se positionner dès leurs premières heures du coup d’Etat de 2008 en faveur de la junte militaire, le HCE notamment contrairement à certains de ses rivaux politiques qui ont rejoint tardivement le navire. Par deux fois, il a mouillé le maillot dans une compétition électorale. En 2006 lors des députations et en 2007, pendant les sénatoriales. Ses détracteurs lui reprochent sa rigidité sur le plan politique.

Bass Mamadou : Pour l’alternance.

C’est un cadre qui officie comme comptable au ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation. Après l’école du parti unique, le PPM, il a milité au sein de l’UFD, l’une des premières formations politiques d’opposition en Mauritanie avant d’intégrer le défunt PRDS et l’UPR, en 2010. Depuis la création des communes rurales, il a plusieurs fois été conseillé municipal dans la commune d’El Vrah (Moughata’a de Bababé). Monsieur, Bass s’insurge contre la monopolisation du poste sénatorial par une seule famille depuis 20 ans.

Lorsque, j’ai manifesté mon intention de me porter candidat aux élections sénatoriales, un membre de la famille Challa m’a affirmé que le poste, leur appartient. Cette affirmation est de monsieur Bass qui précise que ce n’est pas une dynastie. Pour ce natif de Abdallah Dièri, localité située à environ 6 kilomètres au sud – Est de Bababé, il est temps d’appliquer le principe de rotation dans la désignation des candidats entre les Maures et les Négro-africains de la commune d’El Vrah.

L’homme qu’on dit proche de Bâ Aliou Ibra et de Mohamed El Hadi Macina soutient avoir consulté beaucoup de conseillers municipaux qui lui ont exprimé leur soutien. Sans grands moyens, sa candidature dispose de peu de chance de passer si le score obtenu par le candidat Mohamed O Abdel Aziz aux élections présidentielles de juillet 2009 dans la commune d‘El Vrah est mis sur le balance.

Dans le cas où, l’UPR devait maintenir la règle non écrite et très contesté maintenant de proposer un candidat issu de la commune d’El Vrah, monsieur, Bass âgé de 55 ans peut alors espérer d’être investi si le parti applique le principe de l’alternance qu’il prône lui et ses soutiens.

Dieng Mamadou Abdoulaye : l’avant dernier baroud


Il est le doyen des maires de la région du Brakna. Depuis 1994, il règne en maître dans cette commune de Aéré M’Bar. Ancien cadre de l’ANAD à Abidjan, ce gendarme à la retraite qui possède de solides relations dans le département fait partie des vieux dinosaures politiques locaux qui aspire désormais à siéger dans la chambre haute du parlement. Va t’en guerre connu pour son courage, l’ami du Colonel Dia Adama Oumar a un ancrage local qui demeure un atout de taille pour lui dans cette bataille des investitures. Une connaissance sans commune mesure des réalités et profondeurs du terroir.

Cette proximité avec le peuple, il compte l’exploiter à fonds pour convaincre la direction politique de l’UPR. « Notre commune a participé à toutes les grandes batailles par le passé en se rangeant derrière Bababé et la commune d’El Vrah » se plait-il à marteler. « Il est temps que les autres pensent à nous et au moins cette fois-ci acceptent de nous soutenir pour notre première candidature. »
Rendoubé Péccate, terme pulaar qui signifie, si nous possédons un bien commun, nous devons le partager dit le maire de Aéré M’Bar. Sa rébellion en Avril 2010 affichée au congrès fédéral de l’UPR contre le clan de l’actuel ministre Thiam Diombar, l’homme fort du département sinon le chef de file de l’UPR dans la Moughata’a de Bababé est agitée par ses détracteurs pour amoindrir ses chances.

Bien que les deux hommes ont scellé la réconciliation depuis. Pour l’instant, le ministre des finances évite soigneusement d’afficher une quelconque préférence pour l’un de ces prétendants pour ne pas se mettre à dos une partie des militants de l’UPR qui lui vouent un grand respect et beaucoup de sympathie.

D’ailleurs la position de ministre des finances qu’occupe actuellement M. Thiam diombar dans l’appareil gouvernemental pourrait jouer en défaveur de la candidature du maire de Aéré M’Bar si l’on en croit certains observateurs de la scène politique local. Le parti pourrait ainsi arguer qu’une commune ne pourrait bénéficier d’un poste ministériel et d’un sénateur.

D’autant plus que le cumul des fonctions en cette période de vaches maigres où le parti a du mal à caser ses militants dont l’écrasante majorité rasent les murs comme c’est le cas de Amadou Racine Bâ. Et enfin, pour les jeunes du parti, le maire de Aéré M’Bar appartient à la veille garde, autrement dit au passé et il doit tirer sa révérence.

Yengé O Ahmed Challa : Veut remplacer son frère


C’est un colonel des douanes à la retraite. Avant, c’était feu Me Cheîn qui profita du boycott de l’opposition en 1992 des élections législatives. Yengé O Ahmed Challa ambitionne de succéder à son frère de même père et même mère, Nene O Ahmed Challah, le sénateur sortant. Plusieurs éléments cependant jouent contre sa candidature. Son grand frère, le sénateur sortant, Nene avait soutenu le candidat Eli O Mohamed Vall lors des dernières élections présidentielles de 2009. Second élément, Mohamed O Abdel Aziz, avait été laminé dans la commune d’El Vrah avec un score qui frise l’humiliation au profit du candidat du Front, Messaoud O Boulkheîr.

Thièrno Souleymane
CP Brakna

www.cridem.org


Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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