mardi 7 septembre 2010

Menace d’expropriation foncière à Nouadhibou: 'La loi a prévu deux ans comme délai de mise en valeur des attributions'.



Depuis quelques jours, l’activité de délimitation physique de parcelles de terrains a repris à une vitesse exponentielle. A l’origine de cette frénésie, une menace du Hakem de la moughatta de Nouadhibou de faire appliquer les textes régissant les concessions foncières provisoires. «La loi a prévu deux ans comme délai de mise en valeur des attributions» rappelle le Hakem de Nouadhibou. Aux grands maux, les grands moyens.

Activation de textes existants, lutte contre la spéculation foncière et les dépotoirs d’ordures improvisés dans ces espaces abandonnés et parer aux conflits domaniaux liés aux attributions multiples…

Ce sont entre autres, les raisons invoquées par le Hakem de la moughatta, Mohamed Ould MKhaittir, pour prévenir les « citoyens qui possèdent des permis d’occuper sur des parcelles dans la moughatta et qui ne les ont pas encore mises en valeur».

La sanction sera lourde avertit encore le Hakem dans un communiqué largement diffusé par les canaux usuels (affichage, radio…). En effet, et selon le communiqué rendu public, fin août 2010, en cas d’«inobservation des textes réglementaires en matière de législation foncière et domaniale», entendez la mise en valeur prévue dans toutes les attributions foncières, notamment à usage d’habitation, L’Etat s’arrogerait le droit et après une période de 60 jours, après la publicité du communiqué du Hakem, d’annuler l’attribution en question.

Après le succès du recasement, une velléité d’assainissement.

La menace d’expropriation a convaincu les propriétaires de parcelles terrains présents à Nouadhibou à s’exécuter. Les autorités régionales actuelles ont, non seulement, hérité d’une situation chaotique liée aux distributions foncières précédentes, mais elles continuent, encore aujourd’hui, d’en assumer les conséquences dans les difficultés d’assainissement de la ville.

En effet, parmi ces milliers de parcelles normalement attribuées, sont le plus souvent abandonnées au gré du temps. Une spéculation foncière qui a également eu ses implications sur la propreté de la ville. Beaucoup de ces parcelles appartiendraient à des hommes et des femmes qui n’ont parfois jamais vu la ville de Nouadhibou et qui n’ont jamais voulu investir le moindre rotin pour la mise en valeur des concessions. Dans tous les quartiers de la ville notamment dans les plus récents quartiers des «Nimrwatt», des dizaines voire des centaines de lopins de terre sont transformés par l’incivisme des gens en dépotoir d’ordures.

Ces espaces considérés comme attribués à des citoyens de la ville sont restés des terrains vagues que certains n’hésitent pas à transformer à leur guise…

N’y a-t-il pas un risque de léser certains ménages pauvres ?

De toute évidence, la règlementation donne raison au Hakem quant au respect des délais impartis pour la mise en œuvre. Seulement, certains ménages, à revenu modeste ne peuvent objectivement pas respecter la consigne des 60 jours. Sans beaucoup de moyens et à l’issue du mois béni du ramadan, leurs maigres économies (s’ils peuvent en faire) ne pourraient leur permettre de construire un pourtour en muraille qui leur coûterait les yeux de la tête.

L’administration territoriale gagnerait donc à faire la part entre les hommes riches qui «laissent en l’état » les attributions foncières à titre spécifiquement spéculatif, et les masses des citoyens qui voudraient bien d’un toit mais qu’elles ne peuvent construire en soixante jours. Et là a toujours résidé la différence entre les citoyens de cette même cité : une oligarchie compradore qui ne se prive de rien et une majorité laborieuse qui croit encore en la justice sociale promise par son président, Mohamed Ould Abdelaziz.

Jedna Deida

Envoyé spécial à Nouadhibou

Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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