dimanche 21 novembre 2010

Mohamed Ould Khayar, l’autodidacte 1er Maire de Nouakchott !




Loyal à l’auteur du livre « La Mauritanie contre vents et marées », Mohamed Ould Khayar a accompagné vaillamment Maître Moctar Ould Daddah , père de la Nation et ses compagnons d’alors, dans l’œuvre Oh !Combien ambitieuse,noble et difficile de création et mise en développement de la République Islamique de Mauritanie.
Un milieu social ouvert !
C’est à Kanaoil, fief traditionnel des Ewlad Ibni, qu’est né vers 1915, Mohamed Ould Aamer Ould Khayar Ould Aamer Ould Ibni, de sa mère Houriya Mint Abeid.
Demi-frères Smacides, les Ewlad Ibni s’installèrent au XVIIéme siècle à Kanaoil .Ils le transformèrent rapidement en une féerique oasis tant enviée que convoitée. Aussi, les Emirs Adrar d’antan, ne cherchèrent pas midi à quatorze heures. Ils décidèrent de faire de ce paradis terrestre, leur chasse gardée et résidence estivale. Tous les ans, de juin à Août, le campement Emiral ou Hilla débarque à Kanaoil et y passe la Guetna (cueillette des dattes). Bientôt, se rassemblèrent autour des Ewlad Ibni, de nombreuses familles qui, descendants des anciennes populations d’Azougui ; Qui, venues dans le sillage de l’Emirat ; Qui, fuyant les guerres et faim dans d’autres régions ; Qui, transfuges ou égarées de route. Tout ce monde constitua l’ensemble tribal TEYZEGA. Disposant d’habitat convenable, d’une grande Zriba de palmiers, d’un cheptel suffisant d’ovins et caprins, la famille Aamer entoura ses enfants d’une attention particulière. Comme ses frères, Mohamed vécut une enfance relativement équilibrée au cours de laquelle, il apprit par cœur, auprès de l’unique marabout du quartier, quelques versets de Coran.
Ould Khayar devint incontournable !
Vers 1.942, il accompagna son grand frère Mohamed El Id à .Akjoujt. Ils commencèrent ensemble par vendre du bétail (Teyvaya ou courtiers) et divers commerces pour les Européens venus découvrir puis exploiter la mine de cuivre de Moughrein. En 1946, le destin les conduit à Nouakchott qui ne comptait en ce moment qu’une trentaine d’habitants. L’eau potable lui parvenait par citerne de Rosso. Les deux frères furent parmi les premiers à construire des logements en dur dans cette sebkha hostile, déserte à perte de vue et entourée de gigantesques dunes, parsemées de cram-cram et virnanes. Ils ouvrirent les portes de leur modeste habitat à tous les visiteurs, en transit vers ou en provenance de Saint Louis, Akjoujt ou Atar. Au fil du temps, la popularité de Mohamed grandissait. Grâce à son hospitalité, sa disponibilité, son esprit d’ouverture, il devenait presque incontournable, aussi bien pour les administrateurs coloniaux qui passaient par son intermédiaire pour plusieurs services, que pour ses compatriotes, qu’il recevait à bras ouvert et facilitait leur mission. Son petit commerce se développait peu à peu.
Un militant engagé.
Dés la création du parti progressiste Mauritanien (UPM), lors du congrès de Kiffa en 1948, Ould Khayar se distingua militant actif. Il brilla par son sens de mobilisation des populations, lors des élections successives : Législatives de 1951 et 1956 où Moctar N’Diaye (UPM) l’emportait par deux fois devant Horma Ould Bebana (Entente) ; Ensuite, lorsqu’il fallait se prononcer par referendum soit, pour l’indépendance, soit le statut d’Etat autonome. Le OUI passait haut la main (94,2%) ; Puis, en mars 1957, quand l’UPM gagnait les élections à l’Assemblée territoriale par la suite desquelles « le candidat » de Khayar, Maître Mokhtar Ould Daddah était élu Conseiller en Adrar pour Chinguetti puis le 20 mai, Vice-président du Conseil du Territoire. Khayar était prés de Moctar, quand il lançait son premier appel historique à ses compatriotes, ce même mois de Mai à partir d’Atar : « Faisons ensemble la patrie Mauritanienne ».O ! K ! YAKA ! C’est parti !

La Mauritanie en route !

