lundi 5 juillet 2010

Noudhibou : Mise à l’épreuve d’un hakem ?! :




Le conseil des ministres de jeudi dernier a pris quelques mesures individuelles au niveau de l’administration territoriale. Ainsi, Mohamed Ould Mohamedou Ould Mkheitir, précédemment hakem de Boghé, quitte cette ville pour la capitale économique où il remplace Bal Mamadou.

Ce dernier n’a été muté nulle part. Raison pour laquelle les conjectures vont bon train. Même si on ne peut en présager, la mise à l’écart de l’ex hakem de Nouadhibou ressemble fort bien à une sanction. Que lui reproche t-on ? Mystère pour l’instant !

Quant à Ould Mkhaïtir, l’ex hakem de Boghé qui avait défrayé la chronique il y a quelques temps dans cette ville, il aurait eu trop de démêlées dans le traitement des affaires foncières de la moughataa et plus particulièrement dans l’arrondissement de Dar El Barka, au point de mettre les populations sur leurs gongs pour protester pacifiquement, par voie de sit in, contre les attributions illégales de leurs terres de culture sans même leur laisser d’espace vital.

En effet, on s’en rappelle, il n’y a pas longtemps, les notables des villages de Diatar, Donaye, Oulad Mansour, Oulad Seyyid, Koleyla, Tessem, Mbeydia et Rassil Kara organisaient un sit-in devant le projet agricole réalisé près du site de Koleyla par l’homme d’affaires Ahmed Ould Hamady en partenariat avec des espagnols.

Rassemblées pour la circonstance, ces personnes entendaient protester contre les expropriations arbitraires dont elles sont victimes depuis les douloureux évènements de 1989. L’étincelle qui a failli mettre le feu aux poudres était survenue une semaine auparavant quand des employés de l’homme d’affaires ont érigé des piquets à proximité du site de rapatriés de Koleyla.

Ce qui avait provoqué l’ire des populations de ce site mais aussi celles de Oulad Seyyid et des Oulad Mansour qui ont tenté d’arracher ces piquets de délimitation. Un chauffeur avait alors tiré un coup de feu en l’air pour intimider les manifestants.

L’intervention rapide des éléments de la brigade de gendarmerie de Dar El Barka avait alors permis un retour au calme. Face à l’inertie et à l’indifférence des autorités administratives locales de la moughataa, les populations de l’arrondissement entendaient, à travers ce sit-in, exprimer leur ras-le-bol face au calvaire qu’ils vivent dans leur propre pays.

Il faut dire que l’exemple foncier de la moughataa de Boghé est patent car ici, ce genre d’incidents est fréquent contre des administrateurs agissant au nom de la loi sur la réforme foncière. Rare parmi les administrateurs ayant géré cette moughataa qui n’ont pas eu les dents longues pour s’octroyer 10, 15 20 ou 30 lots de terrains à chaque lotissement opéré.

Non seulement ils se sont accaparés des terres d’autrui, en plus ils les ont souvent octroyés à d’autres, qui n’y ont jamais posé les pieds mais y détiennent des permis d’occuper distribués à la volée sans aucune raison.

Mohamed Brahim Ould Kh’lil ancien hakem de Boghé de la période d’exception, ne s’est-il pas octroyé une latifundiaire dans les environs du lycée technique agricole alors que des autochtones continuent de trimer sans logis ?

Moustapha Ould Maouloud, ancien wali du Brakna durant les années de plomb de Taya, n’a-t-il pas été limogé de son poste pour avoir sauvagement réprimé des paysans dans l’arrondissement de Dar El Barka dont le seul crime fut de s’opposer à leurs expropriations ?

Le député UFP du département de Boghé, Kebbad Ould NDeya, reste un témoin vivant de cette période douloureuse pour avoir été violemment corrigé, ensuite arrêté et déféré par les forces de l’ordre en même temps que les paysans à Aleg, alors qu’il défendait leur cause.

Nouadhibou où le nouveau hakem de la ville atterrit en provenance de Boghé est un véritable chaudron. Entre les populations et l’administration locale rien ne va plus du fait des enjeux fonciers du moment. Saura t-il tirer son épingle du jeu ou s’embourber ? En tout cas son affectation ressemble plus à une mise à l’épreuve qu’à une promotion.

Moussa Diop

www.cridem.org


Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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