vendredi 12 novembre 2010

Au nom de la république : ' La République Islamique de Nouakchott'.




Saviez-vous qu’il est mille fois plus parcours de combattant à un fonctionnaire de la Mauritanie de se faire affecter en République Islamique de Nouakchott qu’à un émigré clando d’entrer en Europe ? Reprenons.

« Nouakchott » et « Mauritanie » : voici deux pays distincts, deux réalités diamétralement opposés, mais que langues de bois et autres hypocrites (toujours prompts à nommer le chat par un autre nom que celui de chat) considèrent comme un pays et sa capitale.

Mettez Nouakchott, et dans une très large mesure, Nouadhibou de côté, et vous vous retrouvez dans une prétendue république qui, en cinquante années d’existence, a été proprement incapable de bâtir une ville digne de ce nom.

D’emblée, pour pouvoir bien manger, bien boire, (donc bien roter), bien se faire soigner, bien s’instruire, bien se faire entendre, une seule et unique adresse : Nouakchott. A deux portées de flèche de là, les populations, teint couleur cendre, vivent encore les années 70, et à un jet de pierre de ces laissés pour compte, c’est carrément le Moyen-âge. Et c’est à peine que la voix de l’autorité centrale y parvient en faible écho!

La complicité qui existe entre Nouakchott et le nouakchottois n’est égale qu’à celle qu’entretient un mafioso avec ses activités louches. Nouakchott c’est « Puisque j’y suis, j’y reste ! ». Un fonctionnaire muté hors de Nouakchott se sent banni, et le voilà qui traîne des pieds, qui prend le ciel à témoin, qui se demande ce qu’il lui arrive, et pour peu, il se mettrait à verser autant de larmes qu’un émigré clando que les flics français tenteraient de faire embarquer de force à bord quelque cargo.

D’ailleurs, très souvent, les autorités elles-mêmes y regardent par deux fois (de peur de s’attirer quelque courroux) avant d’oser déloger un fonctionnaire pour l’envoyer en « Mauritanie ». Bien pire, nous avons même vu des fonctionnaires qui menaçait de démissionner si jamais leur ministère s’amusait à les envoyer en « Mauritanie », paraît-il, « un trou perdu » !... Et à propos de trou perdu : en connaissez-vous un qui ne soit ni perdu ni caché ? Moi, non !

Parenthèse : Bien des chantiers ont été initiés par le Général Moustachu, sauf un seul, le seul qui aurait dû servir de socle à tous les autres : la restauration (au sens strict du terme) de l’autorité de l’Etat dans l’imaginaire, le rêve ou fantasme de chaque mauritanien. Voilà pourquoi, j’en mettrais ma main au feu, tout ce qui a été bâti jusqu’à ce jour ne repose sur rien de bien concret. Le temps nous le dira. Mais d’ici là, allez donc jeter un œil sur la nouvelle bretelle Polyclinique / Camp des gardes. Je ferme.

Dans un désert aussi désertique que le nôtre, vouloir, par le truchement d’un reboisement massif, faire de Nouakchott une oasis, c’est assurément vouloir aussi aspirer les populations de l’intérieur vers la côte. En somme, vider le reste du pays, déjà fort anémié, du peu de sang qui lui reste. Et paradoxe des paradoxes : pendant que l’on reboise Nouakchott, les maigres forêts de la Mauritanie sont fauchées, justement pour gaver le premier en charbon. Et pourtant…

Était-il impossible à chaque préfet ou chaque chef d’arrondissement, voire même chaque établissement scolaire, d’exécuter le même geste et au même moment que le Général, reboisant Nouakchott? Mais voilà, comme depuis toujours, rien que pour les nouakchottois, et tout pour les nouakchottois ! Les mauritaniens, débrouillez-vous !

Mais au fait, chers nouakchottois. D’où vous viendront les dunes dont vous comptez si énergiquement vous défendre ? Compte tenu de votre posture (géographique), ne croyez-vous pas qu’il aurait été plus sage de chercher à vous défendre d’abord de la mer que du désert ?

En tous cas moi, à votre place, j’aurais compris tout seul (comme un grand) qu’on attaque et accule mieux un mal quand on le contraint en amont. Mais vous, comme je vous connais, habitués à croquer des paracétamols comme des cacahuètes, ce n’est pas guérir qui vous intéresse. Mais apaiser vos maux. Encore une illusion. Mais c’est un choix de vie que je respecte.



Source :
Cheikh-TijaneBathily

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