Khayar faisait partie de ceux qui, auprès de Moctar préparaient –pour une meilleure prise en main des destinées du pays-la création du Parti du Regroupement Mauritanien (PRM). Ils réussirent le 2 Mai 1958, lors du congrès d’Aleg à faire fusionner L’UPM et l’Entente et recommencèrent le même scénario en 1961 avec le Parti du Peuple Mauritanie (PPM) dans lequel, partis, syndicats et mouvements sont intégrés. Le 28 Novembre 1960, L’indépendance de la République Islamique de Mauritanie était proclamée et fêtée en grande pompe, grâce, en grande partie, à l’engagement patriotique de Ould Aemer Ould Khayar (préparation matérielle, tentes, hangars, mobilisation des cavaliers, chameliers, troupes folkloriques, écoliers etc.). Pendant la période du transfert des services de l’Administration de Saint Louis vers Nouakchott, Khayar jouait en fait, sans l’être institutionnellement, le rôle de véritable Maire de Nouakchott (projet), Il initiait la construction des médinas, réglait les problèmes fonciers, organisait l’approvisionnement en eau, hébergeait et transportait les hotes, facilitait les communications et surtout drainait les différentes communautés ethniques Nouakchottoises, qu’il connaissait parfaitement, pour l’accomplissement de toutes les actions et cérémonies populaires. Le 30 juin 1963 Mohamed Ould Khayar était élu 1er magistrat de la toute nouvelle capitale du pays. Après l’indépendance, Mohamed Ould Khayar a assuré, en plus de son rôle de maire de Nouakchott, plusieurs responsabilités, surtout à la tête du PPM dont il était le secrétaire fédéral pour Nouakchott. Lui et toute l’équipe de Moctar avaient continué à servir leur pays, avec autant d’abnégation, jusqu’à ce que le 10 Juillet 1978, d’autres Mauritaniens jugèrent unilatéralement, être capables d’assurer la relève.
Ould Khayar en privé !
Mohamed aimait se chausser galamment de babouches blanches ou jaunes ;Enrouler soigneusement un grand turban blanc ou bleu sur la tête et se draper superbement d’un Kaftan Mouritane (courtes manches et sans col) , un Sirwal bouffant et un joli boubou toujours neuf. Il avait un goût particulier pour les parfums ainsi que le tabac trempé dans l’ambre liquide et tamisé finement. Il savait le pincer sensuellement entre le pouce et l’index, avant de le snifer fièrement. Au cours de ses séjours de repos à Atar, Mohamed passait le plus de son temps à Kanawal et Kseir Torchane, dans lesquels il s’exerçait, tous les après midi, au tir à la cible ou au jeu de Dhamet sur sable. Il ne pouvait cependant manquer, chaque matin, l’assemblée de ses amis à Lebreiza. Là , il retrouvait la diversité Adraroise dans toutes ses richesses au travers des Ould : Lekhal, Atigh,Idrissa,Yedaly, Beyrouk,Christophe,Lebiadh,Jiyed,Sall,Abass,N’Ghaimich,Chandhoura,Berrou, Moulaye Ely,Ghailany, Abidine,Diouly,Hamony,Tebakh,Boutervaya,Kabach et autres. Tous, échangeaient dignement et respectueusement, taquineries, insinuations verbales, sagesse, civisme, amour pour la patrie et boutades autour du thé, grillade de brochettes et pain croustillant rouge, que seul savait préparer savamment et distribuer sympathiquement maître Kaza Ould Beydiya.
Comme tous les hommes respectables, Ould Khayar avait droit à des louanges et expressions de reconnaissance de la part de certains poètes et surtout les Zouaya de Guebla, pour ce qu’il faisait de bien à eux, aux pauvres et nécessiteux. Khayar était de la Djemaa, lorsque l’érudit Bouddah Ould El Boussairy prenait le flambeau de l’Imamat de la mosquée principale de Nouakchott
En tant qu’homme public, on lui attribuait des anecdotes parfois…. invraisemblables. Mais c’est de bonne guerre que les Kadihines (mouvement Marxiste-Léniniste) et soixante huitards disaient de lui, pour baisser sa cote de popularité et insinuer qu’il n’est pas instruit: « En s’adressant aux Coréens en visite à Nouakchott, Monsieur le Maire demanda à l’interprète de traduire : Messieurs les Chinois… Son collaborateur, lui souffla à l’oreille qu’il s’agit de Coréens et non de Chinois. Khayar sans hésiter, rétorqua : Ecoute ! Tous sont pareils, petits yeux, tête ronde. Tout ça c’est l’Afrique ».
D’ailleurs, les démêlés du secrétaire fédéral du PPM avec les Kadihines sont intarissables d’anecdotes. Lorsque les contestataires intensifiaient en 70-71 les graffitis sur les bâtiments publics et que les agents de la commune n’arrivaient plus à gratter les murs et les repeindre de nouveau, Mohamed ordonna à ses collaborateurs : « Quand ces égarés écrivent : De l’eau, du pain pour les masses. Ecrivez en dessous : MEY NEU (Nous refusons). Ils finiront bien par comprendre que l’Etat est le plus fort » !
Décédé en 1986, Khayar a laissé après lui, quatre filles et un fils unique.
Puissent les cadres et Maires d’aujourd’hui, très instruits, propulsés à leur poste par de grands ensembles tribaux, disposant de moyens énormes, bénéficiant des progrès technologiques, ne gérant que des communes à population limitée, tirer leçon et exemple de El Marhoum Mohamed Ould Khayar . Que Dieu nous joigne à lui en première classe El Virdewss , au sein du Paradis : Allahouma Amine !
Ely Salem Khayar/Adrar.Info

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